Réflexion sur les attentats du 11 septembre 2001 et l'impact qu'ils ont eu sur le comportement des américains, l'artiste compris, cette bande dessinée extrêmement novatrice sur le plan formel est, « artistiquement, (...) un modèle de bande dessinée d'intervention et une réussite absolue[1] ».
Contexte
Le 11 septembre 2001, Spiegelman et sa femme se promènent dans les rues de New York lorsqu'ils entendent le fracas du premier avion percutant le World Trade Center. Ils courent aussitôt chercher leur fille Nadja à son école, non loin des tours. Après la révélation des origines terroristes de la catastrophe, Spiegelman, alors qu'il se considérait « sans racines », bien qu'il ait grandi dans le Queens et qu'il vive à Manhattan depuis le milieu des années 1970, prend conscience de son attachement pour la ville. Afin de dépasser le traumatisme, il décide de se remettre à la bande dessinée avec quelques grandes planches de bande dessinée politique évoquant son malaise et analysant le comportement des américains à la suite des attaques.
Bien qu'À l'ombre des tours mortes ne s'étende que sur dix grandes planches, Spiegelman prend dans cette œuvre de très grandes libertés thématiques et formelles[Note 1], avec la réutilisation de nombreux personnages de comic strips classiques (Katzenjammer Kids, Little Nemo, Happy Hooligan, La Famille Illico, etc.) dont il pastiche les clichés, la multiplication des techniques graphiques (« dessin et photographie, bichromie à l'ancienne et quadrichromie, ben-day et coloriage informatique, styles graphiques les plus hétérogènes[2] ») et narratives. Cette accumulation d'effets ne sature pas l'œuvre, mais permet à l'auteur d'exprimer adéquatement à la fois son dégoût et son sentiment d'injustice envers l'acte terroriste, et son refus du consensus guerrier autour du président George W. Bush, à une période où cette critique était courageuse.
Sébastien Langevin, « Art Spiegelman : un propos sérieux et mature », dBD, no 25, , p. 27.
Études
Vincent Bernière, « À l'ombre des tours mortes par Art Spiegelman », dans Les 100 plus belles planches de la bande dessinée, Beaux-Arts éditions, (ISBN9791020403100), p. 10-11