En 1954, alors qu'elle est adolescente, elle est condamnée pour l'assassinat de la mère de sa meilleure amie, perpétré avec celle-ci, dans l'une des affaires criminelles les plus célèbres de Nouvelle-Zélande, l'affaire Parker-Hulme. En sortant de prison, elle reconstruit sa vie sous un pseudonyme et se consacre aussi à l'écriture. Son œuvre est marquée par les questions de crimes, souvent transposée dans une période révolue, et de rédemption.
En 1944, quelques mois après la naissance de son frère, elle développe une bronchite et une pneumonie. Elle est laissée aux soins d'étrangers à Londres, éloignée de ses parents. En 1947, âgée de huit ans, elle est envoyée chez des amis de la famille aux Bahamas puis à Bay of Islands en Nouvelle-Zélande[2].
Scolarisée à la Christchurch Girls' High School[2], Anne Perry contracte la tuberculose à l'âge de treize ans[3]. Son hospitalisation entraîne sa déscolarisation et elle ne peut recevoir aucun visiteur. Mais son amie Pauline Parker lui écrit tous les jours[4]. Ses parents s'inquiètent de cette relation[1].
En 1954, elle trouve sa mère au lit avec un autre homme que son père. Peu de temps après, ses parents lui annoncent qu'ils vont divorcer, que son père a perdu son travail, et qu'elle va être envoyée chez sa tante en Afrique du Sud. Alors âgée de quinze ans, elle se tourne vers Pauline Parker qui décide de quitter la Nouvelle-Zélande avec elle. La mère de Pauline, Honora Rieper, s'y étant opposée, les deux filles planifient son assassinat. Le , elles l'attirent dans un parc à Christchurch et la tuent[3]. L'affaire est très médiatisée dans le pays, où on la surnomme encore aujourd'hui « le meurtre le plus célèbre de Nouvelle-Zélande »[2],[5].
Condamnée, Juliet Hulme est envoyée à la prison de Mont Eden à Auckland. Elle y est la seule mineure et y séjourne cinq ans, en commençant par plusieurs mois de confinement solitaire. Elle raconte s'y être repentie et avoir trouvé de l'inspiration pour ses romans dans les récits des autres détenues. Libérée en 1959, elle change son nom pour celui d'Anne Perry, rejoint la religion mormone[3] et revient dans son Angleterre natale où elle devient hôtesse de l'air[6].
Son besoin d'écriture semble avoir toujours existé, du moins dès les premières hospitalisations de son enfance, marquées par des échappées dans l'imaginaire (elle cite fréquemment Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll). Mais il lui faut attendre une vingtaine d'années avant de voir ses efforts couronnés de succès, avec la publication en 1979 de L'Étrangleur de Cater Street, premier titre de la série « dont l'héroïne, Charlotte Ellison, est le vilain petit canard d'une famille bourgeoise. Lorsqu'une série de meurtres se produit dans son quartier, Charlotte décide d'enquêter, seule d'abord, puis avec l'aide de Thomas Pitt, un inspecteur de police. Anne Perry procède par petites touches, cloîtrant ses personnages dans des huis clos qui deviennent autant de mises en scène étouffantes de la société victorienne »[7]. Ainsi, le temps ne semble pas avoir effacé toutes les blessures éprouvées dans sa jeunesse par Anne Perry, puisque tous ses romans policiers victoriens témoignent d'une révolte contre la « bienséance pudibonde dont s'affuble la bonne société victorienne » (selon les termes du Bulletin critique du livre français). Ses récits évoquent les questions morales de la faute, de la culpabilité, du repentir, de la responsabilité, et de la rédemption[1].
Cette série a pour cadre le Londres des années 1880 et 1890. Les titres présentent la particularité d'indiquer la localisation géographique précise du (ou des) meurtre(s). En France, la série est parue en 10/18 dans la collection « Grands détectives ».
Cette série se déroule dans le Londres des années 1850 et 1860, et met en scène un trio de détectives : William Monk, ancien policier frappé d'amnésie et devenu détective privé ; Hester Latterly, une infirmière s'étant dévouée auprès de Florence Nightingale lors de la guerre de Crimée ; et Oliver Rathbone, avocat. Chacun des romans inclut de longues scènes de procès, qui laissent à penser que l'auteur s'est plus particulièrement adressée à des lecteurs friands de romans judiciaires. La traduction française est également publiée en 10/18 dans la collection « Grands détectives ».
Dernière en date des séries créées par Anne Perry, elle est annoncée comme devant compter cinq volumes. Elle met en scène quatre frères et sœurs (dont deux donnent leur nom à la série) pris dans une tourmente tragique à la veille de la Première Guerre mondiale.
Anne Perry a également entrepris une série de nouvelles policières, dont l'action se déroule pendant la période de Noël. Dans chaque nouvelle, un personnage secondaire issu de ses deux séries policières vedette mène l'enquête. On retrouve ainsi Lady Vespasia Cumming-Gould (de la série Pitt) dans La Disparue de Noël, Henry Rathbone (de la série Monk) dans Le Voyageur de Noël et dans L'Odyssée de Noël, la grand-mère Ellison (de la série Pitt) dans La Détective de Noël, Dominic Corde (de la série Pitt) dans Le Secret de Noël et enfin le commissaire Runcorn (de la série Monk) dans La Promesse de Noël.
Anne Perry a également écrit une quinzaine de nouvelles policières, publiées dans diverses anthologies anglophones, et dont certaines ont été traduites et publiées dans des recueils en français.
Digby's First Case (1988)
Publié en français sous le titre Enquête mondaine, dans Histoires de morts sûres et méfaits divers, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche » no 9765, 1994
The Escape (1996)
Publié en français sous le titre L'Évasion, dans Petits crimes du temps jadis, Paris, Éditions du Masque, 2001
The Profiteer (1996)
The Blackmailer (1996), aussi titré A Matter of Blackmail
Publié en français sous le titre Le Maître-chanteur, dans Meurtres et Passions, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche » no 17095, 1999
The Watch Night Bell (1996)
Publié en français sous le titre La Cloche de la veillée de Noël, dans Frissons de Noël, Paris, Éditions du Masque, 1998
« Le thème, extrêmement audacieux en soi, a été exploité à fond et donne lieu à une œuvre que la Commission considère comme l'une des plus malsaines qu'elle ait eu à examiner en raison de la perversité, du sadisme et des ferments de destruction morale et mentale qui y sont contenus. L'ensemble de ces motifs conduit la Commission à proposer l'application d'une mesure d'interdiction totale de représentation dudit film. »
Créatures célestes
En 1994, le réalisateur Peter Jackson décide à son tour de relater ce crime dans son film Créatures célestes. Le rôle de Juliet Hulme est interprété par Kate Winslet, dont c'est alors la première apparition au cinéma.
Anne Perry est alors une auteure à succès et un journaliste dévoile l'identité réelle de Juliet Hulme. Terrifiée à l'idée de perdre tout ce qu'elle a bâti, Perry est effondrée. Jusqu'à la veille de la sortie, personne ne l'avait prévenue de l'existence du film[3].
Notes et références
↑ abc et d« La romancière Anne Perry, maîtresse du polar historique, est morte », Le Monde, (lire en ligne)
↑ abc et d(en) Abby Gillies, « The Parker-Hulme murder: Why it still matters to us », New Zealand Herald, (ISSN1170-0777, lire en ligne, consulté le ).
↑ abcd et e(en) Angela Neustatter, « Anne Perry - the novelist whose past caught up with her », the Guardian, (lire en ligne, consulté le )
↑(en) « 'Heavenly Creatures' killer tells all », New Zealand Herald, (ISSN1170-0777, lire en ligne, consulté le ).
↑(en) « Perry biography breaks silence », Stuff.co.nz, (lire en ligne, consulté le ).