Un président, l’Europe et la guerre est un documentaire de Guy Lagache réalisé en 2022.
Synopsis
Au , la France prend la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, ce que Guy Lagache prévoit de documenter[1]. En février 2022, la Russie envahit l'Ukraine. Le documentariste suit le président français et ses conseillers diplomatiques pendant six mois[2], « de Paris à Kiev, en passant par Moscou, de l’invasion de l’Ukraine jusqu’à fin juin »[2].
Il présente, aux côtés d'Emmanuel Macron, le chef du pôle diplomatique Emmanuel Bonne, son adjointe Alice Rufo, la conseillère Europe continentale Isabelle Dumont et la conseillère communication internationale Anne-Sophie Bradelle[3].
Fiche technique
Titre original : Un président, l'Europe et la guerre[2]
Guy Lagache, ancien présentateur de «Capital» sur M6, ancien numéro deux de Radio France[5], a tourné seul les images, avec son iPhone et son camescope, embedded[2] au Palais de l'Élysée, y compris au sein du bunker où se déroule un conseil de défense. Il indique : « c’est l’un des sujets les plus difficiles que j’ai réalisés dans ma vie. J’ai eu des accès, mais ce n’était pas open bar, explique-t-il. Tout a été négocié avec eux, jour après jour, heure après heure. Une fois que vous entrez le premier jour, il ne faut pas croire que le deuxième est acquis. Tout est à recommencer »[6].
Le journaliste est conscient qu'il existe, de la part des autorités, « un travail sur la communication »[6]. Il indique que la présidence de la République a pu bénéficier « d’un droit de visionnage technique, mais pas éditorial », afin d'alerter sur la présence éventuelle dans le film d’éléments classés secret-défense, ou de nature à mettre à mal la sécurité nationale : à ce titre, un passage a été enlevé au montage[7]. Le réalisateur indique vouloir « documenter l’exercice du pouvoir »[8].
La présence de Guy Lagache lors du déplacement d’Emmanuel Macron à Kiev en juin 2022, alors que les rédactions de France Télévisions n'étaient pas prévenues, y suscite un mécontentement[9].
Question du secret diplomatique
L’agence de presse russe Ria Novosti indique, en faisant allusion au documentaire, que « depuis longtemps les Français ne respectent plus les règles diplomatiques des négociations », estimant ainsi que le documentaire réalise une atteinte au principe du secret diplomatique[10].
L'Élysée indique avoir prévenu ses interlocuteurs européens qu’un journaliste suivrait de l’intérieur la présidence française du Conseil de l’Union européenne ; en revanche, les autorités de Russie n'ont été averties qu'après le visionnage du film, soit entre mai et juin 2022. Pour Ariane Chemin, la gestion — et parfois la rupture — du secret diplomatique constitue bien « une arme entre la France et la Russie »[10].
Accueil critique
20 Minutes indique « parler de documentaire exceptionnel ou qui fera date n’est pas exagéré : il plonge le public au cœur de la cellule diplomatique de l’Elysée et raconte l’histoire en marche, de la montée des tensions aux portes de l’Europe, à l’explosion du conflit et à ses premières conséquences »[6]. Pour Sonia Devillers, il s'agit d'un « documentaire brillamment filmé, sur un sujet incroyablement difficile à mettre en scène »[11]. Pour Le Figaro, « aux premières loges, Guy Lagache mesure l’onde de choc que cette crise, la plus grave en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, provoque à l’Élysée et, plus précisément encore, au sein de la cellule diplomatique que dirige Emmanuel Bonne depuis 2019 »[5]. Pour L'Obs, l'intérêt du film réside justement dans ce qu'il montre du « cœur de la machine élyséenne en pleine tourmente », dans un dialogue diplomatique à la fois cynique et surréaliste entre chefs d'États[12].
Ariane Chemin comme Marc Teynier jugent le documentaire « fascinant »[2],[7]. Ariane Chemin remarque que le documentaire confirme la prééminence nette du pôle diplomatique de l'Élysée, avec Emmanuel Bonne, au détriment du Quai d'Orsay et du ministre Jean-Yves Le Drian[2]. Elle regrette cependant, qu'en raison de la campagne présidentielle pour l'élection présidentielle et de choix du réalisateur, le documentaire ne montre pas « les critiques des dirigeants polonais ou de Draghi lui-même sur la "téléphonite" du président français. Et la bouderie – la fâcherie, même – de Zelensky après le fameux "il ne faut pas humilier la Russie" »[2]. Télérama indique que le documentaire se rapproche d'une « opération de com », dans laquelle « Emmanuel Macron enfile son costume de gardien de la paix »[13].
La critique remarque particulièrement la réalisation en immersion et le sentiment que l'on assiste à l'histoire en marche[6],[14], ainsi qu'un long échange téléphonique entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine[15].
Références
↑Jean-Baptiste François, « « Un président, l’Europe et la guerre » : les coulisses diplomatiques de la crise ukrainienne », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le )
↑ abcdef et gAriane Chemin, « « Un président, l’Europe et la guerre », sur France 2 : dans les coulisses du pôle « diplo » de l’Elysée », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑« A France Télévisions, Laurent Guimier affronte la défiance des rédactions », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et bAriane Chemin et Philippe Ricard, « Face à Vladimir Poutine, Emmanuel Macron manie la diplomatie des « fuites » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )