Signe annonciateur conforté par la critique musicale qui loue les qualités de l'album, le disque bat des records de ventes sur le sol britannique et rentre dans de nombreux classements internationaux de ventes. Il y obtient d'ailleurs plusieurs certifications, dont un sextuple disque de platine au Royaume-Uni. Logiquement, les trophées de « Meilleur album de l'année » lui sont décernés lors des différentes cérémonies de récompenses musicales et il remporte même le Mercury Music Prize, récompense suprême pour un album britannique. Il est depuis considéré comme étant un album influent de cette décennie.
Genèse et enregistrement
Après avoir reçu une guitare à Noël en 2001, Alex Turner et Jamie Cook forment Arctic Monkeys avec deux autres élèves de leur école de Sheffield : Andy Nicholson à la basse et Matt Helders à la batterie[1]. Après un premier concert dans un pub de Sheffield le [2], ils commencent à enregistrer des démos pour les distribuer en fin de représentation. Les fans se mettent alors à s'échanger les morceaux sur internet et créent un profil à l'effigie du groupe sur le site MySpace. Celui-ci rencontre rapidement du succès, notamment dans le nord du Royaume-Uni, et attire l'attention des tabloïds britanniques et de la BBC[3].
Le groupe publie un premier EP, Five Minutes with Arctic Monkeys, composé de seulement deux chansons (Fake Tales of San Francisco et From the Ritz to the Rubble) en , disponible au format CD en très faible quantité et en téléchargement sur iTunes. Grâce aux bonnes ventes, plusieurs labels approchent le groupe et la formation de Sheffield signe finalement avec Domino Records pour leur aspect DIY en juin[p 1],[4]. Cela leur permet d'obtenir une place sur la Carling Stage — scène réservée aux groupes peu connus — lors du Reading and Leeds Festivals en août, où leur prestation est acclamée par la foule et la presse[5]. La formation joue alors à guichets fermés dans plusieurs salles du Royaume-Uni, dont le London Astoria en octobre[6]. En parallèle, le quatuor enregistre son premier album studio de juin à septembre aux Chapel Studios, dans le Lincolnshire, avec Jim Abbiss à la production.
Avec 118 501 exemplaires vendus dès le premier jour, soit l'équivalent de tout le top 20 réuni, et 363 735 exemplaires à sa première semaine, alors que janvier n'est pas une période propice aux bonnes ventes et que des versions pirates circulaient déjà avant la sortie[9], le disque devient l'album le plus rapidement vendu au Royaume-Uni, dépassant largement le précédent record détenu par Hear'Say(en) et les 306 631 copies de Popstars[10]. Whatever People Say I Am, That's What I'm Not est publié un mois plus tard aux États-Unis, entrant à la 24e place du Billboard 200, avec plus de 34 000 exemplaires vendus la première semaine, devenant ainsi le deuxième premier album de rock indépendant vendu le plus vite[11]. Logiquement, il se place en tête du classement américain des disques indépendants[12], faisant de même en Australie[13] et en Irlande[14]. Il prend la 17e place en France[15].
Grâce à ses bonnes ventes, il est certifié six fois disque de platine au Royaume-Uni, soit plus d'1,8 million d'exemplaires vendus[16]. Il est aussi disque de platine en Australie[17], et disque d'or aux États-Unis[18], au Canada[19], au Danemark[20], au Japon[21] et en Nouvelle-Zélande[22].
Classements et certifications
Meilleures positions de Whatever People Say I Am, That's What I'm Not dans les classements musicaux
Whatever People Say I Am, That's What I'm Not est applaudi par la critique à sa sortie, obtenant un score de 82/100 sur Metacritic basé sur trente-trois avis collectés[39]. Stephen Thomas Erlewine, d'AllMusic, évoque « une sonorité qui vous rend encore plus vivant que si vous jouiez vos chansons avec votre propre groupe »[40]. De même, en le nommant « Album du mois » de , Uncut décrit « le frisson qu'il procure comme comparable à ceux qu'on a eu en grandissant avec The Specials, The Smiths et Parklife »[p 4]. Pour le Guardian, « l'ombre d'Oasis rôde autour des Arctic Monkeys, [...] néanmoins, ils semblent être irrésistibles et en ont l'ambition »[42]. Le magazine Mojo parle aussi d'« énorme sensation, l'éclosion évidente d'un nouveau grand talent »[p 2], avis que partage le Q magazine : « ce n'est pas parfait, mais quoi qu'on en dise... ce frisson, on ne l'a qu'avec les groupes qui marquent une époque »[p 3]. Le NME n'y voit « aucune déception »[41], tandis que Sputnikmusic évoque « un disque à caractère et à recommander », espérant qu'« Arctic Monkeys ne perde pas sa marque de fabrique avec l'arrivée de la maturité »[43].
Rolling Stone qualifie l'album de « furie croissante de riffs vivifiants et de paroles tranchantes du début à la fin »[44]. PopMatters nuance légèrement, évoquant le fait qu'Arctic Monkeys « n'est pas le premier groupe à produire ce type de musique. Mais c'est le premier à le faire ainsi, à écrire des chansons de pop rock de moins de trois minutes à la fois intelligentes et sans prétention »[47]. The A.V. Club est plus sévère, parlant de « son qui semble avoir été assemblé à partir de morceaux provenant de groupes à l'esprit rétro tels que The Strokes et Franz Ferdinand, la volonté et le sens de l'histoire en moins »[45]. Pitchfork est tout aussi réservé, le décrivant comme « charmant et terriblement affectueux, mais qui ne changera pas le cours de notre vie »[46]. Robert Christgau considère également que « seuls les esthètes pourront apprécier le chant tout en nuances de Turner et les arrangements tordus de ses acolytes »[48].
Récompenses
Les excellentes ventes et l'avis très favorable de la part des critiques permettent à l'album de remporter de nombreux prix, dont le plus prestigieux est le Mercury Music Prize en 2006[49]. Il est également élu « Album de l'année » par plusieurs magazines spécialisés (le Q[50] le Time[p 5], Hot Press[51] et le Crossbeat[52]) ou de cérémonies de récompenses musicales (Brit Awards 2007[53] et Meteor Music Awards 2007[54]).
Les paroles de Whatever People Say I Am, That's What I'm Not sont principalement axées sur la vie des jeunes hommes du Nord de l'Angleterre confrontés à l'alcool, alors qu'ils sont encore mineurs, et aux rencontres qu'ils font dans les boîtes de nuit. Ces récits sont parfois complétés par de tristes contes imaginés autour de la prostitution et de l'industrie de la musique[40],[44]. Ces histoires traitant du quotidien rappellent celles proposée par les Specials, les Smiths, Pulp ou les Streets à leur époque[46]. Les chansons peuvent d'ailleurs s'adresser à toutes les personnes de moins de trente ans puisqu'elles concernent autant le timide romantique désespéré de trouver l'âme sœur, que le gars qui ramène une fille chez lui tous les soirs sans avoir pris le temps de faire sa connaissance[41],[42]. Il semble même difficile de ne pas s'y reconnaître tant elles pourraient être arrivées à n'importe qui : rentrer chez soi après une grosse soirée ou encore se voir refuser l'entrée d'un club par les videurs[43].
Musicalement, le son de ce premier album d'Arctic Monkeys est décrit par certains critiques musicaux comme celui de la musique des cinq dernières années[42], soit un mélange des riffs des Strokes et du punk néoclassique des Libertines, auquel on aurait ajouté le côté dansant de Franz Ferdinand[40],[45]. Le son de la première période d'Oasis est également évoqué[43]. Pour d'autres, il est considéré comme un disque présentant les qualités des grands classiques rock britanniques : la britannicité des Kinks, la mélodie des Beatles, la raillerie des Sex Pistols, la sagesse des Smiths, le groove des Stone Roses, les hymnes d'Oasis et le fracas des Libertines[41]. Plus généralement, la musique de Whatever People Say I Am, That's What I'm Not est brute et énergique, rythmée par des riffs brefs et hargneux, alors que les textes sont prolixes[44].
Pochette
Le titre de l'album provient du livre Samedi soir, dimanche matin d'Alan Sillitoe. Turner explique que les deux œuvres partagent des points communs et que beaucoup de monde parle d'eux sans qu'ils puissent tout contrôler. Ceci l'amène à penser que le choix de ce titre convient bien au disque[59]. L'artwork est un portrait de Chris McClure, frère du leader de Reverend and the Makers et ami du groupe, prise au bar Korova de Liverpool un matin et sur lequel il fume[59]. Le National Health Service a fermement condamné la pochette, estimant que celle-ci laisser entendre « que l'idée de fumer était inoffensif ». Le manager d'Arctic Monkeys a ensuite expliqué que c'était justement tout le contraire : « on voit clairement sur l'image que fumer ne le montre pas sous son meilleur jour »[60].
Fiche technique
Liste des chansons
No
Titre
Durée
1.
The View From The Afternoon
3:38
2.
I Bet You Look Good On The Dancefloor
2:53
3.
Fake Tales of San Francisco
2:57
4.
Dancing Shoes
2:21
5.
You Probably Couldn't See For The Lights But You Were Looking Straight At Me