En 1848, il participe au mouvement réformateur qui précède la révolution et harangue Picards et Champenois au fameux banquet des étudiants. Aux élections législatives dans le département de l'Aisne, il est battu par Odilon Barrot.
Il dirige le quotidien populaire La Presse. Baudelaire lui dédie les poèmes en prose du Spleen de Paris mais leur publication dans La Presse en 1862 est néanmoins à l'origine d'une brouille entre les deux hommes. Houssaye, cherchant à obtenir la suppression de certains poèmes qui pouvaient choquer ses lecteurs, en retarde la publication au prétexte que Baudelaire lui envoie des textes dont certains ont déjà été publiés dans des revues. Il en résulta une rupture de contrat qui affecta durement Baudelaire, qui avait alors un besoin impérieux d'argent.
Houssaye devient directeur, en 1866, de la Revue du XIXe siècle. Après 1870, il fonde La Gazette de Paris puis, en 1887, La Revue de Paris et de Saint-Pétersbourg[6], devenue La Grande Revue, Paris et Saint-Pétersbourg, qu'il anime avec Armand Silvestre jusqu'en 1893.
Houssaye a publié de nombreux ouvrages, s'essayant à tous les genres : roman (La Couronne de bluets, Une Pécheresse, La Vertu de Rosine, Les Trois Sœurs, Mademoiselle Mariani, Mademoiselle Rosa) ; théâtre (Les Caprices de la Marquise, La Comédie à la fenêtre, Le Duel à la tour) ; poésie (Les Sentiers perdus, La Poésie dans les bois, La Symphonie de vingt ans, Cent et un sonnets), essais d'histoire de l'art et de critique, souvenirs (Les Confessions)… Il rend avec élégance l'atmosphère de la Régence ou du règne de Louis XV, introduisant un soupçon de sentiment romantique dans l'élégance spirituelle du XVIIIe siècle, qu'il contribua, avec Edmond et Jules de Goncourt, à remettre au goût du jour.
Son livre le plus connu est sans doute son Histoire du quarante-et-unième fauteuil de l'Académie française (1845), qui passe en revue tous les grands écrivains qui n'ont jamais appartenu à l'illustre Compagnie et imagine leurs discours de réception.
Arsène Houssaye ne se porta jamais candidat à l'Académie française, mais son fils, l'historien Henry Houssaye (1848-1911) en fut membre en 1894.
Train de vie
S'étant enrichi grâce à de fructueuses spéculations immobilières, Houssaye habite une propriété située à l'emplacement actuel du 39 avenue de Friedland (8e arrondissement), issue du lotissement du parc Beaujon (1824). Il y loge d'abord dans « un château à trois tours avec un parc orné de fontaines et de grottes, un jardin où couraient les treilles […] un pavillon gothique et un autre chinois »[7]. Dans les vignes du jardin, on célèbre des bacchanales restées célèbres.
Il fait ensuite construire, à la place de ce château, un hôtel de style Renaissance, orné de médaillons d'Auguste Clésinger.
« C'est là, écrit encore André de Fouquières, que se donnèrent tant de redoutes célèbres dont l'une fut, dit-on, l'occasion d'une première rencontre entre Mme de Loynes et l'austère Jules Lemaître. […] Sur le palier de l'étage, […] [se trouvait] la chaise à porteurs où, au cours des folles redoutes de jadis, venaient se cacher pour intriguer leurs cavaliers, les invitées d'Arsène Houssaye, Ferdinand Bac m'a beaucoup parlé des fastes de cette demeure, du faux Raphaël dont l'excellent Arsène était si fier et pour l'achat duquel, lui toujours à court d'argent du fait de ses constantes générosités, avait consenti de gros sacrifices. C'est encore Bac qui me conta que le vieil Arsène Houssaye, qui devait pour bonne part sa charge d'administrateur du Français à Rachel, invita certain soir la jeune Sarah Bernhardt à dîner au restaurant Cubat, dans l'ancien hôtel de la Païva. De Rachel à Sarah…[8]. »
À proximité, la rue Arsène-Houssaye est aujourd'hui seule à rappeler le souvenir de cette demeure.
Vie privée
Arsène Houssaye avait épousé en premières noces, le 5 avril 1842 à Paris, Anne Stéphanie Bourgeois, dite Fannie (née le 26 novembre 1821 à Paris, où elle est morte le 12 décembre 1854), fille de Jean-Baptiste Bourgeois et de l'artiste-peintre Edmée Brucy[9]. Le couple a eu une fille, Edmée (1843-1846), et un fils, Georges Henry (1848-1911).
Veuf, il épouse en secondes noces, le 19 juin 1862 à Paris, Marie Jeanne Nathalie Belloc (née en 1838 à Lima, au Pérou, et morte le 13 septembre 1864 à Paris). Le peintre Eugène Delacroix et l'écrivain Théophile Gautier furent témoins à ce second mariage dont est né un fils, Albert (1864-1888).
Sa première épouse est décédée à 33 ans, la seconde vers l'âge de 28 ans.
Citation
Émile Zola, qui fréquenta les « mardis » de Houssaye, avenue de Friedland, l'appela, dans l'éloge funèbre qu'il prononça lors de ses obsèques le 29 février 1896, « un des derniers grands chênes de la forêt romantique. »
Œuvres
De profundis, sous le pseudonyme d'Alfred Mousse (1834)
La Couronne de bluets, roman (1836)
Une pécheresse (1837)
Le Serpent sous l'herbe (1838)
La Belle au bois dormant (1839)
Fanny (1840)
Les Onze Maîtresses délaissées (1841)
Les Sentiers perdus, poésies (1841)
Le XVIIIe siècle : poètes, peintres, musiciens (1843)
L'Arbre de science : roman posthume de Voltaire, imprimé sur un manuscrit de Madame Duchâtelet, pastiche attribué à Arsène Houssaye (1843)
Le Café de la Régence (1843)
Elisabeth, paru dans la Bibliothèque des feuilletons (1843-1845)
La fontaine aux loups, paru dans la Bibliothèque des feuilletons (1843-1845)
Mlle de Marivaux, paru dans la Bibliothèque des feuilletons (1843-1845)
Le Roi Voltaire, sa jeunesse, sa cour, ses ministres, son peuple, ses conquêtes, sa mort, son Dieu, sa dynastie (1858)
L'Amour comme il est (1858)
Galerie du XVIIIe siècle, Paris : Hachette, 6e édition, 1858, in-12, 5 vol. :
Les Hommes d'esprit
Princesses de comédie et Déesses d'opéra
Poètes et Philosophes
Hommes et Femmes de cour
Sculpteurs, peintres, musiciens
Les Filles d'Ève (1858)
Mademoiselle Mariani, histoire parisienne (1859)
Romans parisiens : la Vertu de Rosine ; le Repentir de Marion ; le Valet de cœur et la dame de carreau ; Mademoiselle de Beaupréau ; le Treizième convive (1859)
Le Royaume des roses (1861)
Les Parisiennes 2e série des « Grandes dames » (1862)
Les Charmettes, Jean-Jacques Rousseau et madame de Warens (1863)
Les Femmes du temps passé (1863)
Les Hommes divins (1864)
Blanche et Marguerite (1864)
Les Dieux et les demi-dieux de la peinture (1864)
Madame de Montespan, études historiques sur la cour de Louis XIV (1864)
↑Son grand-père maternel, ancien sans-culotte, sculpteur sur bois, était un petit-cousin de Condorcet. Voir Eugène de Mirecourt, Arsène Houssaye, Paris, Havard, 1855, 96 p., p. 8, lire en ligne.