Ayant dû quitter la France en 1901, la congrégation s'installe à Londres. À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, deux axes différents s’affirment de part et d’autre de la Manche, le Saint-Siège prononce la séparation en 1947 : la congrégation des « Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre » (abrégée BSCM) en France ; et la congrégation des Adoratrices du Sacré-Cœur de Jésus de Montmartre en Angleterre.
Ces bénédictines ont pour mission une recherche constante de Dieu dans une vie monastique associée à une vie apostolique. Elles sont en effet à la fois « contemplatives cloîtrées et actives de plein vent ».
Fin 2005, les bénédictines de la branche française étaient 105, réparties en dix lieux, tous en France, et celles de Tyburn donc Marble Arch à Londres 72 réparties en neuf lieux à travers le monde.
Mission
Ces bénédictines ont pour mission une recherche constante de Dieu dans une vie monastique associée à une vie apostolique. Elles sont en effet à la fois « contemplatives cloîtrées et actives de plein vent »[JB 1].
Une recherche constante de Dieu dans une vie monastique…
La vie monastique des Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre se définit comme une conversion incessante et s'exprime par les vœux de chasteté, pauvreté et obéissance. Elles désirent être au cœur du Mystère du Christ un signe de la plénitude de vie et de sainteté de l'Église, et se dévouer à la croissance du Royaume et pour cela être transfigurées dans tout leur être par la charité du Christ.
…associée à une vie apostolique.
La vocation des Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre à la vie apostolique jaillit de leur vie monastique : l'animation spirituelle et matérielle des lieux de prière. Leurs prieurés traduisent le besoin de nos contemporains de se retrouver dans le silence, la prière, le ressourcement spirituel et la rencontre fraternelle. Portant souvent de lourds problèmes, ils espèrent réconfort et réponse à leur besoin d'absolu. Ils peuvent, s'ils le veulent, trouver un accompagnement spirituel ; particulièrement les jeunes qui souvent cherchent le sens de leur vie.
Histoire
Origines
En 1872, Adèle Garnier (1838-1924 à Londres), institutrice au château de l'Aulne-Montgenard à Martigné-sur-Mayenne[a] lit un article parlant de projet de construction de la future basilique du Sacré-Cœur de Montmartre et entend alors de la part de Dieu : « C'est là que Je te veux ! ». Adèle Garnier avait eu des visions intérieures du Christ à partir de 1862. En 1869, elle « voit » le Christ dans une grande hostie : le Christ lui demande de prier, expier, souffrir pour la France. En 1873, elle « voit » une église byzantine blanche, avec des dômes ; la basilique du Sacré-Cœur n'est alors qu'un projet. En 1874, Adèle Garnier a la révélation de l'adoration perpétuelle à Montmartre. Elle en parle à l'archevêque de Paris, Joseph Hippolyte Guibert qui s'occupait de faire construire la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. En 1885, cette adoration 24h/24 est établie dans la basilique[1].
En , Adèle Garnier s'installe avec trois compagnes rue du Mont-Cenis, près de la basilique en construction[2].
La fondation de Montmartre
Le [JB 2], la mission reçue s'accomplit : la communauté religieuse, née pour la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, est fondée par Adèle Garnier, par le père dominicain Francis Balme et le père Jean Baptiste Lemius. L'acte de fondation est reçu par l'archevêque de Paris, le cardinal François Richard de La Vergne. La première communauté s'installe cité du Sacré-Cœur. Adèle Garnier prend en religion le nom de Mère Marie de Saint-Pierre. La congrégation est érigée canoniquement par l'Église. Le nombre de religieuses augmentant, elles s'installent rue du Chevalier-de-La-Barre, grâce à une aide financière des Pères Chartreux[2].
En quittant Montmartre, la fondatrice déclare « Nous reviendrons au grand jour comme des filles grandies qui ont place au foyer »[JB 2]. Toutefois, mère Adèle Garnier ne verra pas de son vivant l'accomplissement de ce vœu. Elle meurt le à Londres, où elle est inhumée. Un procès en canonisation est en cours[réf. nécessaire].
En 1930, la congrégation devient de droit pontifical. En 1944, elle comprend 70 sœurs de huit nationalités différentes[JB 3].
Séparation en deux branches autonomes
Petit à petit, les Bénédictines du Sacré-Cœur s'enracinent à Londres, même si certaines aspirent à revenir au Sacré-Cœur de Montmartre. Au milieu du XXe siècle, l'élection d'une mère générale britannique provoque une scission. Le Saint-Siège prononce la séparation en 1947 : la congrégation des « Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre » (abrégée BSCM)[4] en France ; et la congrégation des « Adorers of the Sacred Heart of Jesus of Montmartre » (abrégée OSB)[5], en Angleterre[3],[6]. Une part importante de bénédictines d'origine française décident alors de revenir en France. C'est le début d'une nouvelle communauté. À la suite du concile Vatican II, avec l’aide du père Marie-Joseph Le Guillou, op, elles révisent leurs constitutions. Celles-ci sont approuvées par le Saint-Siège en 1983. Les BSCM adoptent également un costume religieux qui les distingue de la congrégation restée à Tyburn.
À la demande de Maxime Charles, recteur de la basilique, le cardinalMaurice Feltin érige le un nouveau prieuré au 13, rue Becquerel, près de la basilique. La messe d'inauguration est célébrée le . La supérieure, mère Madeleine-Marie du Divin Cœur évoque « un Bethléem pour la congrégation qui a désormais retrouvé une place à Montmartre, soixante ans après l'avoir quitté »[JB 4]. Les BSCM y resteront jusqu'en 1977, où elle vivront leur mission de prière et d'accueil. Plusieurs changements interviennent également à cette époque : changement dans les constitutions, le costume, la croix et l'office.
Écouen
En 1962, les BSCM de la communauté de Louvigné-du-Désert s'installent à Écouen, au nord de Sarcelles, alors dans le diocèse de Versailles, afin de faciliter les contacts entre les deux communautés[JB 5].
Ephrem de Montmartre
Les BSCM quittent le 13, rue Becquerel en 1963 et s'installent dans la partie nord de la maison d'accueil. Cette maison avait été baptisée « Ephrem » par Maxime Charles en mémoire du nom de la localité où Jésus s'est retiré avant le séjour à Jérusalem qui allait être le dernier[JB 6]. Mère Marie-Agnès est élue prieure.
En , les trois premières professions perpétuelles marquent un tournant dans la vie de la communauté. Toutes les religieuses de la région parisienne sont invitées à venir s'en réjouir au cours d'une « heure sainte »[JB 7].
En 1969, le chapitre général refond les constitutions (qui seront datées du ), change la croix, élit mère Marie-Agnès prieure générale.
Le prieuré du sanctuaire Notre-Dame de Marienthal est fondé en 1970[7] en Alsace (commune de Haguenau), à la demande de Léon-Arthur Elchinger, évêque de Strasbourg. Fin 2023, le diocèse exprime « sa grande gratitude aux Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre pour leur présence continue et leur apostolat depuis 53 ans » et déclare « nécessaire de faire une pause dans la présence des Sœurs à Marienthal »[8].
Jérusalem
En 1972, la congrégation signe à Rome un contrat pour trois ans pour l'animation du centre Notre-Dame à Jérusalem[réf. nécessaire].
Blaru
Le est posée la première pierre du prieuré de Blaru, dans les Yvelines.
En , le père Marie-Joseph Le Guillou o. p.[9] vient prêcher la retraite annuelle, traditionnellement prêchée par Maxime Charles, recteur de la basilique. Sa théologie et sa spiritualité enthousiasment les religieuses. Dès lors, il entre en communion profonde avec les valeurs de la congrégation, et aide le Chapitre général à structurer théologiquement et spirituellement les constitutions.
À l'occasion du 75e anniversaire de la fondation de la congrégation, le , la chapelle du prieuré de Blaru est bénie. Le prieuré d'Écouen est fermé et les religieuses âgées s'installent à Blaru où elles rejoignent les novices. Le prieuré est baptisé Béthanie, du nom de la localité à trois kilomètres à l'est de Jérusalem où vivaient Marthe, Marie et Lazare, les amis de Jésus[JB 9].
Mont Roland
Les BSCM quittent Jérusalem et fondent en 1975 un prieuré à Mont Roland, sanctuaire marial près de Dole dans le Jura.
En , les nouvelles professions perpétuelles sont reçues par le cardinal François Marty, mère Marie-Agnès est réélue pour six ans.
Départ à Blaru
Compte tenu des difficultés croissantes[Lesquelles ?] dans la collaboration avec les chapelains et le recteur de la basilique, estimant qu'elles ne répondaient plus à ce que Maxime Charles attendait d'elles, les BSCM quittent Montmartre le [JB 10].
Elles se retirent à Blaru où s'est installé le père Marie-Joseph Le Guillou, la maison Béthanie étant devenue pour lui, lors de sa convalescence, un havre de paix. Théologien nommé par la Congrégation des religieux pour participer aux chapitres généraux, le père Le Guillou participe à la restructuration des constitutions qui sont approuvées en 1983 par le cardinal Eduardo Francisco Pironio[JB 11].
En 1984, les filles du Cœur de Marie, de l'ordre des Dominicaines, ferment leur maison de la cité du Sacré-Cœur à Montmartre, faute de vocations, alors que les BSCM en accueillent sans cesse : elles sont, en effet, une cinquantaine avec les postulantes et les novices[JB 12].
Avec l'autorisation du cardinal Jean-Marie Lustiger et avec l'aide bienveillante de sœur Mechtilde, responsable de l'économat des Dominicaines de la Présentation (rue de Vaugirard), elles s'installent, dans l'ancien couvent des Dominicaines, cité du Sacré-Cœur, à deux pas de la basilique, où elles fondent le prieuré Saint-Benoît. Elles organisent de multiples activités pour les enfants, les adolescents, les jeunes et les foyers. Leur dynamisme débordant est remarqué autant par Guy Gaucher qui vient y prêcher la retraite annuelle, par leurs voisins qui les admirent « jouant dans leur jardin comme des petites filles » que par le Premier ministre, Alain Juppé sensible à leur « charme spirituel » lorsqu'il leur rend visite : « Ce qui me frappe et même me bouleverse chez ces femmes, c'est d'abord le sourire, la joie qui irradie vraiment leurs visages. Et puis aussi leur curiosité »[13]. Jusqu'en 1995, la cérémonie annuelle durant laquelle ont lieu les professions solennelles se déroule à la cathédrale Notre-Dame de Paris.
En 1985, les Dominicaines quittent à leur tour la cité du Sacré-Cœur. Les BSCM achètent alors leur maison et y établissent la maison-mère et le noviciat sous le patronage de sainte Scolastique.
Notre-Dame-des-Victoires
Le prieuré Notre-Dame des Victoires à Paris est fondé en 1992, à la demande du cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris[14].
En 1995, le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris nomme le père Patrick Chauvet, douzième responsable du Sacré-Cœur depuis 1876[JB 13] et demande en même temps à la congrégation de participer à l'animation spirituelle et matérielle de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. L'annonce du faire-part est claire : « le , au cours de l'Eucharistie à 11 heures, sous la présidence du cardinal Lustiger, André Vingt-Trois installera le père Patrick Chauvet recteur du Sacré-Cœur et une communauté de bénédictines au service de la Basilique »[JB 14].
Le nouveau recteur et la congrégation sont ainsi chargés d'une nouvelle étape de la vie de la basilique du Sacré-Cœur[JB 15]. Dès lors, la congrégation participe aux animations et en particulier anime l'adoration perpétuelle[15]. Les quatre ans du rectorat du père Patrick Chauvet vont permettre à la congrégation de prendre en main la basilique grâce à un « bras ecclésiastique » qui vit dans la « communion des charismes » un rapport nouveau entre les religieuses et les prêtres du sanctuaire. Cette « fin de siècle » connaît là une initiative significative qui fait écho à celle du cardinal Richard, du père Lemius et d'Adèle Garnier en 1898. De l'une à l'autre, la basilique de Montmartre a adapté sa vocation, à la fois nationale et universelle. Elles portent aux quatre coins de la France et du monde, depuis Paris et Londres, le message du Sacré-Cœur 1900 actualisé au seuil de l'an 2000[JB 16].
C'est ainsi que depuis 1995, au milieu de plus de dix millions de visiteurs annuels, seize sœurs adorent le Saint Sacrement, chantent quatre offices dans la journée, et s’occupent de la maison d’accueil de la basilique où sont reçus les adorateurs de la nuit et les retraitants[16].
Le , la congrégation fête le centenaire de sa fondation. Le cardinal Lustiger préside la cérémonie au cours de laquelle ont lieu huit professions temporaires, six professions perpétuelles et trois jubilés d'argent[JB 17],[17].
La Sainte-Baume
À la demande de Joseph Madec, évêque de Fréjus et Toulon[18], la congrégation fonde en 1998 une communauté à la Sainte-Baume en Provence[19]. Après dix années au service de l’hôtellerie, les BSCM laissent la gestion des lieux aux frères dominicains de la Province de Toulouse à partir du mois de [20].
Saint-Martin-de-Tours
En 2000, est fondée une communauté à la basilique Saint-Martin de Tours à la demande de André Vingt-Trois, archevêque de l'archidiocèse de Tours. Les BSCM sont installées près de la basilique Saint-Martin, De 2004 à 2006, les sœurs animeront aussi la vie de prière de l'Oratoire de la Sainte-Face[21].
Mère Madeleine-Marie du Divin Cœur, supérieure, meurt le . En 1981, mère Marie-Agnès est réélue pour six ans[JB 11]. Le père Marie-Joseph Le Guillou meurt à Blaru le . Le , mère Marie-Vianney est élue prieure générale et mère Marie-Agnès est assistante générale[JB 18]. En 2004, mère Irène-Marie est élue prieure générale, sœur Marie-Jean est assistante générale. En 2010, mère Irène-Marie est élue prieure générale pour un second mandat, sœur Adèle-Marie est assistante générale. Mère Marie-Agnès, née Françoise Jullien[JB 19] meurt le samedi [29].
Dysfonctionnements
Une visite apostolique est diligentée et un rapport est remis au Vatican en 2013, à la suite de graves difficultés. Ce rapport met en lumière d'importants dysfonctionnements, tel qu'un manque de discernement de certaines jeunes filles accueillies au sein de la communauté[réf. nécessaire]. À compter de ce rapport, Philippe Gueneley est nommé « commissaire apostolique », et de nombreux changements ont lieu au sein de la congrégation[30].
Le , dans un communiqué de la prieure générale et du conseil général, publié sur le site de la congrégation[33], les sœurs et plusieurs anciennes religieuses dénoncent « un système d’emprise, aux conséquences graves et durables, mis en place sur plusieurs décennies par l’autorité de l’époque », ce qui viserait en particulier une ancienne prieure générale. Une commission indépendante et pluridisciplinaire sera chargée d'établir le détail de ces mauvais traitements et des personnes qui en ont été victimes[34]
Implantation géographique en 2024
Fin 2005, les Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre de la branche française étaient 105, réparties en dix lieux tous en France[4].
Maison Ephrem, 35 rue du Chevalier-de-La-Barre près de la basilique (H). Cette maison d'accueil est notamment utilisée de nuit pour permettre aux personnes qui assurent l'adoration perpétuelle de se reposer[37].
Le prieuré de Béthanie (H) est une maison de retraites spirituelles des Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre[39],[40],[41]
Cité du Sacré-Cœur.
Au no 3, cité du Sacré-Cœur.
Le chœur de la chapelle de la cité du Sacré-Cœur.
Des bénédictines dans la chapelle de la cité du Sacré-Cœur.
Discographie
Les Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre ont enregistré plusieurs disques[42] :
1997 - Chantons avec toute l'Église (20 chants écrits par sœur Marie Agnès et composés par Philippe Robert)
1997 - Marie, Mère de la Vie (18 chants écrits par sœur Marie Agnès et composés par Philippe Robert)
2007 - Le chant au Bien-Aimé (8 chants a capella écrits par sœur Marie Agnès et composés par Philippe Robert)
2007 - L'annonce de la foi dans la joie (9 chants monastiques composés par Grégoire François-Dainville)
2007 - Vivre avec Toi Seigneur (8 chants écrits par Philippe Robert)
2007 - Attire-nous à Toi Seigneur (10 chants composés par Philippe Robert)
2008 - Aimons-nous les uns les autres (10 chants écrits par sœur Marie Agnès et composés par Philippe Robert)
2009 - La source de la vie (18 chants liturgiques écrits par sœur Marie Agnès et composés par Philippe Robert, membre de la Commission interdiocésaine de pastorale liturgique)
2011 - Soyons dans la joie (13 chants liturgiques écrits par sœur Marie Agnès, composition Patrick Nebbula et Philippe Robert, direction de chœur et orgue François Polgár).
↑Au cours de la célébration de leur Chapitre général du 1er au 15 octobre 2020, les Bénédictines du Sacré Cœur de Montmartre — sous la présidence de monseigneur Michel Aupetit et en présence de monseigneur Philippe Gueneley, commissaire apostolique — ont élu pour 6 ans leur nouvelle prieure générale : sœur Marie Elie Hancock, et leurs conseillères : sœur Marie Noël Wilhelm (assistante générale), sœur Marie Agathe de Chalain, sœur Marie Kornelia Mannhart, sœur Marie Donatienne Anquetil, sœur Marie Jérémie Rorthais.
↑ a et bPère François Touvet, Les Adoratrices du Sacré-Cœur de Jésus de Montmartre, osb, Service de l’information et de la communication du diocèse de Langres, 29 septembre 2013, [lire en ligne].
↑ a et bAnnuaire pontifical pour l'année 2007, Librairie du Vatican, 2007, p. 1538, (ISBN978-88-209-7908-9).
↑Annuaire pontifical pour l'année 2007, Librairie du Vatican, 2007, p. 1684, (ISBN978-88-209-7908-9).
↑Plaquette de la congrégation, janvier 2014, [lire en ligne].