Antonin Artaud publie à compte d'auteur et sous le pseudonyme d'Eno Dailor le premier numéro de la revue Bilboquet, une feuille composée d'une introduction et de deux poèmes : « Toutes les revues sont les esclaves d'une manière de penser, et, par le fait, elles méprisent la pensée [...] Nous paraîtrons quand nous aurons quelque chose à dire. »[2]
À Paris, bal Tra-vesti-nsmental au profit de la caisse de secours de l'union des artistes russes organisé, entre autres, par Ilia Zdanevitch[3].
André Breton fait cesser les expériences de sommeil hypnotique[4].
1er avril Dans la NRF, Jacques Rivière fait l'éloge d'Aragon : « En lisant Aragon, je pense à Voltaire, mais encore plus au premier Barrès. » Aragon réplique : « L'imprudence que j'ai eue de publier un livre vous donne barre sur moi, le temps d'évoquer Voltaire que je tiens pour la dernière saloperie. »[réf. nécessaire]
Dans un entretien avec Roger Vitrac publié dans Le Journal du peuple, Breton fait part de son intention de ne plus écrire : « Je considère la situation des choses que je défends comme désespérée. Je tiens même la partie pour absolument perdue. »[6]
Le Journal du peuple publie un entretien entre Roger Vitrac et Tristan Tzara : « V : Avez-vous considéré le dadaïsme comme une fin ? T : Jamais. Je tiens d'ailleurs à ne plus prononcer ce mot. Dada a été une aventure purement personnelle, la matérialisation de mon dégoût. Peut-être a-t-il eu de résultats, des conséquences. »[7]
Publication à Berlin du premier numéro de la revue G (réduction extrême du titre Material zur elementaren Gestaltung), créée par Hans Richter, et qui se veut l'expression de la rencontre du dadaïsme et du constructivisme. Le titre de la revue est du peintre El Lissitzky[11].
Artaud subit une nouvelle série de piqûres et autres traitements antisyphilitiques : « Les engourdissements ont en partie disparu mais pour faire place à des céphalées encore plus violentes qui m'enlèvent plus que jamais la possession de ma pensée. »[5]
Publication de l'ouvrage de Ilia Zdanevitch, Ledentu le phare dont la préface devait être écrite par Paul Eluard. À la suite de la rupture entre dadas et surréalistes lors de la soirée du Cœur à barbe cette préface est confiée à Georges Ribemont-Dessaignes[14].
Novembre
Breton se rend dans la nouvelle maison qu'occupent Eluard, Gala et Max Ernst à Eaubonne (Val d'Oise). Il y découvre la décoration de la maison réalisée par Ernst qui « dépasse en horreur tout ce qu'on peut imaginer. Penser que la banlieue, la campagne vous cache de telles machinations : je sais bien que si j'étais la foudre je n'attendrais même pas l'été. »[15]
Parution du deuxième numéro de Bilboquet intégralement écrit par Artaud. À propos du roman de Raymond Radiguet, Le Diable au corps : « J'ai rarement lu un roman aussi cyniquement niais que celui de Raymond Radiguet. Toute l'habile singerie de l'homme s'y trouve collectée. C'est comme une maturité en raccourci. »[17]
À l'occasion de l'acquittement de Germaine Berton, jugée pour avoir assassiné le , Marius Plateau[19], secrétaire des Camelots du roi, Aragon, Breton, Simone Breton et Max Morise lui offrent une corbeille de roses et d'œillets rouges, accompagnée de ces mots : « À Germaine Berton, qui a fait ce que nous n'avons pas su faire. ». Cependant, Breton, dans une position équivoque, regrette que « l'acquittement retire au geste sa valeur de révolte[20] ».
Cette année-là
De retour en Roumanie, Marcel Janco fonde la revue d'art moderne Contimporanul[21].
D'une plateforme d'autobus, Yves Tanguy aperçoit dans la vitrine du marchand d'art Paul Guillaume le tableau de Giorgio De ChiricoLe Cerveau de l'enfant. Il saute du bus en marche pour le voir de plus près, reproduisant sans le savoir la même réaction qu'a eu Breton quelques années plus tôt[23].
À Prague, exposition Bazar moderniho umeni (Bazar d'art moderne)[24].
Clair de terre, recueil de poèmes, avec un portrait par Pablo Picasso, collection Littérature, achevé d'imprimer le 15 novembre[26] : « Les promesses des nuits étaient enfin tenues / Les pigeons voyageurs les baisers de secours / Se joignaient aux seins de la belle inconnue / Dardés sous le crêpe des significations parfaites / Une ferme prospérait en plein Paris / Et ses fenêtres donnaient sur la voie lactée / Mais personne ne l'habitait encore à cause des survenants. (Tournesol). »
Langage cuit, écriture automatique : « Dans l'escalier je la rencontrai. "Je mauve" me dit-elle et tandis que moi-même je cristal à pleine ciel-je à son regard qui fleuve vers moi. Or il serrure et, maîtresse ! Tu pichpin qu'a joli vase je me chaise si les chemins tombeaux. L'escalier, toujours l'escalier qui bibliothèque et la foule au bas plus abîme que le soleil ne cloche. »
Le Grand verre, la Mariée mise à nu par ses célibataires, même, huile sur verre, inachevé, commencé en 1915[28]. Breton : « Une œuvre dans laquelle il est impossible de ne pas voir le trophée d'une chasse fabuleuse sur des terrains vierges, aux confins de l'érotisme, de la spéculation philosophique, de l'esprit de compétition sportive des dernières données des sciences, du lyrisme et de l'humour. »
Les Hommes n'en sauront rien, huile sur toile. Au dos de la toile figure la légende : « Le croissant (jaune et parachute) empêche que le petit sifflet tombe par terre / Celui-ci, parce qu'on s'occupe de lui, s'imagine monter au soleil / Le soleil est divisé en deux pour mieux tourner / Le modèle est étendu dans une pose de rêve. La jambe droite est repliée (mouvement agréable et exact) / La main cache la terre. Par ce mouvement la terre prend l'importance d'un sexe / La lune parcourt à toute vitesse ses phases et éclipses / Le tableau est curieux par sa symétrie. Les deux sexes s'y font équilibre / à André Breton / très amicalement / max ernst »[33]
Pietà ou la révolution la nuit, huile sur toile[34]
Ledentu le phare, poème en zaoum : « Le zaoum est un langage d'apparence russe dont les mots et les onomatopées sont tels qu'ils permettent d'être le support du sens de plusieurs mots de sonorités proches ». La préface est de Georges Ribemont-Dessaignes[14]
↑Breton, OC1, p. XLVI, Laurent Le Bon (sous la direction de), Dada, Éditions du Centre Pompidou, Paris, 2005, p. 269 et Michel Sanouillet, Dada à Paris, CNRS éditions, Bayeux, 1965, édition remaniée et augmentée de 2005 (ISBN2-271-06337-X), p. 333. Le programme est reproduit par Dachy 2005, p. 338.
↑Henri Béhar, André Breton le grand indésirable, éditions Fayard, Paris, 2005, édition revue et ressourcée (Première édition chez Calmann-Lévy, 1990) (ISBN2-7021-1584-5), p. 312. Voir aussi Clair de Terre, Breton, OC, p. 187.
↑Adam Biro et René Passeron, Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Office du livre/Presses universitaires de France, (ISBN2-13-037280-5), p. 82.
↑« Où, selon Frantisek Smejkal, des transformations lyriques cubistes côtoient des échos du dadaïsme », Biro & Passeron, p. 129.
↑80,5 × 64 cm. Collection privée, Tate Gallery, Londres. Reproduction dans Beaux Arts magazine no 331, janvier 2012, p. 85. Ce tableau a été créé avant le mois d'octobre : Breton en a présenté une reproduction à Nadja qui « s'est longuement expliquée sur le sens particulièrement difficile [du tableau] et cela tout à fait conformément à la légende détaillée qui figure au dos de la toile », Breton, OC tome 1, p. 727 & p. 1554 pour la citation de la légende du tableau.
↑Œuvre probablement réalisée après mai 1923, car elle n'est pas mentionnée dans le texte d'Aragon de la même année Max Ernst peintre des illusions. Collection Roland Penrose, Londres. Clébert, p. 50 et reproduction dans Breton, OC1, p. 24.
↑Collection Penrose, Londres. Cité dans Sarane Alexandrian, L'Art surréaliste, Hazan, Paris, 1969, p. 62.
↑Reproduction dans Angliviel de la Beaumelle, p. 189.
↑81 × 65 cm. Musée national d'art moderne de Paris. Reproduction dans Beaux Arts magazine no 90, mai 1991, p. 1.
↑Reproduction dans Gabriele Crepaldi, L'Art moderne 1900-1945, Gründ, 2006, p. 208.
↑40,4 × 28,2 cm. Musée national d'art moderne, Paris. Reproduction dans Lemoine, p. 37.
↑36 × 31 cm. Galerie Berinson, Berlin. Reproduction dans Dachy 2005, p. 531.
↑22,5 × 19,2 cm. Israël Museum, Jérusalem. Reproduction dans Dachy 2005, p. 526.
↑Éditions Ça ira, Bruxelles. Xavier Canonne, Le Surréalisme en Belgique. 1924-2000, éditions Actes Sud, Arles, 2007, p. 18.
↑Museum of Modern Art, New York. Cité dans Alexandrian, p. 71.
↑116 × 88,5 cm. Musée nationale d'art moderne de Paris. Reproduction dans Beaux Arts magazine no 103, juillet-août 1992, p. 49.
↑22,2 × 12 × 11 cm. Paris, Centre Pompidou. Détails des fortunes et versions diverses qu'a connu cet objet et reproduction dans Didier Ottinger (sous la direction de), Dictionnaire de l'objet surréaliste, Gallimard & Centre Pompidou, Paris, 2013 (ISBN978-2-07-014181-4), p. 150.
↑Considéré comme représentant de la musique surréaliste selon Noëmi Blumenkranz dans Biro & Passeron, p. 25. Film cité, avec un photogramme, dans Dachy 2005, p. 339.
↑Reproduction dans Aurélie Verdier, L'ABCdaire de Dada, éditions Flammarion, 2005, p. 104.