Antoine Chaumont de La Galaizière ou Antoine de Chaumont de La Galaizière, né à Paris le et mort au château de Mareil-le-Guyon le est un magistrat et intendant de l'Ancien Régime.
Il porte les titres de marquis de Bayon et de comte de Mareil-le-Guyon et de Chaumont-sur-Moselle[5]. Ce dernier titre lui est donné par lettres patentes de Louis XVI du qui donnent le nom de Chaumont-sur-Moselle à sa seigneurie de Neuviller, où il possède un château[6].
Début de carrière
En 1746, il devient conseiller au Parlement de Paris, avec une dispense d'âge[1],[7] puis en 1749 maître des requêtes[2],[4],[5],[7], bénéficiant aussi d'une dispense d'âge puisqu'il n'a pas atteint l'âge de 30 ans normalement requis pour devenir maître des requêtes[1],[8].
Après la mort de celui-ci et l'annexion de la Lorraine à la France en 1766, Antoine reste intendant de Lorraine et du Barrois, cette fois au nom du roi de France[11],[4],[2],[7]. En effet, si les fonctions de chancelier de Lorraine de son père disparaissent à la mort de Stanislas Leszczynski le , Louis XV proroge Antoine Chaumont de La Galaizière à son poste deux jours après[13]. C'est donc Antoine qui gère les problèmes liés à l'intégration de la Lorraine dans le royaume. Il est coopté comme membre de l'Académie de Stanislas[4] en 1759 et il y exerce deux mandats de directeur, en 1761 et en 1768[5]. En 1769, il vend son office de maître des requêtes[1].
Il allège la corvée d'entretien des routes et confie de plus en plus les travaux à des entreprises. Il organise le rachat de la corvée, impôt en nature, par les communautés qui y sont assujetties[14].
Il organise le partage des communaux et le remembrement dans trois villages dont il est seigneur : Roville, Neuviller, La Neuville-sous-Bayon. Ces partages sont homologués en 1771, mais ils donnent lieu à des contestations. À Roville, les paysans rétablissent le troupeau commun en 1781 et le mènent paître sur le domaine seigneurial. Chaumont de La Galaizière perd le procès qui en découle devant la Cour souveraine de Nancy, avec qui il est en conflit[15],[16],[17]. Son appel au Conseil ne sera jamais jugé, à cause de la Révolution[15].
Chaumont de La Galaizière fait partie du groupe des intendants amis des encyclopédistes, qui à partir des années 1770, agissent pour moderniser le pays en promouvant le libéralisme économique[18].
En 1780, exprimant un point de vue officiel, il souligne que les anabaptistes, petite minorité installée en Alsace à la fin du XVIIe siècle, n'y ont pas d'existence légale[20].
En 1783, il organise le partage des communaux dans le Sud de l'Alsace[17].
En 1784, il élabore et publie des lettres patentes qui redéfinissent les droits et les devoirs des juifs alsaciens, les soumettant à un régime d'autorisation pour se marier et leur donnant le droit de travailler la terre, tout en organisant leur dénombrement. Chaumont de La Galaizière veut à la fois faire baisser le nombre de juifs en Alsace et donner plus de moyens de subsistance à ceux qui y sont installés[21].
Le , il ouvre la réunion de l'Assemblée provinciale d'Alsace par un discours qui met l'accent sur les réformes fiscales et économiques et la tolérance tout en alertant sur les dangers d'une expression populaire irréfléchie[22],[23],[20].
Démis de sa charge d'intendant d'Alsace en , il n'y revient plus ensuite[4],[5]. Au moment de la création des départements, il organise néanmoins la transition, demandant des instructions à propos de la répartition des archives de l'intendance[24].
Il est l'auteur présumé du Mémoire sur les corvées paru en 1785 dans lequel il se montre proche des idées de Turgot et des économistes[26] et qui est approuvé dans les cercles philosophiques[27]. Il y condamne la corvée en nature, qu'il considère comme « injuste », ajoutant que « cette contribution est la plus fâcheuse peut-être de celles qu'acquittent les sujets du roi »[28].
En 1785, il préside la commission sur la corvée, réunie sur ordre du ministre Calonne et à laquelle participe le cousin d'Antoine, Antoine-Louis Chaumont de La Millière, intendant des ponts et chaussées. Les travaux de cette commission aboutissent en 1787 au remplacement de la corvée par un impôt en numéraire[29],[30].
En 1789, au moment de la réunion des États généraux il est à Paris. Il fait partie des quatre conseillers d'État qui forment la commission des États généraux[31]. En raison de cette fonction, il assiste au Conseil du au cours duquel Louis XVI ajourne, sans doute sur intervention de Marie-Antoinette, un projet de charte constitutionnelle et de réforme fiscale proposé par Necker à la suite de la proclamation de l'Assemblée nationale le . Louis XVI confie à Chaumont de La Galaizière la mission de préparer pour le lendemain un rapport sur ce projet. Le lendemain, , les députés du Tiers-État prêtent le serment du Jeu de Paume. Au Conseil du même jour, Chaumont de La Galizière présente son rapport, hostile à la proposition de Necker, qui n'est pas retenue[31],[32].
Antoine de Chaumont de La Galaizière meurt au château de Mareil-le-Guyon le [a].
Mariage et descendance
Il épouse, à Paris le Marie Geneviève Perrine Pétronille Maussion de La Courtaujay (1741-1799), fille d’Étienne-Charles Maussion de La Courtaujay, receveur général d’Alençon, et de Marie-Thérèse-Antoinette Bergeret[25],[2],[4],[7], et sœur du maître des requêtes et intendant de la généralité de RouenÉtienne Thomas Maussion[34]. Ils ont deux fils et trois filles :
Antoine Pierre de Chaumont de La Galaizière (1759-1846), marquis de La Galaizière, intendant adjoint de son père en Alsace, banquier sous le Directoire, conseiller d'État honoraire à la Restauration[35],[2],[36] ;
Louise (1760-1837), épouse d'Étienne-Henri d'Escayrac[38],[7] ;
Sophie, née en 1762[39], épouse du vicomte de Buffevent[7] ;
Eugénie, née en 1768, épouse en 1783 de Jean-Thérèse-Louis de Beaumont, marquis d'Autichamp[40],[7].
Notes et références
Note
↑Le est la date indiquée par Sylvie Nicolas[2] et Bernd Klesmann,[7]. Jean-Marie Schmitt et Alain Petiot affirment qu'il est mort le [4],[5]. La date de son décès sur le registre d'état civil de la commune de Mareil-le-Guyon est bien le [33].
↑Michel Antoine, Le Conseil du roi sous le règne de Louis XV, Genève, Droz, coll. « Mémoires et documents publiés par la société de l'École des chartes », , 666 p., p. 232.
↑ a et bMarc Bloch, « La lutte pour l'individualisme agraire dans la France du XVIIIe siècle. Deuxième partie : conflits et résultats. Troisième partie : la Révolution et le « Grand Œuvre de la propriété » », Annales ESC, vol. 2, no 8, , p. 511–556 (DOI10.3406/ahess.1930.1264, lire en ligne, consulté le ).
↑Henri Sée, « André Lesort. — La question de la corvée des grands chemins sous Louis XVI après la chute de Turqot (1776-1786). (Comité des Travaux historiques, section d'histoire moderne et contemporaine. Notices, inventaires et documents, fasc. VII », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, vol. 35, no 3, , p. 512–513 (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bAlexandre Maral, Les derniers jours de Versailles, Paris, Perrin, coll. « Tempus », , 832 p. (ISBN9782262101336), p. 264-266, 279-281.
↑Joël Félix, Louis XVI et Marie-Antoinette : Un couple en politique, Paris, Payot, coll. « Biographie Payot », , 669 p. (ISBN9782228901079), p. 463-464.
Paul Ardascheff (trad. du russe par Louis Jousserandot), Les intendants de province sous Louis XVI, Paris, Félix Alcan, , 524 p. (lire en ligne).
Pierre Boyé, « Le chancelier Chaumont de La Galaizière et sa famille », Le Pays lorrain, vol. 28 ; 29 ; 30, 1936 ; 1937 ; 1938, p. 113-132, 441-460, 537-552 ; 129-157 ; 481-507 (lire en ligne).
Olga Ilovaïsky, « Un homme des Lumières conseiller de Louis XVI pour l’organisation de la convocation des États généraux de 1789. Antoine de Chaumont, marquis de La Galaizière », dans Haydn Mason (dir.), Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, vol. 296, Oxford, Voltaire Foundation, , 343 p., p. 243-343.
(de) Bernd Klesmann, Die Notabelnversammlung 1787 in Versailles : Rahmenbedingungen und Gestaltungsoptionen eines nationalen Reformprojekts, Ostfildern, Thorbecke-Verlag, coll. « Beihefte der Francia » (no 83), , 569 p. (ISBN978-3-7995-7474-7, lire en ligne).
Sylvie Nicolas, Les derniers maîtres des requêtes de l'Ancien Régime (1771-1789) : Dictionnaire prosopographique, Paris, École des Chartes, coll. « Mémoires et documents de l'École des Chartes » (no 51), , 399 p. (ISBN2-900791-21-9), p. 132.
Daniel Pakin, Finance et pouvoir : les stratégies de la famille Chaumont en France et en Lorraine au XVIIIe siècle, de la Guerre de Succession d'Espagne à la Révolution (thèse de doctorat), Université Paris-Saclay, (présentation en ligne).