L'œuvre est le premier « envoi de Rome » d'Ingres sous la forme d'une étude de figure (une académie). Elle a été envoyée avec La Baigneuse Valpainçon, et jugée négativement. Ingres reprend cette étude en 1827 dans le but de l'exposer au Salon. Il élargit la toile, agrandit la figure du Sphinx, et ajoute le compagnon d'Œdipe[1].
Sur ce tableau, Œdipe est nu (il s'agit sûrement d'un modèle peint en atelier) à l’exception d'une étoffe rouge. Il est armé de deux lances et reçoit la majorité de la lumière. Le sphinx, créature mythologique à tête de femme et corps de lion, domine Œdipe. Sous son promontoire on peut observer un cadavre et des ossements. En bas à droite, un homme semble fuir à la vue du sphinx. Derrière ce dernier, Thèbes se laisse deviner. Le cadre s'inscrit dans une cavité rocheuse. Le nom de l'auteur et la date de l’œuvre apparaissent sur la roche où Œdipe a posé le pied gauche.
La créature fut envoyée par Héra pour punir la ville de Thèbes du viol que Laïos, roi de Thèbes, a effectué sur Chrysippe, fils de la nympheDanaïs[3]. Elle attend la personne qui résoudra son énigme : « Quel est l'animal qui marche le matin sur quatre pattes, à midi sur deux pattes et le soir sur trois pattes ? ». Tous ceux qui échouent meurent. Mais un jour, après avoir tué un voyageur, Œdipe arrive à Thèbes. Il donne comme réponse au Sphinx, l'Homme, et celui-ci se suicide. Œdipe est accueilli en héros à Thèbes et se marie avec la veuve Jocaste. Finalement, il aura accompli son destin, qui était de tuer son père et d'épouser sa mère.
En appropriant l'Œdipe explique l'énigme du sphinx d'Ingres dans son tableau Un charnier de plus[5], le peintre péruvien Herman Braun-Vega établit un parallèle entre la tragédie grecque et les guerres fratricides contemporaines[6]. Sur la droite du tableau, l'une des coupures de presse annonçant la découverte d'un nouveau charnier à Ayacucho au Pérou[7] fait écho au charnier qu'on devine à gauche sous le Sphynx qui devient une allégorie de l'ordre établit contre lequel luttent les terroristes du Sentier Lumineux[8].
↑(es) Manuel Siurana Roglán, Braun-Vega y sus maestros, un recorrido por la historia del arte (Recursos pedagógicos para secundaria), Teruel, España, Asociación Cultural Repavalde y Museo de Teruel (DPTE), , 35 p. (lire en ligne), p. 9 :
« Un charnier de plus es una reflexión sobre las guerras fratricidas, que entronca la tragedia griega con el presente, representado por la Rumanía de Ceaucescu y por las luchas internas en Perú. »
↑(es) « HERMAN BRAUN : No hay imagen inocente », La Republica, Lima, , p. 7-8 (lire en ligne) :
« Por otro lado pongo a la madre de Edipo, Yocasta, en primer plano, pintada a la manera de Picasso, con un collage sobre la pierna, a la manera de Matisse, con un periódico francés que informa sobre una fosa de cadáveres encontrada en Ayacucho, con el titular: "Encore un charnier", que es lo que da el nombre al cuadro. »
↑(es) Roberto QUIROZ, « Herman Braun-Vega o el arte irreverente : Un cebichito con Rembrandt », VSD, Lima, , p. 16 (lire en ligne) :
« Aquí lo que me interesa es la Guerra Civil que ya hay en el país, de un grupo pequeño contra lo establecido, contra la Esfinge... »
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Robert Rosenblum, Ingres, Paris, Cercle d'art, , p. 80-81
Mehdi Korchane, Maestà di Roma. Da Napoleone all'unità d'Italia, Académie de France à Rome, Villa Médicis, Rome, Electa, , « D'Ingres à Degas. Les artistes français à Rome, catalogue d'exposition, Rome », p. 489-490
Lucie Streiff-Rivail (coordination et suivi éditorial), Isabelle Pelletier (coordination et suivi éditorial (assistante)), Charles-Hilaire Valentin (iconographie), Nicolas Neumann (directeur éditorial), Lydia Labadi (coordination et suivi éditorial), Astrid Bargeton (coordination et suivi éditorial (assistante)), Loïc Levêque (conception graphique et réalisation), Sarah Zhiri (contribution éditoriale), Michel Brousset (fabrication), Béatrice Bourgerie (fabrication), Mélanie Le Gros (fabrication), Jean-Luc Martinez (auteur), Vincent Pomarède (auteur) et al. (préf. Daniel Percheron), Louvre-Lens, le guide 2013, Lens & Paris, Musée du Louvre-Lens & Somogy éditions d'art, , 296 p., 16,2 cm × 23 cm (ISBN978-2-36838-002-4 et 978-2-7572-0605-8), p. 292.
Lucie Streiff-Rivail (coordination et suivi éditorial), Charles-Hilaire Valentin (iconographie, coordination et suivi éditorial), Élodie Couécou (iconographie), Nicolas Neumann (directeur éditorial), Loïc Levêque (conception graphique et réalisation), Lydia Labadi (coordination et suivi éditorial), Laurence Verrand (coordination et suivi éditorial), Sarah Zhiri (contribution éditoriale), Renaud Berombes (contribution éditoriale), Marion Lacroix (contribution éditoriale), Michel Brousset (fabrication), Béatrice Bourgerie (fabrication), Mélanie Le Gros (fabrication), Jean-Luc Martinez (commissaire de l'exposition), Vincent Pomarède (commissaire de l'exposition) et al. (préf. Daniel Percheron), Louvre-Lens, le guide 2014, Lens & Paris, Musée du Louvre-Lens & Somogy éditions d'art, , 296 p., 16,2 cm × 23 cm (ISBN978-2-36838-018-5 et 978-2-7572-0764-2, BNF43767029), p. 292-293.
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