Ahmôsis, issu d’une famille thébaine, entreprend de marcher contre les Hyksôs afin de réunir les Deux Terres, comme ses prédécesseurs Seqenenrê Tâa et Ouadjkheperrê Kames l’avaient tenté avant lui. Son expédition est couronnée de succès et, après la prise d’Avaris, les fuyards sont poursuivis jusque dans leur citadelle de Sherouhen, en Palestine. Ces événements sont documentés par l’autobiographie qu’un compagnon d’armes du roi, Ahmès fils d’Abana, fit graver sur les parois de sa tombe à El Kab. On retrouva également dans la tombe de la mère du roi, la reine Iâhhotep, des armes de parade, dons du roi à sa mère et signe des temps.
À dater de cette victoire, la politique des pharaons de la XVIIIe dynastie est d’étendre la domination de la Double Couronne au-delà des limites du pays.
Les Amenhotep et Thoutmôsis repoussent les frontières jusqu’en Nubie, à la 4ecataracte, et jusqu’à l’Euphrate, édifiant forteresses et sanctuaires, créant des protectorats et faisant alliance avec les empires voisins de Mittani ou Babylone. Des expéditions commerciales sont organisées vers de lointains pays comme la Crète ou vers le pays de Pount, à l’époque d’Hatchepsout.
Des conditions exceptionnelles de paix et les tributs envoyés par les pays soumis ouvrent une période d’un faste inouï, et incroyablement féconde au niveau artistique sous Amenhotep III, avec la construction de monuments imposants tels que le temple de Louxor, l’agrandissement du temple d’Amon-Rê à Karnak, le temple funéraire du roi, appelé son Château des Millions d’Années, dont il subsiste les colosses de Memnon.
L’Égypte et la Nubie se couvrent de sanctuaires et le prestige de pharaon rayonne du bassin méditerranéen à l’Afrique tropicale, des déserts de Libye aux frontières de l’Anatolie, maître d’un immense empire dont le centre est Ouaset, la Thèbes des Grecs.
Cette période voit aussi naître de profonds changements dans la conception du divin, avec le développement du culte monothéiste d’Aton, dont Amenhotep IV se proclamera le prophète en changeant son nom en Akhenaton. Il ira jusqu’à déplacer sa capitale de Thèbes à Akhetaton, « l’Horizon d’Aton », à interdire les cultes des autres divinités, et fera même marteler le nom et les images d’Amon-Rê partout où elles se trouvaient.
Le second successeur d’Akhenaton, Toutânkhaton, restaure les cultes divins et change son nom en Toutânkhamon. Mort très jeune, il est inhumé avec un mobilier funéraire d’une incroyable richesse qui est parvenu jusqu’à nous grâce à la découverte de sa tombe quasiment intacte par Howard Carter en 1922.
Après le règne éphémère d’Aÿ, la XVIIIe dynastie s’achève avec la prise du pouvoir par un général d’Akhenaton, Horemheb, qui ouvre ainsi la voie à la XIXe dynastie, celle des Ramsès, Séthi et Mérenptah.
Entre septembre 2007 et octobre 2009, le King Tutankhamun Family Project Mummies a conduit des études anthropologiques, radiologiques et génétiques sur onze momies royales du Nouvel Empire, dont celle appartenant au lignage de Toutânkhamon et d'autres pharaons de la XVIIIe dynastie. Ces études visaient à déterminer leurs liens de parenté et les pathologies liées à la consanguinité, aux maladies héréditaires ou infectieuses, mais également au meurtre. Cinq autres momies datant de la même période ont été incluses dans l'étude afin de servir de référence[3],[4].
D’après une fuite d'information lors d'un reportage télévisé ayant filmé des résultats de l'étude de Zahi Hawass et ses collègues publiée en 2010, Akhenaton et sa lignée patrilinéaire appartiendraient à l'haplogroupe du chromosome YR1b1a2, qui est surtout présent en Europe de l'Ouest et rare en Égypte (moins de 1 % des Égyptiens modernes appartiennent à ce clade)[5],[6]. Il semblerait donc que la majorité des Européens de l'Ouest aient les mêmes ancêtres, en ligne paternelle directe, que la famille royale de la XVIIIe dynastie égyptienne, étant donné que cette dynastie est essentiellement patrilinéaire tout comme le sont les haplogroupes du chromosome Y. Toutefois, les résultats concernant le chromosome Y n'ont pas été révélés par l'étude de Zahi Hawass et ses collègues, justement dans le but affiché d'éviter ce type de considération, et selon Carsten Pusch, un des généticiens ayant participé à l'étude[7], cela serait impossible.
Premier roi de cette dynastie, Ahmôsis Ier semble déclarer sur cette hache d'apparat qu'il a libéré l'Égypte du joug des Hyksôs et qu'il a, de ce fait, réunifié le royaume. La production d'un tel objet s'inscrit dans la propagande royale qui prétend réintégrer les valeurs de l'Égypte, alors que le travail révèle des motifs étrangers : le motif du griffon et l'attitude du roi sont d'inspiration orientale[8].
Notes et références
↑Plusieurs dates peuvent exister ; voir le détail à la page de chaque pharaon.
Joël Cornette (dir.) et Damien Agut et Juan Carlos Moreno-García, L'Égypte des pharaons : de Narmer à Dioclétien 3150 av. J.-C. - 284 apr. J.-C., Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », (réimpr. 2018), 847 p., 24 cm (ISBN978-2-7011-6491-5)
Christiane Ziegler et Jean-Luc Bovot, L'Égypte ancienne : Art et archéologie, Paris, La Documentation française, École du Louvre, Réunion des musées nationaux-Grand Palais, coll. « Petits manuels de l'École du Louvre », (1re éd. 2001), 511 p., 20,5 cm (ISBN978-2-11-004264-4, 2-7118-4281-9 et 978-2-7118-5906-1)
(en) Nicky Nielsen, « The New Kingdom of Egypt under the Eighteenth Dynasty », dans Karen Radner, Nadine Moeller et Daniel T. Potts (dir.), The Oxford History of the Ancient Near East, Volume 3: From the Hyksos to the Late Second Millennium BC, New York, Oxford University Press, , p. 147-250.