Apprécié par ses marins, il était réputé pour être l'un des meilleurs officiers de marine issus de l'aristocratie. On pensait qu'il se conformerait aisément aux désirs du roi, étant lui-même indifférent aux questions de religion, il préférait les plaisirs et les dépenses, et n'avait pas de propriétés privées, ses fonctions (offices et emplois) lui rapportaient 4 000 £ par an, et comptait depuis longtemps parmi les partisans les plus dévoués à Jacques II. Cependant, lorsque le contre-amiral est acculé, et que le roi lui demande de promettre qu'il allait voter pour l'abrogation du Test Act, il répond que son honneur et sa conscience ne lui permettraient pas d'en donner tous les gages. « Personne ne doute de votre honneur », lui répond le Roi, « mais un homme qui vit comme vous le faites ne devrait pas parler de conscience[2]. » À ce reproche royal, qui lui est valut par la disgrâce dans laquelle le tient l'amant de Catherine Sedley, Herbert ose répondre: « J'ai mes torts, sire; mais je pourrais nommer des personnes qui parlent plus de conscience que je n'ai l'habitude de le faire, et qui pourtant mènent des vies aussi libres que moi[3]. » Il est renvoyé de tous ses offices[4]. »
Mais à l'étonnement de Guillaume et de ses ministres - et au soulagement des marins anglais qui le considéraient comme un sacrifié politique - la cour l'acquitte. Il n'eut cependant plus jamais de commandement, et lorsqu'il tenta de regagner son siège à la Chambre des lords, Guillaume refusa de le voir et l'écarta.
Il perd également sa charge de Premier Lord de l'Amirauté. Le fait que Torrington n'ai pas été un commandant populaire, en raison de sa réputation d'alcoolique et de sa prétendue habitude d'emmener plusieurs prostituées avec lui à la mer, est en réalité inexactes[5].
Postérité
En lien avec les combats qu'il mène en 1690 contre les Français, le comte de Torrigton est le premier à utiliser l'expression « Flotte de dissuasion ». Conscient de la supériorité de la marine de Louis XIV, Torrington propose en effet d'éviter tout combat, sauf en cas de conditions très favorables, jusqu'à l'arrivée de renforts. En maintenant sa flotte en puissance dans les ports anglais, il contraignait ainsi les Français à patrouiller dans la Manche et les empêchait ainsi de prendre part à d'autres opérations.
Notes et références
↑John B. Hattendorf, « Herbert, Arthur, earl of Torrington (1648–1716) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, édition en ligne, janvier 2008.
↑En anglais : « Nobody doubts your honour but a man who lives as you do ought not to talk about his conscience. »
↑En anglais : « I have my faults, sir; but I could name people who talk much more about conscience than I am in the habit of doing, and yet lead lives as loose as mine. »
↑(en) Macaulay, Thomas Babington, History of England, 2 vols
↑Van Gent, T. (2000), 17 Zeventiende eeuwse admiralen en hun zeeslagen, Plantijn Casparie Hilversum/Koninklijke Vereniging van Marineofficieren, p. 90; voir Peter Le Fevre (2000) 'Arthur Herbert Earl of Torrington 1648-1716 'A Fine Man… Both in Courage and Conduct' in P. Le Fevre & R Harding Precursors of Nelson British Admirals of the Eighteenth Century