Étienne Paul Marie Lamotte, né le à Dinant et mort le à Bruxelles, prêtre belge et professeur à l'Université catholique de Louvain, est particulièrement célèbre en sa qualité d'indianiste, auquel on doit de nombreuses traductions des sūtras et des commentaires bouddhiques. Il est en outre le principal successeur de l'indianiste belge Louis de la Vallée Poussin dans le domaine des études bouddhiques[1].
Biographie
Étienne Lamotte fit ses études de théologie à Malines. C'est dans ce diocèse qu'il reçoit le sacerdoce en 1926. En 1929, il est docteur en langues orientales à l'Université de Louvain avec une thèse sur la Bhagavad-Gîtâ, et en 1930, il obtient de la même université le titre de docteur en philosophie et en lettres.
Surtout connu comme indianiste, il fut en son temps la plus grande autorité occidentale sur le bouddhisme indien. Il était l'un des rares spécialistes à connaître les principales langues des textes bouddhistes : pâli, sanskrit, chinois et tibétain.
On lui doit d'importantes traductions en français, parmi lesquelles la traduction depuis le chinois du premier tiers de la colossale Mahāprajñāpāramitāśāstra(Traité de la grande Vertu de SagesseDa zhidu lun(en)), texte attribué par la tradition chinoise à Nāgārjuna. E. Lamotte estimait que le texte avait très probablement été composé par un bhikkhu indien de l'école Sarvāstivādin, qui s'était par la suite converti au bouddhisme mahāyāna. La traduction d'E. Lamotte, que sa mort laissa inachevée, a été publiée en cinq volumes entre 1944 et 1980. Il a publié également d'autres traductions de sûtramahāyāna, parmi lesquels le Shūrangamasamādhi sūtra et le Vimalakīrti Sūtra.
Il est l'auteur d'une monumentale Histoire du bouddhisme indien: des origines à l'ère Sáka, paru en 1958. Cet ouvrage, qui constitue la première partie d'un travail resté inachevé, demeure une référence incontournable en langue française.
Il ne put voyager en Asie qu'à la fin de sa vie, au moment où ses collègues des différents centres de recherche témoignèrent par leur estime de la valeur de ses travaux. « Une institution monastique majeure du Sri Lanka lui décernait le titre - exceptionnel pour un étranger et un non-bouddhiste - d'« expert dans les Écritures »[2]. »
Citations
Le dialogue « ne peut s'engager sans une initiation préalable de part et d'autre[2]. »
Il y a quelque naïveté à traiter des « valeurs chrétiennes des religions non chrétiennes ».
Que penserions-nous si l'on nous répondait par une étude sur la « valeur bouddhique de la doctrine chrétienne »[2] ?
Publications
Traductions
Samdhinirmocanasūtra. L'explication des mystères. Texte tibétain édité et traduit, Bibliothèque de l'Université, A. Maisonneuve, Louvain et Paris, 1935, 238 p.
Vasubandhu : Le Traité de l'acte de Vasubandhu Karmasiddhi-prakaraņa, Imprimerie Sainte Catherine, Bruges, 1936. Version tibétaine, traduction chinoise par Hiuan-tsang, traduction française annotée.
Asanga : La Somme du Grand Véhicule. Mahāyānasamgraha, Bureau du Muséon, Louvain, 1938-1939
t. I : Versions tibétaine et chinoise, VIIII-72 p.
t. II : Traduction et commentaire, 345 p. + 72
Nāgārjuna : Le Traité de la grande vertu de sagesse de Nāgārjuna, Mahāprajñāpāramitāśāstra, traduit en chinois par Kumārajīva, Bureaux du Muséon, Louvain,
vol. 1 (chap. I-XV), 1944, XXXII, p. 1-620
vol. 2 (chap. XVI-XXX), 1949, XVII, p. 621-1118 [1]
vol. 3 (chap. XXXI-XLII), 1970, LXVIII, p. 1119-1733
vol. 4, 1976 (chap. XLII suite-XLVIII), XX, p. 1735-2162
vol. 5 (chap. XLIX-LII et XX), 1980, XVI, p. 2163-2451
Études
Notes sur la Bhagavad-Gîtâ, préface de Louis de La Vallée-Poussin, Paul Geuthner, Paris, 1929, XIII-153 p.
"Le bouddhisme des Laïcs", Studies in Indology and Buddhology, Présented in Honour of professor Susumu Yamaguchi on the Occasion of his Sixtieth Birthday, Hozokan Kyoto, 1955
Histoire du bouddhisme indien. Des origines à l'ère Saka, Publications universitaires & Institut orientaliste, Louvain, 1958, XXII-862 p.
"La légende du Buddha", Revue de l'histoire des religions, vol. 134 (1948-1948), p. 37-71 [2].
"Alexandre et le bouddhisme", BEFEO, vol. 44.1 (1951), p. 147-162 [3].
"La personnalité et l'esprit de Sâkyamuni", BCL (Académie royale de Belgique, Bulletin de la classe des lettres), vol. 41 (1955), p. 198-218.
"Un festin d'immortalité dans le bouddhisme", BCL, vol. 49 (1963), p. 173-182.
"Le concept de vacuité dans le bouddhisme", BCL, vol. 63 (1977), p. 66-78.