Les élections générales péruviennes de 2016 ont lieu le (premier tour) et le (second tour), pour désigner le président de la République et ses vice-présidents, ainsi que les 130 députés au Congrès de la République pour la période 2016-2021. Le président sortant, Ollanta Humala, ne peut pas se présenter à sa propre succession à cause de la constitution péruvienne qui interdit d'effectuer deux mandats successifs.
Pedro Pablo Kuczynski remporte le second tour de la présidentielle face à Keiko Fujimori avec 50,1 % des voix. Mis en cause dans un scandale de corruption, il échappe de peu à la destitution en 2017 ; l'année suivante, sous le coup d'une seconde procédure de destitution, il démissionne la veille du vote du parlement, le 21 mars 2018[1].
Le vote est obligatoire pour tous les citoyens âgés de 18 à 70 ans. Les élections ont traditionnellement lieu en avril pour une mise en place de la nouvelle législature en juillet[4].
Contexte
La Constitution interdisant la réélection du président Ollanta Humala, les électeurs ont le choix entre 19 candidats et autant de mouvements politiques, dont la grande majorité est inconnue du public, et qui ont été créés au cours des dernières années dans le seul but de permettre à un candidat de postuler à l'élection présidentielle[5].
Le , la commission nationale électorale (Jurado Nacional de Elecciones) exclut les candidatures de Julio Guzmán(en) et César Acuña. Le premier est accusé de ne pas avoir respecté le processus interne de désignation du parti, le second est accusé d’avoir distribué de l’argent en espèces à des sympathisants[7].
Dès le début de son mandat, le président Kuczynski est confronté à des affaires de corruption qui provoquent la démission de plusieurs de ses conseillers[10]. Il est lui-même mis en cause, de même que Keiko Fujimori, dans l'affaire dite Odebrecht du nom de l'entreprise brésilienne de BTP, pétrochimie et armement accusée de corruption dans plusieurs pays du continent sud américain. S'il nie dans un premier temps toute connexion avec Odebrecht, Kuczynski est mis à mal par l'aveu de l'ex-président de la compagnie qui affirme que des versements de près de 5 millions de dollars à des sociétés de conseil lui sont liés entre 2004 et 2013, à une époque où il était ministre[11]. Alors que sa popularité tombe sous les 20 % d'opinions favorables, le congrès décide de mettre en œuvre une procédure de destitution à son encontre. La réussite de la procédure est alors considérée comme assurée, d'autant que les sondages d'opinion révèlent une majorité de péruvien en faveur de celle-ci[12]. Le 21 décembre 2017, contre toute attente, l'opposition échoue cependant à réunir la majorité des deux tiers nécessaire, 79 parlementaires ayant votés pour, 19 contre et 21 s'étant abstenus[12].
Trois jours plus tard, le président Kuczynski gracie l'ancien président Alberto Fujimori, ce qu'il s'était engagé à ne pas faire durant la campagne présidentielle. Président autoritaire de 1990 à 2000 ayant dû fuir le pays, Fujimori était mis en cause par la justice péruvienne dans des tueries perpétrées sous prétexte d'opérations de contre-guérilla. Cette décision provoque de vives critiques, notamment de la part des familles des victimes. Kuczynski est alors soupçonné d'avoir monnayé cette grâce contre un vote contre sa destitution auprès de députés de l'opposition fujimoriste[13]. Si la grâce est finalement cassée par la justice le 3 octobre, la perte de confiance envers le président est sévère. Les ministres de la Culture et de la Défense démissionnent, tandis que plusieurs députés quittent le parti au pouvoir. Enfin, l'opposition rend publiques des vidéos attestant de l’achat des voix de plusieurs députés lors du vote[14],[15].
Une seconde procédure de destitution est entre-temps lancée, pour un vote prévu le 22 mars 2018. Assuré de perdre, Kuczynski démissionne la veille[16].
En tant que premier vice-président, Martín Vizcarra prête serment et entre en fonction deux jours plus tard, le temps de revenir du Canada où il était ambassadeur. Vizcarra se lance alors dans des réformes anti-corruption qu'il finit par faire approuver par référendum le 9 décembre 2018.