Petite-fille d'un horloger installé quai Brancas[3], fille d'Edmond Pouzin, industriel nantais spécialisé dans le vermicelle[2], et d'une mère, Marie Guillou, rentière[4], Yvonne Pouzin a deux sœurs et un frère[3]. Elle bénéficie d'une éducation « moderne » pour son époque : apprendre à nager, conduire. Sa famille soutient son choix de pratiquer la médecine[2],[4].
Première femme en France médecin des hôpitaux
Elle fait ses études chez les Ursulines (aujourd'hui lycée Blanche-de-Castille) jusqu'au brevet supérieur, puis, attirée par la vocation de médecine, elle prépare à la maison son baccalauréat, s'initiant au latin. En elle commence à suivre les cours de l'École de médecine de Nantes. Elle part ensuite à Paris préparer le concours des hôpitaux. En 1908 elle est reçue au concours de l'externat et en 1912 à celui de l'internat[5]. Elle se spécialise alors dans le traitement de la tuberculose avec le professeur Ménard et sous la direction du professeur Georges Guinon en pédiatrie. En 1916, elle soutient sa thèse Les adénopathies cervicales chroniques chez les enfants hérédo-syphilitiques[6],[4].
En 1919, elle réussit le concours des médecins des Hôpitaux de Nantes, devenant ainsi la première femme médecin des hôpitaux en France et peut ainsi faire des recherches dans de meilleures conditions scientifiques et enseigner[7].
Elle est ensuite nommée au service des tuberculeux, et fait un stage à Paris avec Édouard Rist qui introduit une nouvelle technique, la collapsothérapie, consistant à provoquer un pneumothorax artificiel pour mettre le poumon au repos et favoriser ainsi la cicatrisation des lésions, permettant ainsi de sauver des vies en attendant l'apparition des antibiotiques dans les années 1950. Elle introduit ce procédé à l'Hôpital de Nantes, et dans toute la Loire-Atlantique[4],[8].
Yvonne Pouzin enseigne également la médecine et fait de la recherche médicale. Ses publications lui valent d'être nommée, en 1924, membre correspondant de la Société médicale des hôpitaux de Paris et présidente de l'Office central d'hygiène social de Nantes. Elle organise également le dispensaire antituberculeux de La Baule[8],[4].
Après plusieurs échecs littéraires, Joseph Malègue se tourne vers l'enseignement, avant qu'Yvonne Pouzin ne l'encourage à se consacrer entièrement à l'écriture d'Augustin ou Le Maître est là[4]. Le biographe de Joseph Malègue a recueilli plusieurs témoignages des familiers du couple et cite aussi l'essai du docteur Delaunay, Joseph Malègue, par Yvonne Malègue, Estuaires, Bordeaux, 1947 (non paginé). Pour le docteur Delaunay, Yvonne Pouzin avait reconnu en Joseph Malègue « sa valeur exceptionnelle », mais peut-être aussi « la faiblesse », l'avait assumée et délivré son mari « d'une partie inerte de lui-même ». Il termine sur une question à propos d'Augustin ou Le Maître est là : « Eût-il mis en volume cet Augustin si exigeant de ses lecteurs, sans qu'une autre volonté, forte d'amour et de foi, ne fût venir soutenir la sienne, écarter les obstacles, vaincre les doutes, négocier la réalisation de l'ouvrage? [...] Malègue requérait une sorte d'impresario[10]. »
C'est elle aussi qui déchiffre une grande partie du manuscrit de Pierres noires : Les Classes moyennes du Salut, qui sera réédité en 1958. Atteinte d'un cancer aux intestins[11], elle meurt le en son domicile, au no 15 rue Arsène-Leloup [12], après avoir subi deux interventions chirurgicales[13]. Elle est inhumée au côté de son époux mort six ans et demi auparavant, au cimetière Miséricorde, à Nantes[3]. Son ouvrage consacré à son mari paraît quelque temps après sa mort[4].
Hommage
Une voie de Nantes, la rue Docteur Yvonne Pouzin-Malègue, contient le nom de son époux, mais il s'agit bien avant tout d'un hommage à Yvonne Pouzin, d'autant que les dates de naissance et de décès qui apparaissent sur la plaque de rue sont les siennes[14].
Yvonne Malègue-Pouzin, Joseph Malègue, Tournai, Casterman, .
Voir aussi
Bibliographie
Christian Robin, « Joseph et Yvonne Malègue », Les Annales de Nantes et pays nantais, no 244, , p. 19-20 (ISSN0991-7179, lire en ligne)
Christian Robin, "Joseph Malègue", Cahiers de l'Académie de Bretagne, Nantes, 1992, p. 145-152.
Jean Lebrec, Joseph Malègue : romancier et penseur (avec des documents inédits), Paris, H. Dessain et Tolra, , 464 p., In-8° 24 cm (BNF35320607)
Elizabeth Michaël (préf. Jacques Madaule), Joseph Malègue, sa vie, son œuvre : thèse de doctorat défendue à l'université Laval, juin 1948, Paris, Spes, , 285 p., In-16 (20 cm) (BNF32447872)
↑ abc et dChristian Robin, « Joseph et Yvonne Malègue », Les Annales de Nantes et pays nantais, no 244, , p. 19-20 (ISSN0991-7179, lire en ligne)
↑ ab et cÉric Lhommeau et Karen Roberts, Guide du cimetière Miséricorde de Nantes, Nantes, Le Veilleur de nuit, , 89 p. (ISBN978-2-9528652-2-7), p. 40.
↑Jean Lebrec, Joseph Malègue : romancier et penseur (avec des documents inédits), Paris, H. Dessain et Tolra, , 464 p., In-8° 24 cm (BNF35320607), p. 100
↑ a et bJean Lebrec, Joseph Malègue, romancier et penseur, p. 100-101.