Il est l'un des pionniers de la cybernétique française et l'inventeur du « renard électronique ». Cette machine se situe dans la postérité des tortues de Bristol conçues par l'Anglais William Grey Walter : montées sur roulettes, elles se dirigeaient spontanément vers toute source lumineuse, étaient aussi capables de répondre à un son par identification de celui-ci via une lumière selon une reproduction artificielle du réflexe conditionné et dont une version ultérieure allait spontanément se rebrancher sur une prise de courant appropriée lorsque le niveau de leur batterie faiblissait. Mais, en plus de ces caractéristiques, Ducrocq avait doté son renard de ce qu'il avait appelé un « sens capacitif » par le moyen d'un dispositif de détection de masse récupéré dans un détecteur de mines. Ainsi équipé, le renard pouvait réagir à distance à la présence d'objets métalliques. D'aucuns y ont vu la préfiguration d'engins de sécurité automatiques utilisables dans certaines situations de catastrophes ou de conflits armés. Cette invention donna aussi naissance à plusieurs types de chariots de manutention automatiques, les « zébulons », conçus par Bruno Lussato.
Albert Ducrocq est toutefois beaucoup plus connu pour ses talents de vulgarisateur en tant que journaliste et écrivain scientifique.
Licencié es sciences, il enseigne d'abord la physique électronique de 1946 à 1955 puis entame parallèlement en 1949 une carrière d'ingénieur conseil qu'il poursuivra jusqu'en 2001.
Dans les années 1960, il devient un chroniqueur célèbre à Europe 1. Directeur scientifique de la revue Diagrammes de à , il collabore également à de nombreux journaux dont Le Figaro à partir de 1970 et est nommé directeur de Cosmos Encyclopédie.
Pendant plusieurs décennies, Albert Ducrocq a rédigé une chronique (rubrique Espace) dans le magazine hebdomadaire Air & Cosmos créé en 1963.
Il crée le Cosmos Club de France qui organise des expositions sur l'astronautique (Palais de la Découverte), anime des colloques et de nombreuses conférences.
À partir de 1972, il devient le collaborateur régulier du magazine français pour la jeunesse Pif Gadget, où il initie les jeunes lecteurs aux différents phénomènes naturels illustrés par les gadgets offerts avec la revue[4],[5].
Au milieu des années 1980, il est appelé en tant que conseiller scientifique auprès du conseil général de la Vienne, dirigé par René Monory, pour un projet de parc du futur dont il inventera le nom : « Le Futuroscope ».
En 1982, il donne des conférences sur l'informatique en l'an 2000, où il déclare : « L'accélération du progrès scientifique est telle que, d'ici l'an 2000, soit en l'espace de 18 ans, nous allons avoir la chance d'assister à des bouleversements qui, le temps d'une génération, seront aussi importants que tous ceux que notre civilisation a connus depuis sa création... », annonçant ainsi l’avènement de l'internet et la révolution numérique à sa suite.
Filiation du renard
La conception du robot autonome à roues que Ducrocq avait fini par rendre familière au grand public inspira entre autres les « zébulons »[6], chariots de manutention sans conducteurs munis d'une électronique embarquée et d'un guidage radio, mis au point par Bruno Lussato pour les entrepôts du Bazar de l'Hôtel de Ville.
↑Christian Lardier, « La vie d’Albert Ducrocq (1921-2001) », Bulletin de la Société astronomique de France, (lire en ligne)
↑(en) Christian Lardier et Michael L. Ciancone (dir.), History of Rocketry and Astronautics, vol. 33, coll. « AAS History », , « 1. Contribution of Albert Ducrocq to Astronautics (1921-2001) »
↑Richard Medioni, "Mon camarade", "Vaillant", "Pif gadget"... l'histoire complète : 1901-1994 : les journaux pour enfants de la mouvance communiste et leurs BD exceptionnelles, Pargny-la-Dhuys, Vaillant Collector, , 557 p. (ISBN978-2-9519925-5-9), p. 285 (chapitre 62: Les «Scientipif»: de simples gadgets?)