Alice Bailly

Alice Bailly
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Alice Bailly, née Alice-Marie-Louise Bally le à Genève et morte le à Lausanne, est une peintre et graveuse suisse. Vaudoise d'adoption, elle a été proche des mouvements d'avant-garde du début du XXe siècle, tels que le cubisme, dadaïsme et fauvisme, qu'elle a contribué à faire connaître en Suisse romande.

Biographie

Le caprice des belles, 1918, huile sur toile, 65 x 81 cm.

Fille d'Antoine Bally, employé des Postes à Genève et de Victoire Gros, maîtresse d'allemand à l'école supérieure de Jeunes Filles[1], son épouse, Alice Bailly naît dans un milieu modeste. De à , elle suit les cours de dessins de l'École des demoiselles attenante à l'École des Beaux-Arts de Genève (interdite aux femmes)[2]. Elle expose pour la première fois en 1900. Entre et , elle se rend dans le canton du Valais où elle compose une série de gravures Les scènes valaisannes[3], notables sur le plan chromatique[4].

En , elle s'installe à Paris, 11, rue Boissonade[5] (actuel no 40) au sein d'une petite colonie suisse[6]. Elle découvre en la Bretagne et y compose une nouvelle série de gravures Les scènes bretonnes.

En , elle séjourne chez Cuno Amiet, avec qui elle se lie d'amitié, et elle obtient sa première bourse fédérale des beaux-arts. Le fauvisme influencera sa peinture jusqu’en [7]. Elle est également proche du mouvement Dada[8] né à Zurich.

En , elle se rend en Seine-et-Oise où elle rencontre André Lhote, Raoul Dufy et Roger Allard. À Paris, elle élargit son cercle d’amis, notamment à Juan Gris, Albert Gleizes. Sa peinture évolue vers un cubisme coloré, ce qui lui vaudra d’être classée parmi les orphistes par Guillaume Apollinaire.

En , Alice Bailly revient en Suisse, à Genève, où elle s'installe et peint, en particulier La Rade de Genève, vol de mouettes[9]. Elle y expose au Musée Rath.

Elle poursuit la gravure avec des œuvres comme Jacqueline Marval au bal de van Dongen[10] de 1914.

La guerre la marque, cela se voit dans l'œuvre futuriste de , La bataille de Tolochenaz[11] ainsi que dans l'œuvre Hommage ému aux couleurs de la France[12] (crayon, aquarelle, gouache).

Plusieurs tableaux montrent son amour pour la danse et la musique, tels La sonate à Dukas[13] de .

Alice Bailly, Fête étrange (Les Trouvères), non daté (1912-1923), Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds.

Parmi les techniques qu'elle utilise, se trouvent l'estampe, la peinture à l'huile - exemple Fête foraine[14] de - , l'encre, notamment dans La danse[15], l'aquarelle[16], les techniques mixtes : gouache et encre de Chine - c'est par exemple le cas pour Fruits et mains (L'offrande) de [17] - , crayon et fusain - voir à ce propos Le bal[18] - , aquarelle sur crayon - en particulier dans Joie autour de l'arbre[19] de . Et sa propre technique de peinture-laine (voir infra).

De retour à Paris, en , elle n’y retrouve pas le succès, malgré ses expositions au Salon des Indépendants et au Salon d’Automne. Cette période est caractérisée par « l'assourdissement de sa palette[20] ». Même si en elle s’établit à Lausanne, elle continue à séjourner par intermittences dans la capitale française, où elle conserve un appartement. Mais elle se rend aussi à plusieurs reprises en Italie[21] plus spécialement à Venise en où elle reçoit un prix à la Biennale, à Montepulciano en dont elle peint une représentation nocturne[22] et à Rome en [23].

L. Florentin, 1918, peinture sur laine, 68 x 58 cm.

Alice Bailly invente le concept de « tableaux-laine » dès , terme qu'elle crée pour éviter que l'on qualifie de « broderies » ses tableaux « peints avec de la laine »[24]. Entre 1917 et 1923, elle exécute une cinquantaine de tels « tableaux-laine » : des fils multicolores sont lancés en lignées parallèles par-dessus et par-dessous une toile de coton. Parmi ses œuvres relevant de cette technique : Les Rythmiciennes[25], tableau exposé au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, ou encore La Procession[26].

Elle est aussi connue pour son ornementation murale au Théâtre municipal de Lausanne, travail qui fut éprouvant physiquement[27].

Alice Bailly meurt dans son atelier de Longeraie à Lausanne en .

Une exposition posthume en 1938 (puis en et ), ainsi que l’attribution d’une bourse à son nom dès ont contribué à sa réputation. Les publications internationales consacrées à la femme artiste ont amplifié sa notoriété à partir du début des années 1980[28].

Principales expositions

L'heure du thé, 1920, huile sur toile exposée lors de l'Exposition internationale d'art moderne de Genève, décembre 1920 - janvier 1921.

Expositions

  • Salon des artistes indépendants, Paris, 1908-1913
  • Internationale Kunstausstellung, Munich
  • Salon d'automne, Paris
  • Galerie Georges Petit, Paris
  • Kunsthaus de Zurich, exposition nationale d'art (X. Nationale Kunstausstellung im Kunsthaus Zürich), 1910
  • Zurich SPSAS, 1912
  • Genève Musée Rath et mai-série 1912, 1913
  • Neuchâtel, 1912
  • Berne, exposition nationale suisse, 1913
  • Genève, 1917, La Pomme d'Or, exposition dont elle a réalisé l'affiche (gravure sur bois, en couleur)[29]
  • Genève, Galerie Moos, 1918
  • Kunsthaus de Zurich, 1919
  • Kunsthalle de Berne, 1921
  • Genève, exposition municipale
  • Venise, Biennale 1926 (elle reçut le prix de la Biennale de Venise)[30]
  • Kunsthalle de Berne, 1927
  • Genève, Athénée 1932
  • Kunsthalle de Berne, 1933
  • Musée du Jeu de Paume, Paris, 1934

Rétrospectives

  • Basel, rétrospective
  • Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, 1938[31]
  • Genève, Musée de l'Athénée, 1957 (Cent ans de peinture genevoise : à l'occasion du centenaire de la Société des amis des beaux-arts)[32]

Collections

Fontaine dans un jardin de Rome, vers 1934, huile sur toile, 72,8 × 60,2 cm.

Fondation

  • La Fondation Alice Bailly a été créée en 1946 pour soutenir des jeunes artistes suisses et romands[35].

Commandes publiques suisses :

  • Triptyque, Maison de la Radio de Neuchâtel
  • Hall de la gare de Neuchâtel, 1934
  • Théâtre municipal de Lausanne, 1936

Notes et références

  1. Études de lettres, Faculté des lettres de l'Université de Lausanne, 1975, p. 56.
  2. « Alice Bailly », sur AWARE Women artists / Femmes artistes (consulté le )
  3. « La Place du Village | Musées d'art et d'histoire de Genève », sur collections.geneve.ch (consulté le )
  4. Johanna Daniel, « Les estampes d'Alice Bailly », sur blog.bibliotheque.inha.fr, (consulté le )
  5. « Liste des exposants » In : X. Nationale Kunstausstellung im Kunsthaus Zürich, catalogue d'exposition, Zurich, 1910.
  6. Dictionnaire sur l'art en Suisse. https://www.sikart.ch/KuenstlerInnen.aspx?id=4000018
  7. Une huile Fauve d'Alice Bailly : http://www.artnet.fr/artistes/alice-bailly/stadt-im-mondschein-8TWU971W4rcEs8UGwSIggg2
  8. (it) TuttArt Bihiku, « Alice Bailly / Cubist / Avant-garde painter », sur Tutt'Art@ / Pittura • Scultura • Poesia • Musica (consulté le ).
  9. Voir le site rts.ch (Radio-Télévision Suisse): L'œuvre du mois, 1er septembre 2015 modifié 23 mars 2018 /decouverte/monde-et-societe/culture-et-sport/l-uvre-du-mois/7036587-rade-de-geneve-ou-vol-de-mouettes-une-huile-dalice-bailly.html
  10. « Genève enchères », sur geneve-encheres.ch (consulté le ).
  11. « La Bataille de Tolochenaz / Collection Pictet », sur Collection Pictet (consulté le ).
  12. Arnet
  13. « Alice Bailly, une artiste à facettes », sur swissinfo.ch, (consulté le ).
  14. [1]
  15. [2]
  16. [3]
  17. (en) « Fruits et mains (L'offrande) - Lot 305 », sur lempertz.com (consulté le ).
  18. [4]
  19. [5]
  20. « Alice Bailly - 5 Continents Editions », sur 5 Continents Editions (consulté le ).
  21. AWARE, Dictionnaire universel des créatrices, Cécile Godefroy, 2013
  22. Peinture à l'huile
  23. Dictionnaire historique de la Suisse
  24. Louis Gevart, « Alice Bailly ou l’art des avant-gardes sur le fil », sur Beaux Arts (consulté le )
  25. Musée Cantonal de Beaux-Arts, Lausanne, Vaud
  26. [6]
  27. Schwok, Claire-Lise. - Alice Bailly. Dans: Les femmes dans la mémoire de Genève . - Genève : S. Hurter, 2005. - p. 188-189
  28. « SIKART », sur sikart.ch (consulté le ).
  29. http://www.artnet.fr/artistes/alice-bailly/exposition-de-la-pomme-dor-1917-ij1CqHqBW6en7Hdh3jiEVw2
  30. Schwok, Claire-Lise. - Alice Bailly. Dans: Les femmes dans la mémoire de Genève, Genève, S. Hurter, 2005, p. 189
  31. MCBA du Vaud, rubrique Historique. https://www.mcba.ch/historique/
  32. P.-F. S., « Cent ans de peinture genevoise », Journal de Genève,‎ (lire en ligne)
  33. Estampes d'Alice Bailly
  34. Huile sur toile
  35. « Alice Bailly », sur AWARE : Archives of Women Artists, Research and Exhibitions (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Albert Rheinwald, L'art d'Alice Bailly, 1918, Galerie Moos.
  • Paul-André Jaccard, Alice Bailly: la fête étrange, 5 Continents Éditions, (ISBN 978-88-7439-276-6, lire en ligne).
  • Georges Peillex, Alice Bailly, éditions Pierre Cailler, 1968.
  • Claire-Lise Schwok, « Alice Bailly », Les femmes dans la mémoire de Genève, Genève : S. Hurter, 2005, p. 188-189.
  • Paul-André Jaccard, La fête étrange (exposition au Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, - ), Éditions des 5 continents, (ISBN 2-940027-50-1).
  • Artistes à Genève : de 1400 à nos jours, Genève : L'APAGe : Notari, 2010, p. 34-35.
  • Paul-André Jaccard, « Bailly, Alice Marie Louise », dans SIKART Lexikon zur Kunst in der Schweiz, 1998 (actualisé en 2016), (en ligne).
  • Johanna Daniel, « Les estampes d'Alice Bailly », dans Sous les coupoles, blog de la bibliothèque de l'INHA, , (en ligne).
  • « Alice Bailly » in Paul Müller et Sylvie Patry (dir.), Modernités suisses, 1890-1914, catalogue de l'exposition au musée d'Orsay, Paris, 1er mars - 27 juin 2021, Flammarion, Paris, mars 2021 (ISBN 9782080205476)), p. 172-175.

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