Vettius Agorius Praetextatus[n 1] ou Prétextat (né vers 310, mort en 384) est un sénateur romain de la seconde moitié du IVe siècle. Il est un des derniers aristocrates défenseurs actifs de la religion romaine antique, ce qui n'empêche que les empereurs chrétiens lui confient les charges élevées de proconsul, préfet de la Ville, préfet du prétoire. Cinquante ans après sa mort, Macrobe en fait un des protagonistes du banquet des Saturnales présentant un long discours sur la thélogie solaire.
Famille
Il est le fils de Vettius Rufinus et peut-être d'une Agoria.
Valentinien Ier le désigne à la préfecture de la Ville de Rome, du au . Ammien Marcellin décrit son mandat en termes élogieux : il juge avec intégrité et droiture, il veille au respect des poids et mesures dans le commerce, il élimine les constructions privées parasites qui encombrent les temples et les voies publiques[4]. Il restaure le Portique des Dieux Conseillers, protecteurs de la Cité, et le marque d'une inscription indiquant qu'« il a restitué dans leur état antique les statues sacro-saintes des Dii consentes »[5],[6]. Il arbitre le sanglant conflit entre les factions chrétiennes pour le titre d'évêque de Rome. Malgré le massacre des partisans d'Ursin commis par Damase[7] il décide en faveur de ce dernier et expulse Ursin[3].
Praetextatus passe ensuite quinze ans sans exercer de fonction. Quoiqu'il ne partage pas la religion de l'empereur chrétien Théodose Ier, celui-ci le nomme est préfet du prétoired'Illyricum, d'Italie et d'Afrique en 384 et consul désigné pour 385. Praetextatus meurt peu avant en , à l'apogée de sa carrière. Son épouse lui compose une longue épitaphe[8] qui rappelle les nombreuses fonctions qu'il a assumées au service de l'empereur, et aussi au service des anciens Dieux[9],[10]. À l'inverse, Jérôme de Stridon, secrétaire de Damase, affirme dans une lettre à la dame romaine Marcella datée de 384 que « le consul désigné est maintenant dans le Tartare (l'Enfer) »[11].
Selon B. Kiilerich, le diptyque des Nicomaque et des Symmaque pourrait lui avoir été dédié[15]. Coelia Concordia, la dernière Grande vestale (virgo Vestalis maxima) ayant exercé à Rome, lui érige une statue à titre posthume pour avoir tenté de freiner l'expansion du Christianisme au détriment de la religion romaine[16].
Selon Lellia Cracco-Ruggini, Prétextat serait, peu après sa mort, la cible non nommée d'un pamphlet anoynyme chrétien, le Carmen contra paganos[17]
Une cinquantaine d'années après sa mort, Macrobe le met en scène dans les Saturnales, œuvre composée vers 425, comme l'un des protagonistes d'un banquet au cours duquel on discute des traditions religieuses des Romains : Vettius Agorius Praetextatus prend alors la défense des cultes de ses ancêtres et définit un syncrétisme dans lequel les principales divinités sont assimilées au Soleil[18],[19].
↑Ammien Marcellin, Histoire de Rome, livre XXVII, 3 « cent trente-sept cadavres furent trouvés le lendemain dans la basilique de Sicinins, où les chrétiens tiennent leurs assemblées »
↑Lellia Cracco-Ruggini, « En marge d'une "mésalliance" : Prétextat, Damase et le Carmen contra paganos », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, nos 2, 142ᵉ année, , p. 493-516 (lire en ligne).
Theodorus Wilhelmus Joannes Nicolaas, Praetextatus, Nimègue, Utrecht, Dekker & van de Vegt, 1940.
André Chastagnol, Les Fastes de la Préfecture de Rome, Paris, 1962, p. 171-178.
(en) Herbert Bloch, « The Pagan Revival in the West at the End of the Fourth Century », Arnaldo Momigliano éd., The Conflict Between Paganism and Christianity in the Fourth Century, Oxford, 1963, p. 193-218.
André-Jean Festugière, « Initiée par l'époux », Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, t. 53, , p. 135-146 (lire en ligne).
J. Flamant, Macrobe et le néo-platonisme latin, Leyde, 1977, p. 26-36.
(en) Maijastina Kahlos, Vettius Agorius Praetextatus : A senatorial life in between, Institutum Romanum Finlandiae, Rom 2002, (ISBN9789525323054), (Acta Instituti Romani Finlandiae, 26).