Le vitu est parfois considéré comme une seule langue avec son voisin, le bali(en). Pour les locuteurs du vitu, il s’agit de deux langues séparées[2].
Écriture
Le vitu est doté d’une écriture basée sur l’alphabet latin. Les conventions orthographiques employées incluent v pour /β/, z pour /ð/, h pour /ɣ/, ng pour /ŋ/, e pour /ɛ/ et o pour /ɔ/. Les autres lettres sont identiques au symbole de l’alphabet phonétique international correspondant (sauf pour les occlusives prénasalisées dont la composante nasale n’est pas notée)[3].
Les trois occlusives sonores ne sont pas toujours prénasalisées en début d’énoncé. /ᵑɡ/ n’est pas toujours voisé, surtout entre deux /a/ : raga (« sauter ») peut être prononcé [ˈraᵑɡa] ou [ˈraᵑka]. /t/ a l’allophone [t͡ʃ] devant /i/ : beti (« banane ») est prononcé [ˈᵐbɛt͡ʃi][5]. On orthographie cependant t dans ce cas.
/i/ devient [j] devant le suffixe de première personne -au : loloniau[lɔlɔˈnjau], « je suis fatigué ». Après /t/, /i/ disparaît en palatalisant /t/ en [t͡ʃ] (voir plus haut) : mazahitiau[maðaɣiˈt͡ʃau], « je suis malade ».
Syllabes
Les seules syllabes autorisées sont V et CV, c’est-à-dire qu’il est impossible d’avoir plusieurs consonnes qui se suivent ou une consonne en fin de mot. Deux voyelles adjacentes font partie de deux syllabes différentes. Sauf exception, il ne peut pas y avoir deux voyelles identiques qui se suivent[6]. Les mots qui n’obéissent pas à ces règles sont principalement des emprunts au tok pisin, par exemple gras (« herbe »)[7].
Il y a trois types de pronoms personnels : les pronoms libres, les suffixes d’objet et les suffixes possessifs[9].
Personne
Pronom libre
Suffixe d’objet
Suffixe possessif
Sing.
1re
hau
-au, -u
-gu
2e
ho
-ho
-voyelle
3e
ia
-a, -∅
-na
Duel
1re
Ex
miro
-miro
-miro
In
toro, to
-doro
-doro, -do
2e
moro, mo
-moro
-moro, -mo
3e
hiro
-hiro
-hiro
Plur.
1re
Ex
hita
-hita
-hita
In
tolu
-dolu
-dolu
2e
miu
-miu
-miu
3e
dia
-dia
-dia
Verbes
Verbes transitifs
Les verbes transitifs peuvent recevoir un suffixe d’objet. Ces verbes sont divisés en trois classes en fonction de leur terminaison. Pour la classe 1, les formes des suffixes au singulier sont -au, -ho et -a[10].
Ia
e
hubi-au.
Ia
e
hubi-ho.
Ia
e
hubi-a.
3sg
R:3
battre-1sg
3sg
R:3
battre-2sg
3sg
R:3
battre-3sg
Il me bat.
Il te bat.
Il le/la bat.
Forme passive
Les verbes de classe 1 qui se terminent par -i forment le passif en changeant la désinence -i, ou -i-a en -ua pour exprimer le passif. Ainsi kati-a, « faire », devient katua. Exemple[11] :
Vaga
kua
e
katua
na
vazalea.
Canot
ce
R:3
faire:passif
loc
plage
Ce canot a été fait sur la plage.
Numéraux
Le vitu a un système de numérationdécimal, bien que les numéraux de 6 à 9 soient formés à partir de ceux de 1 à 4. Les numéraux de 1 à 10 sont :
katiu,
rua,
tolu,
vata, garamo,
lima,
polo-katiu,
polo-rua,
polo-tolu,
polo-vata,
zanga-vulu.
Pour former les multiples de 10, on utilise zanga-vulu suivi du multiplicateur (par exemple zanga-vuluka lima, 50). On lie l’unité avec balana : zanga-vuluka rua balana tolu (23). Cependant, en pratique, la plupart des locuteurs comptent en anglais après 10.
4 a deux formes : vata, utilisé pour compter, et garamo pour quantifier des noms (mais 40 se dit zanga-vuluka garamo). Les numéraux suivent les noms : boro katiu (« un cochon »), dama garamo (« quatre jours »). Katiu (« un ») peut aussi servir d’article indéfini[12].
(en) René van den Berg, « An Unusual Passive in Western oceanic: The Case of Vitu », Oceanic Linguistics, vol. 46, no 1, , p. 54–70 (lire en ligne)
(en) René van den Berg et Peter Bachet, Vitu Grammar Sketch, SIL, coll. « Data Papers on Papua New Guinea Languages » (no 51), , 248 p. (ISBN9980-0-3207-3, lire en ligne)