Deux semaines après le décès de Yasser Arafat, le Fatah a nommé pour candidat du mouvement Mahmoud Abbas, ancien Premier ministre, malgré son relatif manque de soutien populaire. Or, l'ancien leader du Fatah en Cisjordanie et membre du Conseil législatif palestinienMarwan Barghouti suggéra, depuis sa prison en Israël où il a été condamné pour ses responsabilités dans plusieurs attentats meurtriers lors de la Seconde Intifada, qu'il pourrait se porter candidat pour l'élection. Les spéculations se multiplièrent alors autour de la possibilité de cette candidature capable de rivaliser sérieusement avec Abbas, ce qui rencontra l'opposition d'activistes du Fatah.
Après plusieurs annonces contradictoires successives, Marwan Barghouti déclara officielle sa candidature juste avant la date limite des dépôts, mais il se retira de la course le 21 décembre après discussions avec les dirigeants du Fatah.
Les sondages d'opinion avant ce retrait donnaient des résultats serrés entre les deux candidats du Fatah :
Mahmoud Abbas 44 % / Marwan Barghouti 46 % (±3 %) (Development Studies Program, Bir Zeit University)
Mahmoud Abbas 40 % / Marwan Barghouti 38 % (±3 %) (Palestinian Center for Policy and Survey Research)
Mahmoud Abbas 40 % / Marwan Barghouti 22 % (±3 %) (Palestinian Center for Public Opinion)
Après le retrait, Abbas devint le favori du scrutin, devant Mustafa Barghouti en seconde position.
Trois autres candidats qui étaient inscrits comme candidats se sont retirés après l'établissement de la liste officielle des candidats. Ce sont: Marwan Barghouti, Hassan Khreisheh et Abd al-Sattar Qasim.
Difficultés rencontrées au cours de la campagne
La campagne électorale a rencontré des problèmes liés aux déplacements limités dus aux barrages israéliens dans les territoires palestiniens, bien que les autorités israéliennes aient assuré qu'ils feraient de leur mieux pour permettre le déroulement des élections.
Nombre d'opposants à Abbas protestèrent contre ces difficultés alors qu'Israël avait autorisé Abbas à mener sa campagne électorale dans ces lieux. Abbas fut notamment le seul candidat à accéder à Gaza.
Déroulement de la consultation
Accès aux bureaux de vote
L'élection a été marquée par des difficultés rencontrées par les Palestiniens pour accéder aux bureaux de vote. À Khan Younès, des soldats israéliens ont ouverts le feu contre un bureau de vote dans une école et près d'un barrage, empêchant certains accès aux bureaux de vote, d'après le site internet imemc.org.
Des problèmes techniques ont aussi été rencontrés dus à des listes électorales incomplètes. Les personnes non enregistrées dans les listes furent autorisées à voter sur présentation d'une carte d'identité valide. Le vote a été prolongé de deux heures supplémentaires après la fermeture prévue, apparemment à la demande du Fatah. Le dirigeant de la commission électorale a démissionné pour protester.
L'élection a été observée par un grand nombre d'observateurs internationaux dont l'ancien Président américain Jimmy Carter.
Le chef de la politique étrangère de l'Union européenne, Javier Solana, a critiqué Israël pour avoir empêché le bon déroulement de cette élection présidentielle. Il aurait reproché aux Israéliens de ne pas avoir tenu leurs promesses de faciliter cette élection[2]
Exclusion des Palestiniens de Diaspora
En plus de la faible participation des Palestiniens des territoires, les Palestiniens vivant en réfugiés ou exilés hors de Palestine n'ont pas pu participer à l'élection.
Contrairement à ce qui était fait en Afghanistan et en Irak, peu d'efforts de la communauté internationale ont été notés pour permettre la participation de ces populations de la diaspora palestinienne ou la candidature de Palestiniens exilés.
Résultats
Mahmoud Abbas gagne l'élection avec plus de 62 % des votes enregistrés. 72;13 % des inscrits aux listes électorales ont voté, mais 30 % des citoyens n'étaient pas enregistrés sur ces listes.
Les résultats complets ont été publiés le par la Commission Centrale des Élections [3]:
À la veille du scrutin, 1,092,407 personnes étaient enregistrées sur les listes électorales d'après la Commission Centrale des Élections (CCE).
Toutefois, lors d'un rapport du , la CCE explique : « le nombre de personnes enregistrées sur les listes d'électeurs a atteint le nombre de 1 111 868, soit 67 % du nombre d'électeurs potentiels estimé pendant la campagne d'enregistrement menée du 4 septembre au 13 octobre 2004. Parmi ces listes, 19 000 noms ont été retirés car des informations étaient manquantes ou à cause de redondance de noms. Après ces ajustements, le nombre de votants enregistrés est descendu à 1 092 856 »[4].
Un total de 775 146 bulletins ont été validés lors de la consultation du , selon le rapport officiel qui donnait le détail des votes par candidat.
À l'issue du scrutin, le Dr Hanna Nasir de la Commission Centrale des Élections a affirmé que « environ 70 % des personnes enregistrées avaient voté... et qu'approximativement 10 % seulement des personnes non enregistrées étaient venues voter. ».
Dans un souci de permettre une forte participation au scrutin, la Commission a tenté d'enregistrer le plus grand nombre de Palestiniens sur les listes de l'élection. À quelques heures de la fin du scrutin, la décision de permettre à des personnes non enregistrées de voter en utilisant leur carte d'identité a été grandement contestée, faisant craindre des votes multiples. Un officiel palestinien de l'encadrement de l'élection a déclaré sous l'anonymat à Associated Press que cette décision avait été prise après de fortes pressions du mouvement Fatah de Mahmoud Abbas qui aurait craint son affaiblissement dans le cas d'une faible participation [5].
Réactions internationales
Le Président américain George W. Bush a déclaré que cette élection marquait une étape essentielle vers l'objectif d'un État et a promis d'aider le nouveau président palestinien à relancer les négociations de paix avec Israël.
Abbas fut également félicité par le Premier ministre Ariel Sharon qui lui téléphona après l'annonce des résultats officiels. Sharon réitéra son appel au nouveau dirigeant afin qu'il s'investisse pour mettre fin aux attaques contre des Israéliens.