Vladimir Ghica était le cinquième enfant du prince Jean Ghica, général et ambassadeur roumain auprès de l'Empire ottoman, et de son épouse, née Alexandrine Moret de Blaremberg. Il appartenait à la dynastie princière Ghica qui régna sur la Moldavie et la Valachie du XVIIe au XIXe siècle. Son grand-père était Grigore V Ghica.
Élevé selon la tradition familiale dans la foi orthodoxe, il suivit ses études à Toulouse et à Paris, puis chez les Dominicains à l'Angelicum de Rome. Tourmenté par la recherche de l'unité des chrétiens et convaincu qu'elle pouvait être réalisée en reconnaissant la primauté du pape, il fit profession de la foi catholique en 1902[4]. Il obtint un doctorat en théologie[5].
De retour en Roumanie, Vladimir Ghica fonda un dispensaire des Filles de la Charité et organisa en 1913 un lazaret pour les victimes du choléra. Il regagna Paris quelques années plus tard et, à l'âge de 50 ans, fut ordonné prêtre le par l'archevêque de Paris, le cardinal Louis-Ernest Dubois. Le pape lui accorda l'autorisation de célébrer la messe selon les deux rites, latin et byzantin. En ce sens, Vladimir Ghica se situait « à la croisée des mondes oriental et latin », comme un « précurseur en œcuménisme moderne[6] ».
En 1931, Pie XI le nomma protonotaire apostolique et l'envoya en mission au Japon et aux Congrès eucharistiques internationaux de Sydney, Carthage, Dublin, Buenos Aires, Manille et Budapest. Quand éclata la Seconde Guerre mondiale, Vladimir Ghica sollicita l'autorisation, qui lui fut accordée, de rentrer à Bucarest. En liaison avec la nonciature, il s'occupa principalement des réfugiés polonais qui avaient fui l'invasion nazie[7], et pendant plusieurs années il se consacra aux plus démunis.
Après la guerre et la chute de la monarchie, il fait parvenir au Saint-Siège des rapports sur les persécutions du régime communiste de Roumanie contre les églises
gréco-catholiques et romano-catholique. Il est arrêté le par la Securitate, la police politique communiste, accusé d'« espionnage au profit d'une puissance impérialiste » (le Vatican), puis condamné à trois ans d'incarcération au terme d'un simulacre de procès en même temps que cinq autres prêtres[8]. Malgré son grand âge, il est privé de sommeil, insulté, maculé d'excréments, battu jusqu'au sang, torturé. Il mourut le à l'infirmerie de la prison de Jilava, des suites de ces mauvais traitements. Sa tombe est visible au cimetière Bellu de Bucarest (zone 19). Les inscriptions en grec sur sa tombe rappellent qu'il fut orthodoxe jusqu'à l'âge de 29 ans.
Le 21 novembre 1954, au service célébré à l’abbaye bénédictine de Sainte-Marie où Monseigneur Ghika eut à Paris son port d’attache, le Révérendissime Dom Olphe Gaillard déclara dans son allocution prononcée en présence du Nonce Apostolique, Monseigneur Marella : «Il a été victime, victime volontaire, immolée pour sa foi: c’est la définition même du martyr»[11].
Hélène Danubia, Prince et martyr, l'apôtre du Danube, Mgr Ghika, Téqui, 1993
Horia Cosmovici, Monseniorul: amintiri din viața de apostolat, Editura MC, Bucarest, 1996.
Antonio Maria Sicari o.c.d., Vladimir Ghika. L'Angelo della Romania, in Il nono libro dei Ritratti di santi', Jaka Book, 2006.
Charles Molette, Mgr Vladimir Ghika. Prince, prêtre et martyr, AED, 2007.
Horia Cosmovici, Monseniorul: amintiri și documente din viața Monseniorului Ghika în România, Editura Galaxia Gutenberg, Târgu Lăpuș, 2011.
Anca Mărtinaș, Vladimir Ghika. Prințul cerșetor de iubire pentru Cristos, Editrice Velar, Editura ARCB, Bucarest 2013.
Anca Mărtinaș, Vladimir Ghika. Il principe mendicante di amore per Cristo, Editrice Velar, Editrice ELLEDICI, Gorle, 2013.
Francesca Baltaceanu et Monica Brosteanu, Vladimir Ghika, professeur d'espérance, préface de Mgr Philippe Brizard, Cerf, 2013
Francisca Băltăceanu, Andrei Brezianu, Monica Broșteanu, Emanuel Cosmovici, Luc Verly, Vladimir Ghika. Profesor de speranță, préface de Mgr Ioan Robu, Editura ARCB, Bucarest 2013.
Études
(ro) Florina-Aida Bătrînu, „Rugați-vă toți pentru mine...” Monseniorul Vladimir Ghika și martiriul său, Bucarest, ARCB, .
Mihaela Vasiliu (trad. du roumain), Une lumière dans les ténèbres. Mgr Vladimir Ghika [« O lumină în întuneric: Monseniorul Vladimir Ghika »], Paris, Cerf, .
Mgr Vladimir Ghika apôtre et martyr. Actes du colloque à la mémoire de Mgr Vladimir Ghika. Octobre 2010, Paris, Paris, ABMVG, .
(ro) Ioan Ciobanu, A trăit și a murit ca un sfânt! Mons. Vladimir Ghika 1873-1954, Bucarest, ARCB, .
Père Pierre Brun, Donne-nous la lumière. Neuvaine de discernement spirituel à l'école du bienheureux Vladimir Ghika, Salvator, .