Đạm Phương (1881-1947) de son vrai nom Công Nữ Đồng Canh, communément appelée "la lettrée" (Đạm Phương nữ sử) est une poétesse, une activiste sociale et une journaliste d’avant-garde. Elle était la petite fille de l’empereur Minh Mạng.
Biographie
Elle naquit le à Huế et mourut le à Thanh Hóa. À l’âge de 20 ans en 1901, elle fut invitée à la cité impériale pour divulguer son enseignement aux princesses et aux femmes du palais[1].
Son premier article de presse paru dans la revue Nam Phong (Vent du Sud) à Hanoi en .
De 1918 à 1929, elle rédigea plus de deux cents articles pour les rares journaux de la première vague du journalisme, tels que : Trung Bắc tân văn (Gazette Annam-Tonkin)où elle assure la rubrique « Parole de femmes » et la rubrique « Littérature de femmes » dans Hữu Thanh[2]. Elle écrit également pour les journaux Thực nghiệp dân báo et Lục tỉnh tân văn[3]. Pour l’époque, son apport d'idées nouvelles est jugé massif et important[4]. Par ses écrits, elle contribua à défendre la cause des femmes et la question de la libération des femmes dans une société confucéenne vietnamienne dont elle-même était issue.
En 1926, elle participa à la fondation et dirigea l’Association Nữ công học Hội Huế (Association éducative professionnelle pour les femmes de Huế), la première organisation d’enseignement privé réservé aux filles[5].
Également en 1926, à la mort du lettré moderniste Phan Châu Trinh, elle fut désignée, pour remplacer le vieux révolutionnaire Phan Bội Châu souffrant, à la présidence des obsèques du grand patriote. L'historienne Bui Tran Phuong note que cette désignation était "une chose exceptionnelle pour une femme, surtout dans la cité impériale de Hué"[6]. Elle considère Đạm Phương "comme l’une des premières féministes vietnamiennes du 20ème siècle"[6]. L'historien Phan Quang souligne ses talents de journaliste, sa vision avant-gardiste de la société vietnamienne et son important rôle social[7].
En 1928, soupçonnée d’appartenir au parti révolutionnaire Tân Việt (Nouveau Viêt Nam), elle fut arrêtée par les autorités coloniales.
À partir de la fin des années 1930, elle quitta le journalisme pour se consacrer à l’écriture d’ouvrages éducatifs.
Son troisième fils est le journaliste Hải Triều (1908-1954), un intellectuel marxiste et un critique littéraire renommé[8].