Alessandro Allori ou Alexandre Allori (Florence, - ), élève et fils adoptif du Bronzino, est un peintre florentin de la fin du maniérisme.
Biographie
En 1540, après la mort de son père, Alessandro Allori est élevé et formé à l'art par un ami proche, souvent désigné comme son « oncle », le peintre maniériste Bronzino, dont il prend parfois le nom dans ses tableaux[2]. Il complète cette formation par un voyage d'études à Rome entre 1554 et 1560, où il étudie les œuvres de Melozzo da Forlì, de Raphaël et de Michel-Ange, et par des recherches anatomiques qui incluent la dissection de cadavres humains, dispensées par l'hôpital Santa Maria Nuova[3].
Il travaille principalement à Florence où il est spécialise des grands décors éphémères, comme ceux réalisés lors des funérailles de Michel-Ange en 1564[4]. Au sommet de sa carrière, il dirige l'un des « deux ateliers les plus importants de Florence dans la seconde moitié du XVIe siècle » (l'autre étant dirigé par Santi di Tito[5]. Il est premier consul de l'Académie du dessin de Florence en 1573 et est nommé en 1581, chef de l'Arazzeria Medicea, l'atelier de tapisserie d'État de la ville, pour lequel il réalise plusieurs cartons[4].
Il travaille également sous la direction de Giorgio Vasari, parmi l'équipe d'artistes qui décore le studiolo de François Ier au Palazzo Vecchio. Il contribue à deux panneaux peints, représentant un Banquet de Cléopâtre et un paysage avec des personnages plongeant à la recherche de perles[3].
À certains égards, Allori est le dernier de la lignée d'éminents peintres florentins : Andrea del Sarto a collaboré avec Fra Bartolomeo (ainsi que Léonard de Vinci), Pontormo a brièvement été l'élève d'Andrea et a formé Bronzino, qui lui-même a formé Allori. Les générations suivantes sont fortement influencées par la vague baroque qui domine dans d'autres parties de l'Italie.
Postérité
SJ Freedberg le raille, affirmant qu'il illustre « l'idéal de la Maniera par lequel l'art (et le style) sont générés à partir d'art préexistant ». L’aspect froid et poli de ses personnages les fait ressembler autant à des statues qu’à des êtres vivants. L'historienne de l'art Simona Lecchini Giovannoni est plus positive, remarquant qu'Allori donne vie et immédiateté à ses peintures à travers ses représentations minutieuses et réalistes de motifs végétaux (en particulier de fleurs), d'articles ménagers et de textiles de toutes sortes ; les « personnages grandioses et introvertis » peuvent ainsi « s'approcher du spectateur, non par le dialogue et le sentiment, mais à travers la preuve tangible des objets et des détails »[5].
Étude de Kairos d'après Francesco Salviati[20], pierre noire et estompe, H. 0,190 ; L. 0,262 m. Beaux-Arts de Paris. Étude réalisée d'après la figure de Kairos de Salviati, peinte à fresque à l'extrême gauche de la paroi occidentale de la Salle des Audiences du Palazzo Vecchio (1543-1545)[21].
Autres
Carton de tapisserie (spalliera) avec Amours de Jupiter et grotesques, huile sur panneau, Musée du Bargello, Florence.
↑Antonio Paolucci (commissaire de l’exposition), Miroir du Temps : Chefs-d’œuvre des musées de Florence, Silvana Editoriale et Musée des Beaux-Arts de Rouen, (OCLC496465908), p. 143
↑Sous la direction d'Emmanuelle Brugerolles, Le dessin à Florence au temps de Michel-Ange, Carnets d'études 13, Beaux-arts de Paris les éditions, 2009-2010, p. 116-119, Cat. 26
Bibliographie
(en) Luciano Berti, « Michelangelo and the Florentine Painting of the Sixteenth Century », dans Around the David: The Great Art of Michelangelo's Century, Florence-Milan, Giunti Editor S.p.A.., (ISBN88-09-03316-7), p. 28-73.
(en) Simona Lecchini Giovannoni, « In the House of the Saints », dans Around the David: The Great Art of Michelangelo's Century, Florence-Milan, Giunti Editor S.p.A.., (ISBN88-09-03316-7), p. 77-81.
Adrien Goetz, Dictionnaire amoureux de la Toscane, Plon, , 656 p. (ISBN978-2259278997).