1918 en dadaïsme et surréalisme

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Éphémérides

Janvier

  • André Breton prépare une conférence sur Alfred Jarry mais les bombardements sur Paris empêcheront l'ouverture du théâtre du Vieux-Colombier[3].

Mars

Avril

  • André Breton découvre chez Apollinaire les deux premiers numéros de la revue Dada[6].

Mai


  • André Breton est envoyé au Centre d'instruction de Noailles, puis à Moret-sur-Loing et Saint-Mammès où il est affecté au 81e régiment d'artillerie lourde comme infirmier[7].
  • Au cours d'une opération commando, Joë Bousquet est grièvement blessé. Il en devient paraplégique[8].
  • Publication dans la revue SIC du premier texte co-signé Louis Aragon et Breton, Treize études[9].

Juin

Juillet


  • Reçu à l'examen de médecine auxiliaire, Louis Aragon est envoyé à Saint-Dizier, puis sur le front en Champagne[9].

  • Tristan Tzara lit le Manifeste Dada 1918 et en donne la première présentation publique[12].
  • Breton découvre dans la revue La Phalange, numéro du , un article de Valery Larbaud au sujet des Poésies de Lautréamont. Il se rend à la Bibliothèque Nationale pour en recopier le seul exemplaire connu : « Je ne pense qu'à Maldoror. », écrit-il à Fraenkel[17].

Août


  • À Couvrelles, par trois fois, Aragon est enterré vivant par les bombardements ; il passe pour mort selon l'administration militaire[18].

Septembre


  • Représentation à Zurich du spectacle de marionnettes Le Roi cerf. La fable de la pièce initiale de Carlo Gozzi (1720-1806) est transposée en 1913 et raconte l'épisode de la rupture survenue entre Carl Jung et Sigmund Freud. Aux personnages traditionnels de la commedia dell'arte se mêlent des personnages originaux appelés Docteur Complex, Freud Analyticus[20] et la Fée Urlibido. Les marionnettes ainsi que les décors sont réalisés par Sophie Taeuber[21].

  • La revue de Louis Delluc Le Film publie un article de Louis Aragon intitulé Du décor : « […] courageux précurseurs, qu'ils fussent peintres ou poètes […] qu'un journal ou un paquet de cigarettes savaient émouvoir […] Ils connaissent cette fascination des hiéroglyphes sur les murs […] Ces lettres qui vantent un savon valent les caractères des obélisques ou les inscriptions d'un grimoire de sorcellerie […] Nous les avons déjà vues éléments d'art chez Picasso, Braque ou Juan Gris. »[22]

  • Breton est affecté à l'hôpital du Val-de-Grâce pour y préparer l'examen de médecin auxiliaire. Il prend une chambre à l'hôtel des Grands Hommes, 9 place du Panthéon[23].

Octobre

Novembre


  • Mort de Guillaume Apollinaire à 37 ans, victime de la grippe espagnole[25].
    Soupault : « C'est Apollinaire qui me prit par la main et qui me montra ce qu'était la poésie vivante et la pénitence du feu […] Je puis encore reconnaître certains jours, dans un rayon de soleil, au coin d'une rue ou brillant dans la monotonie de la pluie qui tombe, le sourire d'Apollinaire. »[26]

  • Louis Aragon est envoyé en Alsace, puis en Sarre avec l'armée d'occupation[27].

  • Lettre de Jacques Vaché à Breton : « Comment vais-je faire, pauvre ami, pour supporter ces derniers mois d'uniforme [...] ILS se méfient... ILS se doutent de quelque chose - Pourvu qu'ILS ne me décervèlent pas pendant qu'ILS m'ont en leur pouvoir. »[28]

  • Jacques Vaché, Blanche acétylène, poème joint à la lettre du adressée à Breton le .

  • Première représentation de Couleur du temps d'Apollinaire[29]. Au cours de cette représentation, Paul Eluard approche Breton mais à cause de sa timidité, il prétexte la ressemblance avec un ami qu'il croyait mort à la guerre[30].
  • À Berlin, le Novembergruppe dont font partie Jefim Golyscheff et le peintre expressionniste Emil Nolde publie un manifeste demandant la dissolution des académies et la liberté totale du dessin dans les arts plastiques[31].

Décembre


  • Lettre de Vaché à Breton : « [...] je m'en rapporte à vous pour préparer les voies de ce Dieu décevant, ricaneur un peu, et terrible en tout cas. Comme ce sera drôle, voyez-vous, ce vrai ESPRIT NOUVEAU se déchaîne. J'ai reçu votre lettre en multiples découpures collées, qui m'a empli de contentement - C'est très beau, mais il y manque quelqu'extrait d'indicateur de chemins de fer, ne croyez-vous pas ? ... Apollinaire a fait beaucoup pour nous et n'est certes pas mort ; il a, d'ailleurs, bien fait de s'arrêter à temps [...] IL MARQUE UNE ÉPOQUE. Les belles choses que nous allons pouvoir faire ; - MAINTENANT ! »[32]
  • Parution du troisième numéro de Dada, lettrage rouge sur couverture blanche avec un bois gravé abstrait de Marcel Janco et citation de René Descartes : « Je ne veux même pas savoir s'il y a eu des hommes avant moi. ». Il contient le Manifeste Dada 1918. Tristan Tzara : « Je suis contre les systèmes, le plus acceptable des systèmes est celui de n'en avoir par principe aucun […] Il nous faut des œuvres fortes, droites, précises à jamais incomprises […] Je détruis les tiroirs du cerveau et ceux de l'organisation sociale. Dada ne signifie rien. »[33]


Cette année-là

  • À Barcelone, première exposition de Joan Miró. Commence sa période « détailliste »[36].
  • Depuis New York, Francis Picabia, ayant entendu parler de Dada, arrive à Zurich où il demande : « Qu'est-ce que Dada ? »[37]
  • Kurt Schwitters invente le mot merz qu'il accole à toutes ses œuvres pour développer son propre dadaïsme[38].


Œuvres

Abstract painting of Marcel Duchamp

Notes et références

  1. ↑ Marc Dachy, Archives Dada. Chroniques, Éditions Hazan, Paris, 2005 (ISBN 2-7541-0009-1), p. 84.
  2. ↑ Laurent Le Bon (sous la direction de), Dada, Éditions du Centre Pompidou, Paris, 2005, p. 264.
  3. ↑ André Breton, Œuvres complètes, tome 1, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1988 (ISBN 2-07-011138-5), p. XXXVI.
  4. ↑ Aragon, Œuvres poétiques complètes, tome 1 : chronologie, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2007 (ISBN 978-2-07-011327-9), p. LIII.
  5. ↑ Voir aussi le souvenir de Soupault en 1917. Impossible à ce jour, de savoir qui a découvert Lautréamont. Breton, OC1, p. XXXVI.
  6. ↑ André Breton : la beauté convulsive, éditions du Centre Pompidou, Paris 1991 (ISBN 2-85850-567-5), p. 91.
  7. ↑ Breton, OC1, p. XXXVII.
  8. ↑ Adam Biro et René Passeron, Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Office du livre/Presses universitaires de France, (ISBN 2-13-037280-5), p. 61.
  9. ↑ a et b Aragon, OP1, p. LIII.
  10. ↑ Michel Sanouillet, Dada à Paris, Paris, CNRS Éditions, (1re éd. 1965) (ISBN 2-271-06337-X), p. 114
  11. ↑ Paul Eluard, Poésies complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1968, p. LXI.
  12. ↑ Dominique Baudoin et Michel Sanouillet, Dada, réimpression intégrale et dossier critique de la revue publiée de 1917 à 1922 par Tristan Tzara, vol. II - appareil critique, Nice, Centre du XXe siècle, (ISBN 2-902311-19-2), p. 87
  13. ↑ Fraenkel (1896-1964), ami de Breton depuis le collège Chaptal. Élève à la faculté de médecine, il rejoint Breton à Nantes en 1915, y fait la connaissance de Jacques Vaché, puis retrouve Louis Aragon et Breton à l'hôpital du Val-de-Grâce en 1917. Pierre Daix, La Vie quotidienne des surréalistes (1917-1932), éditions Hachette, Paris, 1993, p. 424.
  14. ↑ Daix, p. 30.
  15. ↑ Eluard, p. LXI.
  16. ↑ Gabriele Crepaldi, L'Art moderne 1900-1945, Gründ, 2006, p. 194.
  17. ↑ Lettre du 29 juillet. Breton, OC1, p. XXXVII.
  18. ↑ Daix, p. 29 et Aragon, OP1, p. LIII.
  19. ↑ Jean-Paul Clébert, Dictionnaire du Surréalisme, Éditions du Seuil & A.T.P., Chamalières, 1996 (ISBN 978-2-02-024588-3), p. 46.
  20. ↑ Photographie de la marionnette dans L'Œil no 613, mai 2009, p. 58.
  21. ↑ Le Bon, p. 930.
  22. ↑ Daix, p. 62.
  23. ↑ Breton, OC1, p. XXXVIII.
  24. ↑ Marc Dachy, Dada, la Révolte de l'art, Gallimard, 2005, p. 46.
  25. ↑ a et b Daix, p. 31.
  26. ↑ Daix, p. 32.
  27. ↑ Cette période sera évoquée, quarante ans plus tard, dans son poème Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
  28. ↑ Vaché, p. 45.
  29. ↑ Breton, OC tome 1, p. XX.
  30. ↑ Daix, p. 99.
  31. ↑ Artpress, janvier 2007.
  32. ↑ Vaché, p. 48.
  33. ↑ Daix, p. 42.
  34. ↑ Dachy Hazan 2005, p. 75.
  35. ↑ Serge Lemoine, Dada, Hazan, Paris, 1991-2005, p. 73.
  36. ↑ Sarane Alexandrian, L'Art surréaliste, Hazan, Paris, 1969, p. 71.
  37. ↑ Témoignage de Marcel Janco en 1982 reproduit dans Dachy Hazan 2005, p. 33.
  38. ↑ Dachy Hazan 2005, p. 194.
  39. ↑ Agnès Angliviel de la Beaumelle, Yves Tanguy, Centre Pompidou, Paris, 1982, p. 168.
  40. ↑ Le Bon, p. 112.
  41. ↑ Lemoine, p. 19.
  42. ↑ 78 × 94 cm. Centre Pompidou, Paris (œuvre acquise en 2009). Reproduction dans Le Surréalisme 1922-1942, catalogue de l'exposition du Musée des Arts Décoratifs de Paris, 1972, p. 59.
  43. ↑ Tableau exposé au MoMa (Museum of Modern Art) de New York|url=https://www.moma.org/collection/works/79378
  44. ↑ « Cet œuvre constitue son adieu à la peinture sur toile ». Description et commentaire dans Alexandrian, p. 36.
  45. ↑ Le Bon, p. 467.
  46. ↑ Philadelphia Museum of Art
  47. ↑ 20,3 × 27,3 cm. Israël museum, Jérusalem. Reproduction dans Dachy Hazan 2005, p. 178.
  48. ↑ 140 × 110 cm. Staatsgalerie, Stuttgart. Reproduction dans Lemoine, p. 42.
  49. ↑ Le Bon, p. 260.
  50. ↑ Lemoine, p. 30.
  51. ↑ 32 × 15 cm. Musée départemental d'art contemporain, Rochechouart. Reproduction dans Dachy, p. 474.
  52. ↑ Collection Silvio Perlstein, Garches. Reproduction dans Dachy Hazan 2005, p. 21.
  53. ↑ 60 × 70 cm. Reproduction dans Connaissance des arts no 662, juillet-août 2008, p. 62.
  54. ↑ a et b Cité dans Alexandrian, p. 41.
  55. ↑ Collection Mme Henry, Paris. Reproduction dans Alexandrian, p. 39.
  56. ↑ 62,8 × 45,6 cm. Centre Pompidou, Paris. Reproduction dans L'Œil no 683, octobre 2015, p. 75.
  57. ↑ Reproduction dans Lemoine, p. 30, intitulée La Femme et datée de 1920 dans André Breton : la beauté convulsive, éditions du Centre Pompidou, Paris 1991 (ISBN 2-85850-567-5), p. 160.
  58. ↑ 100 × 81 cm. Collection particulière. Reproduction dans Lemoine, p. 82.
  59. ↑ Reproduction dans Lemoine, p. 25.
  60. ↑ Reproduction dans Lemoine, p. 18.
  61. ↑ Photographie des marionnettes dans Dachy Hazan 2005, p. 44.
  62. ↑ Reproduction dans Le Bon, p. 927 et Lemoine, p. 22.

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