Une arca désigne en corse une fosse commune. On en trouvait dans les cimetières communaux et dans les églises. Ce mode d'inhumation s’inscrit dans le mouvement plus général de la piété baroque (XVIIe siècle-XVIIIe siècle), mais a perduré vraisemblablement jusqu’au XIXe siècle.
Définition
Arca vient du latin arca, ae, f., cellule, coffre ou cercueil. En corse, il désigne une « fosse commune » ou un « charnier »[2] qui était situé dans une église ou à ses abords.
INFCOR, la banque de données en corse, donne la définition du mot arca (fosse commune) en langue corse : « Fossa cumuna custruita pè u più in chjesa, duve eranu sepolti i morti di a parochja ».
Contexte de la pratique funéraire
Cette inhumation collective à l'intérieur d'une église ou dans ses abords immédiats s'inscrit dans une pratique commune à l'ensemble de l'Europe qui semble culminer au XVIIe siècle, avant de décroître au XVIIIe siècle, notamment pour des raisons hygiénistes, mais de manière non uniforme selon les régions[3]. Ainsi, selon Régis Bertrand, « l’immédiate proximité des morts et des vivants semble exister dans la plupart des régions de l’Europe occidentale dans le second tiers du XVIIIe siècle, sous deux formes : les cimetières sont souvent proches des lieux de culte et des habitations, fréquemment établis à l’intérieur des enceintes urbaines. Une partie des cadavres est inhumée à l’intérieur des lieux de culte »[4].
Histoire
En Corse, les sépultures datant de la période médiévale et situées à proximité des chapelles romanes sont abandonnées progressivement à partir du début du XVIe siècle au profit de lieux consacrés et couverts. Ces nouveaux usages funéraires sont explicitement mentionnés dans la majorité des testaments de l'époque[5]. Pour répondre à ces demandes, des arche sont aménagées dans le sous-sol des églises baroques de l'île. Ces églises, selon leur superficie et leur configuration, peuvent contenir plusieurs arche qui permettent de répartir les dépouilles au moins entre trois catégorises: les laïcs qui sont les plus nombreux, les clercs et les enfants morts avant d'avoir reçu le sacrement de la communion[5].
Ces inhumations collectives sont interdites dans les églises de Corse par un édit royal de , et un décret révolutionnaire de renouvèle l'interdiction[6], ainsi que Napoléon Ier en [7]. Toutefois cette pratique, commune à la Corse et aux zones les plus élevées des Alpes, semble avoir été poursuivie en dehors des églises jusqu'à la fin du XIXe siècle, voire au début du XXe siècle[8]. Elle est attestée dans quelques localités des Alpes-Maritimes en dans l’enquête de l’an XII sur les lieux consacrés aux inhumations[3]. En milieu rural, les arche sont tout d'abord remplacées par des sépultures familiales, tandis que les cimetières communaux se répandent avant tout dans les villes pour n'atteindre la campagne qu'à partir des années -[5].
Arche recensées
Nom d'usage
Commune
Département
Datation
Références notice plateforme ouverte du patrimoine
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
[Bertrand 2016] Régis Bertrand, chap. 1 « Le cimetière ancien : les morts parmi les vivants », dans Aux origines des cimetières contemporains, Aix-en-Provence, Presses Universitaires de Provence (d), (DOI10.4000/BOOKS.PUP.33940)..
[Bertrand 2015a] Régis Bertrand, « Les cimetières villageois français du XVIe au XIXe siècle », dans Le cimetière au village dans l’Europe médiévale et moderne, Toulouse, Presses Universitaires du Midi, (DOI10.4000/BOOKS.PUMI.9829), p. 61-81..
[Ciavatti 2014] (co + fr) Petru Ciavatti (dir.) (préf. Jacques Thiers), U Muntese : dizziunariu corsu-francese, Ajaccio et Corte, Albiana et UCPP, , 1 629 p. (ISBN978-2-8241-0563-5), p. 147..
Marc Piazza, Le Siège de Furiani : Scènes de la Rébellion en Corse au temps de Pascal Paoli (roman historique), Bastia, Éditions Anima Corsa, , 745 p. (ISBN978-2-919381-08-1), note de bas de page 47
[Serpentini 2006] Antoine-Laurent Serpentini (dir.), Dictionnaire historique de la Corse, Ajaccio, Albiana, , 1 013 p. (ISBN2-84698-068-3), p. 405..