Au début des années 1970, un groupe d'amoureux du tango résidant à Paris, dont le journaliste Tomás Barna, Benjamín Kruk et le musicien Edgardo Canton, a l'idée d'ouvrir un local qui permettrait de diffuser le meilleur de la musique et de la poésie du tango. Ils ne réussissent pas à réunir le capital nécessaire, mais n'abandonnent pas l'idée pour autant. Une décennie plus tard, Canton parvient à créer un groupe de sympathisants composé d'une vingtaine de membres, français, et argentins entre autres nationalités, qui s'associent pour porter le projet. Certains d'entre eux bien connus du monde des arts, comme Antonio Seguí, Pérez Celis et Leopoldo Détenues ou du chant, comme Susana Rinaldi[2].
En juillet 1981, Barna voyage à Buenos Aires et obtient l'engagement de José Libertella et Luis Stazo pour que le Sexteto Mayor soit présent à l'inauguration. De son côté, Julio Cortázar, qui, à la fin des années 70 a sorti un disque avec des paroles de tango de sa composition sur une musique de Canton, avec la voix de Juan Cedrón, endosse le rôle de parrain spirituel. Le nom du lieu, Trottoirs de Buenos Aires, doit d'ailleurs son nom au tango Trottoirs de Buenos Aires, extrait de ce disque[3].
Sous la direction de Canton, qui partageait avec Barna la direction artistique, le lieu est inauguré le 19 novembre 1981 en présence d'un public de diverses nationalités qui assiste avec enthousiasme au spectacle, au 37, rue des Lombards, proche des Halles, un quartier central de Paris[4].
Le Sexteto Mayor sera présent les trois premières semaines, recevant un franc succès, aussi bien public que critique. D'autres interprètes de grande envergure prendront la suite : Rubén Juárez, Salgán-De Lío, la chanteuse Josefina, Guillermo Galvé, Raúl Funes, Hernán Salinas, Reynaldo Anselmi, Susana Rinaldi, María Garay, les ensembles de Osvaldo Piro, Roberto Goyeneche, le trio de Juan José Mosalini, Gustavo Beytelmann, Orlando Trípodi, le Cuarteto del Centenario, le duo Gubitsch-Caló avec du tango d'avant-garde, Sandra Rumolino et bien d'autres excellents artistes[5].
Des danseurs de renom, comme Osvaldo Zotto, Milena Plebs, Eduardo Arquimbau, Majoral, Pablo Veron, Virulazzo[6], ainsi que des personnalités illustres, comme Mercedes Sosa, Jairo ou Atahualpa Yupanqui[7] seront de passage aux Trottoirs de Buenos Aires.
Les Trottoirs de Buenos Aires ont également permis d'être précurseurs du succès du spectacle Tango argentino[8], qui débute à Paris et se joue à guichets fermés deux ans après, le 11 novembre 1983[9].
Les Trottoirs de Buenos Aires ferment définitivement le 15 mai 1994[10].
En 2017, le réalisateur Sergio Cucho Costantino a commencé à filmer le documentaire Un rêve à Paris, avec le comédien Jean-Pierre Noher, sur les Trottoirs de Buenos Aires[11]. Le documentaire est sorti en 2019, en marge du Festival de Tango de Buenos Aires[12].