Abraham Ibn Waqar appartient à une famille éminente de Juifs, présents sur une longue période dans les cours royales castillanes, comme courtisans, diplomates, ou médecins[1],[2].
En 1270, il est enlevé, avec d'autres Juifs de la cour royale, par des nobles en rébellion qui exigent une suppression des taxes. Il est retenu en otage jusqu'en 1275, date à laquelle il retrouve ses fonctions[1],[3].
Il meurt en 1294[3],[1]. Cette date est toutefois contredite par Bernard R. Goldstein[5] et Norman Roth[2], qui affirment qu'Abraham (et son frère Issac) étaient présents au lit de mort de Sanche IV (décédé en 1295), Roth s'appuyant sur le récit de Don Juan Manuel dans son Libro de las armas.
Traductions
Entre 1270 et 1277, Abraham Alfaquín traduit des traités d'astronomie, Litab fi-hay’at al-alam, qui devient en castillan Libro de la constitución del univers, et le Kitâb fi hay’at al-‘alam («Sur la configuration du monde »), d'Alhazen[1].
En 1277, il traduit le Traité de la azafea, de Al-Zarqali, qui porte sur un astrolabe que ce dernier a inventé. Cette traduction vers le castillan servira de base pour les versions en latin et en italien. Il reprend également la traduction, effectuée par Fernand de Tolède et jugée peu satisfaisante par le roi, du Libro de la açafeha, un des livres du Libro del saber de astrología[4],[6].
C'est en 1263 qu'Abraham Alfaquín rédige La Escala de Mahoma. Il s'agit une traduction du Kitab al-Miraj(en), qui décrit le Miraj, c'est-à-dire le moment où, selon la tradition musulmane, Mahomet serait monté aux cieux en compagnie de l'ange Gabriel. Le texte est traduit, la même année, en latin, sous le titre Liber Scalæ Machometi, puis en ancien français[N 2], sous le titre Livre de l'Eschiele Mahomet, par Bonaventure de Sienne[1].
L'existence au XIIIe siècle de traductions du Kitab al-Miraj en castillan, latin et français a participé à une controverse concernant la Divine Comédie de Dante. « La polémique qui a suivi la publication de L’eschatologie islamique dans la Divine Comédie fut considérable »[7]. Miguel Asín Palacios y soutint que « Dante pour écrire son poème s'était directement inspiré de la légende de l'ascension de Mahomet »[8]. Ces traductions réfutaient en effet l'argument que « Dante, ignorant l'arabe, n'avait pu utiliser des textes rédigés en cette langue », montrant l'existence d'un « intermédiaire possible entre les légendes arabes et Dante […] et cette découverte rouvrait le débat »[9].
↑Carlo Ossola (trad. de l'italien par Martin Rueff), « L’échelle et l’anneau : Dante, l'Islam et la culture du Moyen Âge latin à partir de la thèse d’Asín Palacios », Poésie, no 127, , p. 25-37 (lire en ligne, consulté le ).