L'histoire anonyme de saint Lubin cite un incendie venant du côté de Saint-Laurent en 547.
Grégoire de Tours a écrit dans le Livre VI, cap. IX, de l′Histoire des Francs : « Domnole (évêque de 560 à 581)[2], évêque du Mans, tomba malade. Du temps du roi Clotaire, il avait gouverné à Paris des moines dans la basilique Saint-Laurent ». Au chapitre XXV du même Livre, Grégoire de Tours mentionne qu'une crue de la Seine et de la Marne a entraîné une inondation de Paris jusqu'à Saint-Laurent en janvier 583.
La basilique Saint-Laurent est encore citée dans une charte datée de 710 mentionnant le transfert du marché de Saint-Denis à un emplacement situé entre les basiliques Saint-Martin et Saint-Laurent à la suite d'un désastre. Les historiens ont discuté pour vérifier si l'emplacement de ce monastère était différent ou non de l'emplacement actuel de l'église Saint-Laurent. D'après Louis Brochard, les données géologiques et archéologiques semblent confirmer que le monastère Saint-Laurent se trouvait sur une butte au-dessus de l'ancien lit de la Seine, le long de la voie de Saint-Martin partant de l'ancien Grand-Pont avant son transfert au pont au Change au IXe siècle.
Une nouvelle église Saint-Laurent, érigée en paroisse, est attestée en 1180. Cette nouvelle église, devenue trop petite, fut démolie pour faire place à l'église actuelle du XVe siècle, époque du style gothique flamboyant. Le chœur fut consacré le , mais il n'est pas possible de se fonder sur la seule dédicace d'un édifice pour dater celui-ci. La structure gothique, les voûtes à pénétration, les fenêtres hautes, le déambulatoire à clefs de voûte sculptées sont encore visibles, malgré les transformations postérieures. Par comparaison stylistique avec d'autres églises flamboyantes parisiennes, on peut placer la construction de Saint-Laurent dans la seconde moitié du XVe siècle, un peu plus tard pour les chapelles[4].
Temps modernes
Au XVIIe siècle, l'église n'était pas achevée : il restait la nef à couvrir et la façade à construire. Deux possibilités étaient envisageables pour finir le chantier : dans le style d'origine du gothique flamboyant, ou dans le goût classique de l'époque. Le choix du classicisme fut fait pour la façade, mais la continuité gothique prévalut pour la nef. En 1621, la première pierre de la façade était posée par Charlotte-Marguerite de Montmorency, femme de Henri II de Bourbon, prince de Condé. Cette façade était composée selon le schéma à l'italienne (comme celle de l'église Sainte-Élisabeth-de-Hongrie, ou de la chapelle de la Sorbonne). Elle fut démolie en 1862 (photo d'avant démolition, ci-dessous).
En 1633, Vincent Depaul[5] est à l'origine, avec Louise de Marillac dont il était le confesseur, de la création des Filles de la charité, « au service des enfants trouvés et des malades », qu'il installe à partir de 1641[6] ou 1642[7] sur la paroisse Saint-Laurent. En 1660, le corps de Louise de Marillac est inhumé en l’église Saint-Laurent et y reste jusqu'en 1755, avant d'être transféré en la chapelle de l’actuelle maison-mère des Filles de la charité.
En 1655, on commence la construction des voûtes de la nef et du transept en croisées d'ogives (sur leurs intrados, on lit les dates de 1656,1657, 1659). C'est la dernière construction parisienne de style gothique flamboyant, un siècle et demi après la fin du XVe siècle, ce qui s'explique par le sens de l'économie : on a couvert l'église de la façon la plus sensée, pour ne pas avoir à reconstruire ce qui existait déjà.
En 1712, à la place d'une chapelle des Trois-Maries, est élevée au chevet la chapelle actuelle de la Vierge, ce qui entraîna la suppression de six piliers du déambulatoire.
Sous le Second Empire, les boulevards de Strasbourg et de Magenta furent percés, respectivement à partir de 1853 et de 1860. L'église Saint-Laurent était en retrait de l'alignement du boulevard de Strasbourg. Pour y remédier, la façade du XVIIe siècle fut détruite, et entre 1863 et 1867, l'architecte Simon-Claude Constant-Dufeux allongea l'église d'une travée, et reconstruisit une façade de style néogothique flamboyant, ornée de sculptures. Il construisit également une flèche en plomb. Un fronton en lave émaillée signé Paul Balze est rajouté en 1870.
Les trois premiers Sanson, bourreaux de Paris, y reposent avec certains autres membres de leur famille[12].
L'église avant sa remise en état de 1861, comparez la façade avec celle ci-contre.
Huit vitraux pour le chœur de l'église ont été réalisés en 1846-1847 par Ernest Lami de Nozan sur des cartons d'Auguste Galimard. Ils sont cités dans L'Illustration, en 1847[15]. Trois de ces verrières sont encore visibles[16]. Les autres vitraux ont été remplacés en 1939 par des verrières conçues par le peintre polonais Elesckiewiej et mises en vitrail dans l'atelier parisien de Jean Gaudin.
Antoine Lusson et son ancien employé, Léon Lefèvre, ont réalisé les quatre grandes verrières de la chapelle Notre-Dame-des-malades en 1874 représentant la Visitation (baie no 1), Notre-Dame des sept douleurs (baie no 2), la Dormition (baie no 3) et l' Assomption (baie no 4). Ces verrières sont complétées par quatre vitraux plus petits : Saint Joseph portant l'Enfant Jésus, Sainte Anne apprend à lire à la Vierge, Saint Vincent de Paul recueille un enfant, L'Ange gardien protège un enfant.
Deux chapelles de la nef ont des vitraux commandés par les paroissiens à la maison Champigneulle fondée en 1868 par Charles-François Champigneulle. Emmanuel Champigneulle a réalisé des vitraux en 1887 sur des cartons de Pierre Fritel. Dans la chapelle dédiée à saint François de Sales a été posée la verrière La douceur de saint François (baie no 19). Dans la chapelle voisine a été mise en place la verrière Saint Vincent de Paul bénissant les premières Sœurs de la charité (baie no 21).
Entre 1953 et 1955, sont posés des vitraux réalisés par Pierre Gaudin sur des cartons du peintre polonais Elesckiewiej.
Jeanne Bécu (1743-1793) y épouse en 1768 le comte Guillaume du Barry-Cérès, frère de son amant, Jean du Barry. Le mariage est célébré par un tertiaire franciscain Frère Ange, réputé être le père de la mariée, laquelle était la maîtresse du roi Louis XV ;
Victor Schœlcher (1804-1893), député français à l'origine de l'abolition définitive de l'esclavage dans les colonies françaises, est baptisé en l'église Saint-Laurent le [18] ;
Amédée Joseph Marie Meslay, vice-président du tribunal du Havre y épouse Zélie Joséphine Aimée Piéron le [19] ;
Charles Quef est organiste titulaire de Saint-Laurent à partir de 1898, jusqu'à sa nomination comme assistant puis titulaire à l'Église de la Trinité ;
↑Louis Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule, A. Fontemoing éditeur, Paris, 1899, tome 2, L'Aquitaine et les Lyonnaises, p. 333 (lire en ligne)
↑ abc et dEdmond Ronzevalle, Paris Xe: histoire, monuments, culture, Martelle, (ISBN978-2-87890-029-3), page 14.
↑Agnès Bos, Les églises flamboyantes de Paris, Paris, Picard, , 366 p. (ISBN2-7084-0702-3), p. 221-222
↑Selon Hœfer (Nouvelle Biographie générale, T42, 1866), les signatures authentiques du saint portent le nom « Depaul » écrit en un seul mot. C'est cette orthographe qui est utilisée en Amérique du Nord.
↑Acte de mariage - Archives de Paris - 5 Mi 1/2206
Annexes
Bibliographie
Notice sur la paroisse Saint-Laurent par Fernand Bournon dans ses Rectifications et additions à l'Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris de l'abbé Lebeuf, Paris, 1890, p. 306-309 (lire en ligne)
Louis Brochard, Histoire de la paroisse et de l'église Saint-Laurent à Paris, Paris, Champion, 1923 (lire en ligne)
Laurence de Finance, « Chronologie de la renaissance du vitrail à Paris au XIXe siècle : L’exemple de l’église Saint-Laurent », dans In Situ Revue des patrimoines, no 9, 2008 (lire en ligne)