L'abbaye Blanche est située, près de la Cance, à la sortie nord du bourg de Mortain, commune déléguée de la commune nouvelle de Mortain-Bocage, dans le département français de la Manche.
Dans cette abbaye, dont l'abbatiale édifiée dans le dernier quart du XIIe siècle fut consacrée en 1205[5], il y a un prieuré dépendant de Cîteaux possédé par un religieux bernardin qui vaut 800 livres de rente en 1699[6].
Légendes
Le Centre d'études normand d'anthropologie, à la suite du professeur Jean-Charles Payen, voit dans l'abbaye Blanche un des éléments de la région Mortain/Domfront qui ont pu contribuer aux légendes arthuriennes : « Hélène, la reine aux grandes douleurs, prendra le voile dans une blanche abbaye de nonains »[7].
Supérieures
L'abbé de Clairvaux[8] est le supérieur hiérarchique des abbesses et prieures de l'abbaye Blanche ou des Blanches. De la fondation à 1350 sont connues trois abbesses : sainte Adeline décédée en 1125, Minguidia et Bergonia.
À partir de 1350, les supérieures sont des prieures : Clémence de Sousville, Mathilde, Marguerite Ire de Creuilly, Michelle de Heurcou, Marguerite II d'Argouges, Marguerite III de Cruesli, Guillemine de Valborel se succèdent. le XVIe siècle est une période de désordre[9]. En 1567, il n'y a que quatre religieuses au lieu de douze que doit réunir l'abbesse selon sa fondation[10]. Lucie de Carbonel décède en 1578 ; suivent : Jeanne de Grimouville et Jacqueline de Saussay. En 1612, l'abbaye est réparée[11]. Françoise de Baise et Isabelle de Saussay, fille du baron de Clais, sont les dernières prieures.
La nouvelle abbesse Henriette de Quelain décède en 1685. Marie-Madelaine Marin est nommée par le roi le . À cette époque l'abbaye avait 10 000 livres de rente et vingt-six religieuses[6], Geneviève de La Roque obtient une fieffe[12], décède en 1748 et Anne de Géraldin est abbesse de 1748 à 1766[13]. Madame de Lesquen est présente au début de la Révolution[14].
Sainte Adeline (morte en 1125), fondatrice de l'abbaye Blanche, sœur de Vital de Savigny.
Description
Sur le cadastre napoléonien, on voit clairement que l'abbaye reprend l'organisation classique cistercienne. Les bâtiments sont disposés autour du cloître au sud de l'église. La superposition de l'état actuel met en évidence la destruction d'une grande partie du bâti d'origine pour la construction du petit séminaire.
De l'église et des bâtiments conventuels édifiés entre 1150 et 1205, il ne subsiste que la salle capitulaire à deux nefs, le cellier, le cloîtreroman[16].
La salle capitulaire rectangulaire, du XIIIe siècle[2], ouvre sur le cloître par deux baies en plein cintre, partagée en deux nefs dont les voûtes d'arêtes retombent sur une file de piliers. Le cloître comprend encore deux galeries dont onze arceaux sont de la fin du XIIe siècle. Il est formé d'étroites arcades en plein cintre retombant sur des colonnettes qui lui donnent beaucoup de légèreté[17]. L'ensemble exprime bien l'austérité cistercienne.
Les stalles de l'abbaye Blanche sont classées au titre objet depuis le . Elles sont en bois taillé du XVIIe et XIXe siècles, les dosserets sont du XIXe siècle[19].
Terriers, propriétés, revenus, dépendances
L'abbaye Blanche n'est pas richement dotée ce qui lui vaut de perdre son titre d'abbaye entre 1350 et 1650 pour celui de prieuré. Elle possède la baronnie de Montfautrel en Sourdeval et Saint-Clément, vingt masures sur 280 hectares. Une masure est un ensemble cohérent avec maison, grange, étable, cour, courtil, jardin à herbes, jardin à arbres, terres labourables et non labourables, prés, mares, fontaine représenté par un aîné qui tient pour lui et ses puinés, par foi et par hommage une masure. Il assiste aux assemblées d'habitants (gages-pleiges), sert de prévôt selon son rang et paye les redevances.
↑L'implantation originelle était au Neufbourg ; l'ancien prieuré Blanc (XIIe siècle)[3].
↑Pour Bernard Beck, l'abbaye aurait été fondée par Adeline, sœur de saint Vital, en 1112, pour les moniales de l'ordre de Savigny[4].
Références
↑René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN978-2-35458-036-0), p. 492.
↑René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN978-2-35458-036-0), p. 347.
↑Bernard Beck (photogr. Bernard Pagnon), Quand les Normands bâtissaient les églises : 15 siècles de vie des hommes, d'histoire et d'architecture religieuse dans la Manche, Coutances, Éditions OCEP, , 204 p. (ISBN2-7134-0053-8), p. 175.
↑ a et bPénicaut Émmanuel, Pierre Gouhier, « L'intendance de Caen en 1700, édition critique des mémoires « pour l'instruction du duc de Bourgogne » ». In : Bibliothèque de l'école des chartes, 2001, tome 159, livraison 1. p. 337-338présentation en ligne.
Mémoire de la Société des antiquaires de Normandie, t. 2, Caen, Mancel, (lire en ligne), « Recherches sur les abbayes de la Manche - Abbaye Blanche », p. 118-122.
Poulle Béatrice : Les archives et la dédicace de l'Abbatiale de l'Abbaye Blanche, Revue de l'Avranchin, 1989, no 340.
H. Sauvage : Recherches historiques sur l'arrondissement de Mortain, 1851.