Le train de voyageurs part d'Athènes à destination de Thessalonique (les deux plus grandes villes de Grèce) avec à son bord environ trois cent cinquante passagers[7] dont de nombreux étudiants[8] qui ont profité du long week-end, ce lundi étant férié en Grèce[8]. Concomitamment, le train de marchandises se rend de Thessalonique à Larissa[5], transportant des conteneurs et des tôles d'acier. Le train de voyageurs est remorqué par une locomotive électrique de la série E 120 ; celui de marchandises par deux machines similaires. La collision se produit sur la ligneAthènes-Thessalonique(en), exploitée par la compagnieHellenic Train, une filiale de Ferrovie dello Stato Italiane, la compagnie ferroviaire publique italienne[5],[9]. La section sur laquelle s'est déroulé l'accident est à double voie et équipée de la commutation et signalisation électriques bien qu'elles n'aient pas encore été mises en œuvre. Les deux trains circulaient sur la même voie.
Collision
Le train de voyageurs et le train de marchandises se sont percutés frontalement près d’Evangelismós(el) juste avant minuit[10],[11], entraînant la mort d'au moins cinquante-sept personnes[12]. Le bilan fait également état d'au moins soixante-six blessés dont vingt-cinq le sont grièvement[3],[5].
Conséquences
Dans la collision, les deux premières voitures sont intégralement détruites[8]. La voiture-restaurant[8] et d'autres wagons ou voitures ont aussi pris feu à la suite de la collision. Dix-sept camions de pompiers et cent cinquante pompiers sont dépêchés sur place pour maîtriser les flammes. Des opérations de sauvetage sont rapidement mises en place, déployant quarante ambulances et plus de trente policiers sur le site[13],[14]. L'accident est si grave que des camions-grues sont utilisés pour aider aux opérations de sauvetage[15]. Deux cent cinquante passagers survivants sont évacués du lieu de la collision par des bus vers Thessalonique, y compris ceux avec des blessures mineures[16],[17],[18]. La police a interrogé deux agents des chemins de fer après l'accident[19]. L'armée hellénique a été appelée pour aider[20]. Une réunion d'urgence a été organisée au sein du gouvernement grec à la suite de l'accident et le ministre de la SantéThános Plévris s'est rendu sur les lieux[21].
Le président du syndicat des conducteurs de train OSE dénonce le manque de sécurité sur cette ligne : « Toute [la signalisation] est faite manuellement. C’est depuis l’an 2000 que les systèmes ne fonctionnent pas ». Le gouvernement grec reconnait par la suite « des faiblesses chroniques » dans le système ferroviaire grec. « Les retards [pris dans la modernisation des chemins de fer] trouvent leur origine dans les pathologies chroniques du secteur public grec, dans des décennies de faiblesse[23]. »
Certains y voient le résultat de la vétusté d’un réseau ferroviaire délaissé depuis des décennies, surtout après la crise économique (2010-2018) et les mesures d’austérité qui ont conduit, en 2017, à la privatisation de la compagnie grecque de chemins de fer, TrainOSE, devenue Hellenic Train[24]. Les représentants syndicaux avaient régulièrement averti le gouvernement sur les défaillances du réseau mais n'ont pas été écoutés[25].
Le 14 mars 2023, George Gerapetritis, nouveau ministre des transports, annonce une reprise graduelle du transport ferroviaire grec à partir du 22 mars 2023[26].
Le 9 mai 2023, un accord franco-grec est signé par les ministres des transports Clément Beaune et George Gerapetritis[27]. « Cet accord politique entre la France et la Grèce est une vraie coopération technique, technologique » et « opérationnelle », selon Clément Beaune[28]. L'accord vise à « la réévaluation régulière » des systèmes de fonctionnement ferroviaire, « l'application des pratiques internationales » en matière de sécurité et le « transfert du savoir-faire » afin d'« améliorer » les chemins de fer grecs, selon Giorgos Gerapetritis[29].
Le 2 juin 2023, le Parquet européen, met en cause Konstantínos Karamanlís et son prédécesseur Christos Spirtzis (PASOK). Le Parquet européen enquête en effet sur le mésusage des fonds européens, mésusage impliqué dans le désastre. K. Karamanlís est mis en cause pour malversations financières, tandis que C. Spirtzis est inquiété pour incurie. Toutefois, la loi grecque prévoit que l'assentiment du Parlement grec est nécessaire pour donner suite à de telles poursuites lorsqu'elles concernent des ministres. Or la majorité absolue détenue au Parlement par la Nouvelle démocratie, parti de Karamanlís, a rejeté en novembre 2023 la création d'une commission d'enquête proposée par le PASOK et n'a donc pas donné suite aux demandes du Parquet européen[30].
Dans un communiqué, le diadoque Paul de Grèce se dit « brisé face à la douleur indicible des parents qui ont perdu leurs enfants si injustement »[33].
Le président du Conseil européen, Charles Michel, exprime ses condoléances aux familles des victimes sur Twitter, tout comme la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président français Emmanuel Macron déclare que « la France se tient aux côtés des Grecs »[34]. Les médias d'État de la république populaire de Chine rapportent que le président Xi Jinping a envoyé une lettre de condoléances à Ekateríni Sakellaropoúlou[35]. Le ministère turc des Affaires étrangères publie une déclaration de condoléances à la suite de l'accident, souhaitant un prompt rétablissement aux personnes blessées dans la collision[36].
Des manifestations se produisent dans plusieurs villes grecques pour protester contre les défaillances du système ferroviaire et l'incurie des autorités[25],[37]. La privatisation du transport ferroviaire, exigée par l'Union européenne en 2017, est mise en cause par la gauche[38].
Le 15 mars 2023, les journalistes de Grèce annoncent se mettre en grève par solidarité après la catastrophe ferroviaire de Larissa, dans le but de « réclamer l’attribution réelle des responsabilités »[39]. Aucun bulletin d'information radiotélévisé n'est donc diffusé lors de cette journée.
Notes et références
Notes
↑Précédemment, l'accident ferroviaire de Corinthe d'octobre 1968 où deux trains de voyageurs s'étaient percutés était l'accident ferroviaire le plus meurtrier de Grèce avec trente-quatre morts.
↑ abc et d(en) Giannis Floulis et Karolina Tagaris, « Two trains collide in Greece, at least 36 killed, dozens injured », Reuters, (lire en ligne, consulté le ).
↑« En Grèce, un accident de train fait au moins trente-deux morts et des dizaines de blessés », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
↑ abc et dLe Monde avec AFP, « Grèce : la collision frontale entre un train de passagers et un convoi de marchandises fait au moins 36 morts », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Accident ferroviaire en Grèce : accord de coopération signé, la France apporte son savoir-faire », Sud Ouest, (ISSN1760-6454, lire en ligne, consulté le )