Jernej Kopitar (1780–1844), érudit slovène et panslave, est généralement considéré comme un pionnier de l’austroslavisme. Au début du XIXe siècle, il avait organisé un cénacle d’érudits, surtout serbo-croates, pour recueillir les « antiquités slaves ». Kopitar et ses émules furent les fondateurs de l’histoire de la littérature slave, qui dans leur esprit permettait de structurer une renaissance culturelle slave dans la monarchie des Habsbourg[1].
Rendu public en 1905, le projet de Heinrich Hanau aurait ajouté à l’Autriche un troisième état Sud-Slave englobant les actuelles Slovénie, Croatie et Bosnie-Herzégovine, et aurait réuni en une même entité la Galicie, la Bucovine et la Hongrie, regroupant ainsi tous les Ukrainiens et les Roumains de l’Empire, mais réduisant à environ 36 % la proportion des Magyars dans cette entité. Les aristocratesautrichiens et surtout magyars s’opposèrent très fermement à l’austroslavisme et aux autres mouvements visant à fédéraliser et démocratiser l’Autriche-Hongrie, qui auraient inévitablement limité leur domination et mis fin au projet politique des nobles magyars, lesquels, en 1910, comptaient environ 9 000 familles dominantes au Parlement (372 représentants sur 453 députés[9]) et possédant un tiers des terres du Royaume[10]. Leur projet visait à construire, par un ensemble de mesures coercitives visant à assimiler et magyariser les autres langues et cultures des pays de la Couronne de saint Étienne (où les Magyars étaient 47 % de la population), un État-nation strictement hongrois, et catholique ou protestant, dont la noblesse serait restée l’élite[11].
↑D’après Ingrid Merchiers: Cultural Nationalism in the South Slav Habsburg Lands in the Early Nineteenth Century. The scholarly network of Jernej Kopitar (1780–1844). Sagner, Munich 2007, (ISBN978-3-87690-985-1) (OCLC122260292), pp. 131 et suiv.
↑ a et bBernard Michel, Nations et nationalismes en Europe Centrale : XIXe – XXe siècle, éd. Aubier 1996, (ISBN978-2700722574 et 2700722574).
↑Kamusella Tomasz, Silesia and Central European Nationalisms: The Emergence of National and Ethnic Groups in Prussian Silesia and Austrian Silesia, 1848-1918, Purdue University Press 2006, (ISBN978-1557533715 et 1557533717), p. 101-102.
↑Edi Miloš, « Les Croates dans la Première Guerre mondiale : Une nation à la croisée des chemins » dans Les cahiers Irice n° 13, vol. I, p. 119-128, sur [1].
↑Gyula Csurgai, La Nation et ses territoires en Europe centrale : une approche géopolitique, éd. Peter Lang, Berne 2005, (ISBN978-3039100866 et 3039100866), p. 77.
↑Léon Rousset, article Autriche-Hongrie dans l'« Atlas de géographie moderne » de Fr. Schrader, F. Prudent, E. Anthoine, Hachette 1892, chap. 28, ASIN B004R0AYZK.
↑Edi Miloš, « Les Croates dans la Première Guerre mondiale : une nation à la croisée des chemins », dans Les cahiers Irice n° 13, vol. 1, n° 13, 2015, p. 119 à 128
↑Max Schiavon, L'Autriche-Hongrie la Première Guerre mondiale : la fin d'un empire, Soteca 14-18 Éditions, coll. « Les Nations dans la Grande Guerre », Paris 2011, (ISBN978-2-9163-8559-4), p. 139