Yahuar Huacac (du quechuaYawar Waqaq, surnom qui signifie « larmes de sang » ou « celui qui pleure du sang[1] » en quechua) est le septième Sapa Inca (empereur) du royaume de Cuzco (~1380/~1400). Il est connu sous son surnom, mais son nom de naissance était Cusi Hualpa[1]. Sa femme s'appelle Mama Chikya.
Son nom lui viendrait d'une histoire qui lui serait arrivée à l'âge de huit ans. Enlevé par les Ayarmaca, il aurait pleuré des larmes de sang pour protester contre son état. Il aurait finalement réussi à s'échapper avec l'aide de la maîtresse d'un de ses ravisseurs. Il est également possible que ce soit simplement une maladie oculaire contractée pendant l'enfance qui soit à l'origine de ce nom (haemolacria).
Dans tous les cas, ce signe fut considéré comme un mauvais présage, ce qui le rendit extrêmement prudent au pouvoir.
Biographie
Règne
Yahuar Huacac met fin à des révoltes fomentées par les curacas de Muyna et de Pinahua, remportant ensuite certaines terres au Cuntisuyu[3].
Il joint à son gouvernement le deuxième fils de la Coya ou reine, Pahuac Hualpa Mayta. Cependant ce dernier est mort peu après à la suite d'intrigues[3],[4].
Il prévoit la conquête du Collao, mais il doit abandonner ses plans à cause d’une révolte des Condesuyus. Ces derniers tuent Yahuar Huacac, qui n’avait pas encore choisit son successeur[5],[6].
Quelque temps plus tard, les nobles de Cuzco se sont réunis et ont choisi Hatun Túpac, qui change son nom en Viracocha Inca, comme nouveau souverain[3].
Bilan
Le bilan de son règne, selon les sources anciennes des chroniqueurs espagnols du XVIe siècle consultées[7], donne lieu à des appréciations divergentes chez les spécialistes : pour Henri Favre, l’œuvre laissée par son père Inca Roca, qui inaugura une première phase d'expansion du royaume inca de Cuzco, était fragile et faillit être emportée par des révoltes sous le règne de Yawar Huacac qu'il qualifie de « pâle et d'éphémère » et « auquel une conspiration mit fin[8] ».
En revanche, pour Alfred Métraux et Rafaël Karsten(es), c'est sous le règne de Yawar Huacac, dans la seconde moitié du XIVe siècle, que les Incas s'imposèrent aux peuples de la vallée du Cuzco[9]. Mais c'était surtout l’œuvre de deux habiles généraux : Wicaquiraw, frère de l'Inca, et Apu Maita, son cousin[10]. Toujours est-il que selon ces sources, Yawar Huacac aurait alors poursuivi et accentué l'essor donné par son père Inca Roca au royaume du Cuzco.
Notes et références
↑ a et bRafaël Karsten, La civilisation de l'Empire inca, PAYOT, coll. « Le Regard de l'Histoire », v.o. (finnois) en 1948, en français : 1952, réédité en 1972, 1979, 1983 (ISBN978-2-228-27320-6), p. 46
↑(en) Terence N. D’Altroy, The incas, Wiley-Blackwell, coll. « Peoples of America », 2e éd., p. 190
↑en effet, ces sources des témoins oculaires du crépuscule de l'Empire Inca se contredisent parfois, et attribuent certains faits de l'histoire des empereurs à l'un ou l'autre règne en fonction des témoignages recueillis auprès des lignages royaux ou des quipucamayoc (fonctionnaires de l'Empire) consultés.
↑Rafaël Karsten, La civilisation de l'Empire inca, PAYOT, coll. « Le Regard de l'Histoire », v.o. (finnois) en 1948, en français : 1952, réédité en 1972, 1979, 1983 (ISBN978-2-228-27320-6), p. 50
Liens externes
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