Les premiers récits d'évangélisation ont lieu dans la Bible, avec les récits des Actes des Apôtres ou les pèlerins d'Emmaüs annoncent aux disciples réunis au Cénacle la « Bonne Nouvelle » de la Résurrection du Christ qui s'est révélé à eux.
Le but des missions est de partager le message de l'Évangile et faciliter les conversions potentielles de ceux qui se montrent intéressés.
Le terme est parfois associé, à tort selon les chrétiens, à du prosélytisme[2],[3],[4].
Les apôtres
On n'emploie pas encore le mot d'« évangélisation » dans les Actes des Apôtres ; il n'est pas question non plus de « conversion au christianisme », à une époque où le christianisme n'existait pas comme religion séparée du judaïsme. La conversion au sens propre (le changement de religion) n'était alors envisagée que pour les païens, non pour les Juifs (dont les apôtres faisaient partie).
Les expressions utilisées sont les suivantes :
Pierre et Jean s'emploient à « instruire le peuple et annoncer, dans le cas de Jésus, la résurrection des morts », Actes, 4,1 ; « ils instruisent le peuple », Actes 5,25.
« Une grande puissance marquait le témoignage rendu par les apôtres à la résurrection du Seigneur Jésus », Ac 4,32.
Pierre « rendait témoignage », Ac 2,40.
Les autorités religieuses interdisent aux apôtres d'« enseigner le nom de Jésus », Ac 4,18 et 5,28.
« Ils enseignaient », Ac 5,21.
« Ils ne cessaient d'enseigner et d'annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus Messie », Ac 5,42.
Ils « allèrent de lieu en lieu, annonçant la Bonne Nouvelle de la Parole », Ac 8,4.
Philippe « proclamait le Christ », Ac 8,5.
Pierre et Jean, après avoir « annoncé la parole du Seigneur… », Ac 8,25. etc.
L'évangélisation se fait par l'action de l'Esprit Saint envoyé par le Christ aux apôtres à la Pentecôte :
« Le Christ envoyé par le Père a donné à son Église l’Esprit Saint pour la fécondité de l’évangélisation. Sans le Christ uni à son Église, impossible de saisir cette vision trinitaire du mystère de l’évangélisation. Ce point de vue est nettement biblique »[5].
Formes de diffusion
L'évangélisation peut prendre différentes formes, comme la prédication, la distribution de Bibles ou de tracts, journaux et magazines, par les médias, le témoignage, l'évangélisation de rue[6],[7],[8].
Église catholique
Chez les catholiques, l'éducation aux sacrements fait partie de l'évangélisation, la messe étant, selon le concile Vatican II, source et sommet de la vie chrétienne.
Le pape Paul VI publie l'exhortation apostoliqueEvangelii Nuntiandi le à la suite des travaux du synode des évêques qui a été consacré à ce thème les mois précédents. Par son objectif, le texte se situe dans la continuité du concile Vatican II : « rendre l’Église du XXe siècle encore plus apte à annoncer l’Évangile à l’humanité du XXe siècle »[9].
Le texte affirme le rôle de tout chrétien dans la diffusion de l'annonce de l'Évangile. À ce titre, les laïcs ont un rôle à jouer, complémentaire de celui des prêtres consacrés. Pour Paul VI, « le champ propre de leur activité évangélisatrice, c’est le monde vaste et compliqué de la politique, du social, de l’économie, mais également de la culture, des sciences et des arts, de la vie internationale, des mass media ainsi que certaines autres réalités ouvertes à l’évangélisation comme sont l’amour, la famille, l’éducation des enfants et des adolescents, le travail professionnel, la souffrance »[10].
Evangelii Nuntiandi souligne l'importance primordiale du témoignage de vie, mais couplée à une annonce explicite : « Il n’y a pas d’évangélisation vraie si le nom, l’enseignement, la vie, les promesses, le Règne, le mystère de Jésus Fils de Dieu ne sont pas annoncés »[11].
Ce texte marque les bases de ce qui deviendra la « nouvelle évangélisation ».
C'est en Amérique latine que la nouvelle évangélisation s'est d'abord diffusée et non pas en réponse à une menace de sécularisation, contrairement à la nouvelle évangélisation diffusée dans les pays européens, mais en signe de fidélité au message chrétien[12].
Énumérant les « méthodes » de cette nouvelle évangélisation, le journal La Croix cite
la primauté du spirituel, de la rencontre avec le Christ à travers groupes de louanges ou écoles de prière, mais aussi par le renouveau de pratiques qui ont été délaissées quelque temps : processions, pèlerinages, adoration eucharistique... ;
parallèlement, le recours à des temps forts chaleureux et festifs ;
une annonce publique de l'évangile, recentrée sur son noyau fondamental, le kérygme ;
l'utilisation d'outils de communication et de formation ;
la promotion de figures de sainteté contemporaines ;
l'attention simultanée aux questions sociales (défense des personnes en difficulté) et éthiques (défense de la vie)[13].
Pour ce qui est de la première annonce, l'évangélisation dans un sens plus restreint, les moyens sont aussi très variés[14], limités uniquement par l'imagination : dans la rue, en porte à porte, à la plage, en autostop, en discothèque, par internet, etc.
Du 16 au 18 septembre 2021, s'est tenue au Vatican une rencontre organisée par le Conseil Pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Evangélisation, destinée aux responsables de la catéchèse dans les conférences épiscopales européennes, sur le thème "Catéchèse et catéchistes pour la Nouvelle Evangélisation"[16]. Cette rencontre faisait suite à la parution, le 23 mars 2020, du nouveau Directoire pour la catéchèse[17] et à la publication, le 11 mai 2021, du Motu Proprio Antiquum Ministerium[18] du pape François instituant le ministère de catéchiste.
En 1974, Billy Graham et le Comité de Lausanne pour l'évangélisation du monde ont mis en place le Premier congrès international sur l'évangélisation mondiale à Lausanne[35]. En 1974, Reinhard Bonnke a fondé l'association missionnaire « Christ pour toutes les nations (CfaN) » (Christ for all Nations) dont le siège se trouve à Francfort, en Allemagne [36]. Des centaines d'églises évangéliques de confessions différentes ont fondé l'organisation Billion Soul Harvest(en) en 2002, afin d'atteindre 1 milliard de personnes avec le message de l'Évangile[37].
↑ Craig Ott, Stephen J. Strauss, Timothy C. Tennent, Encountering Theology of Mission, Baker Academic, États-Unis, 2010, p. 36
↑« Le pape François dénonce la confusion entre évangélisation et prosélytisme à l’approche du mois missionnaire extraordinaire », La Croix, (lire en ligne).
↑Jean-Paul Willaime et Flora Genoux, « Pour les évangéliques, l'idée reste qu'être croyant, cela doit se voir », Le Monde, (lire en ligne).
↑Loup Besmond de Senneville, « Les protestants évangéliques revendiquent d’avoir le droit de dire leur foi », La Croix, (lire en ligne).
↑Roswith Gerloff, Afe Adogame, Klaus Hock, Christianity in Africa and the African Diaspora: The Appropriation of a Scattered Heritage, Continuum, Royaume-Uni, 2011, p. 190
↑George Thomas Kurian, James D. Smith III, The Encyclopedia of Christian Literature, Volume 2, Scarecrow Press, États-Unis, 2010, p. 95
↑Martin I. Klauber, Scott M. Manetsch, Erwin W. Lutzer, The Great Commission: Evangelicals and the History of World Missions, B&H Publishing Group, États-Unis, 2008, p. 123