Des élections législatives ont lieu au Vanuatu le . Il s'agit des premières élections nationales depuis l'indépendance du pays en 1980. Le Parlement, monocaméral, comprend trente-neuf députés, issus de quatorze circonscriptions, à élire avec un mandat de quatre ans[1].
Contexte politique
Le gouvernement sortant est celui du Premier ministre, le pasteur Walter Lini, du Vanua'aku Pati (Parti de Notre Terre). Les élections de 1979 lui ont conféré une majorité absolue, avec vingt-six sièges, les treize autres revenant aux partis dits « modérés », alliance informelle de partis francophones nationaux et provinciaux. La politique du Vanuatu, ancien condominium franco-britannique, est en effet scindée entre les francophones, issus en général des écoles coloniales françaises, et les anglophones, rassemblés derrière Walter Lini. Le Vanua'aku Pati a été le principal mouvement anticolonial, tandis que les francophones se montraient davantage rétifs à une décolonisation rapide.
En vue des élections de 1983, les francophones se sont pour la plupart rassemblés en une Union des Partis modérés (UPM), bien qu'existe aussi un petit Parti fren mélanésien (issu de l'Église libre protestante), ne présentant de candidat que dans une seule circonscription. Le Parti fren, le Namangi-Aute et le Nagriamel sont des partis régionalistes représentant des autochtones francophones des îles de Malekula et d'Espiritu Santo, et sont proches de l'UPM[2].
L'attitude des partis vis-à-vis de la décolonisation demeure un thème de campagne, le Vanua'aku Pati accusant ses adversaires francophones d'être financés par la France. Outre ce thème, les partis se différencient par la politique qu'ils proposent. Walter Lini a formulé une idéologie de socialisme chrétien empreinte de 'valeurs autochtones', qu'il qualifie de « socialisme mélanésien », et prône une politique étrangère de non-alignement et de soutien envers les mouvements anti-coloniaux ; l'UPM se veut, comme son nom l'indique, davantage « modérée »[1],[3],[4].
Le Vanua'aku Pati présente le plus de candidats (31), devant l'UPM (25 candidats), le Parti de l'Alliance indépendante (Independent Alliance Party, issu d'une scission du Vanua'aku Pati en 1981) (15 candidats), Nagriamel (mouvement francophile qui avait tenté de proclamer la sécession de l'île d'Espiritu Santo en 1980) (4 candidats), et le Parti fren mélanésien (1 seul candidat). Le taux de participation est de 98,7 % des électeurs inscrits[1].
Le Vanua'aku Pati perd un siège, mais conserve sa majorité absolue au Parlement. L'Union des Partis modérés s'impose comme la principale force d'opposition, et comme la seule alternative politique conséquente. Nagriamel conserve son unique siège. Le Parti fren fait son entrée au Parlement, avec un siège[1].
Le , sans surprise, la majorité des députés reconduisent Walter Lini au poste de Premier ministre[1].
↑Élise Huffer, Grands hommes et petites îles : La politique extérieure de Fidji, de Tonga et du Vanuatu, Paris : Orstom, 1993, (ISBN2-7099-1125-6)
↑William F.S. Miles, Bridging Mental Boundaries in a Postcolonial Microcosm: Identity and Development in Vanuatu, Honolulu : University of Hawaii Press, 1998, (ISBN0-8248-2048-7)
↑Elections in Asia and the Pacific, A Data Handbook, vol. II, Dieter Nohlenet al.