René Mayer fut nommé unanimement[1] président de la Haute Autorité par les ministres des Affaires étrangères des Six le 1er juin 1955 à la conférence de Messine[2] après que Jean Monnet a indiqué ne pas vouloir renouveler son mandat[3].
La nomination de René Mayer constitue un acte politique, notamment pour la France, qui ne souhaitait pas renouveler Jean Monnet tout en rassurant les partenaires de la France de son engagement européen[4]. En effet, le gouvernement français était alors mené par Pierre Mendès France, dont certains ministres gaullistes s'opposaient à Jean Monnet, notamment après le rejet, le 30 juin 1954, du traité instituant la Communauté européenne de défense qu'ils jugeaient trop supranational[4]. Dans ce contexte, la France avait proposé la nomination de Mayer et, en second choix, Jean-Marie Louvel[1].
En dépit du fait que Mayer avait été proposé car il était pro-Européen, ce qui rassurait les autres États membres, l'Allemagne représentée par Walter Hallstein, craignait que a France n'occupe en permanence la présidence de la Haute Autorité[1]. Ceci fut surmonté par le communiqué final indiquant les règles futures de la nomination[1] :
aucun État membre ne peut occuper un poste au sein de l'administration de la CECA de manière permanente ;
le constat qu'il n'est pas possible d'établir un régime de roulement ;
le fait que la personne sélectionnée, sans considération de nationalité, doit être la plus qualifiée.
Pierre Gerbet, « René Mayer, président de la Haute Autorité de la Communauté européenne du charbon et de l'acier », Revue d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale et des conflits contemporains, Presses universitaires de France, no 141, , p. 95-110 (lire en ligne)
Notes 1 CEE et Euratom ne sont créées qu'en 1958. 2 Chaque structure reste indépendantes, seuls les exécutifs sont communs à la suite du traité de Bruxelles. 3 La dissolution de la CEE est actée en 1993, celle de la CECA est opérée en 2002. La Communauté européenne (CE) est créée en 1993.