Au sujet du nombre de tons de cantonais, la vue chinoise classique n'est pas d'accord avec la linguistique. Dans le monde cantonais on généralement considère aujourd'hui que le cantonais standard possède neuf tons avec six contours de ton distincts[1] (九聲六調, cantonais Jyutping : gau2 sing1 luk6 diu6), mais ce n'est pas nécessaire le cas dans les autre variantes régionales[2].
En linguistique les contours de tons s'appellent tout simplement les tons.
Les quatre catégories de ton
Pour comprendre le nombre de neuf il faut savoir que, du point de vue chinoise, il existe quatre catégories de tons (四聲, cantonais Jyutping : sei3 sing1), nommées píng (平, cantonais Jyutping : ping4, « plat »[note 1]), shăng (上, cantonais Jyutping : seong5, « montant »), qù (去, cantonais Jyutping : heoi3) et rù (入, cantonais Jyutping : gap6). Ces quatre catégories sont regroupées en deux supercatégories, les tons plats (平, cantonais Jyutping : ping4), qui comprend la seule catégorie de píng, et les tons obliques (仄, cantonais Jyutping : zak1), qui comprend toutes les autre catégories.
Les tons qù et rù sont généralement traduits « sortant » et « entrant ». Or, ces noms ne portent pas ces significations. En effet, les noms de tons ne portent aucune signification sauf ses valeurs tonals[note 2].
D'ici, toutes les catégories sont divisées en deux genres, le yin (陰, cantonais Jyutping : jam1) et le yang (陽, cantonais Jyutping : joeng4). En théorie, il existe donc huit tons dans n'importe quelle langue chinoise.
Les neuf tons
Dans le cantonais, le ton rù yin est divisé en deux, donc neuf tons. Ces neuf, du point de vue chinoise, sont généralement numérotés ainsi :
Genre
Tons plats
Tons obliques
Píng
Shăng
Qù
Rù
Yīn
1
2
3
7
8
Yáng
4
5
6
9
Plusieurs systèmes de nommer ces tons existent, mais tous font référence des quatre grandes catégories de píng, shăng, qù et rù :
Ces tons dits rù désignent effectivement un syllabe dont la finale est une occlusive non nasale. En cantonais, ce dernier peut être la consonne /p/, /t/ ou /k/. En linguistique, on dit que cette catégorie n'existe que « pour les nécessités de la poésie »[6].
Contour de ton (ton linguistique)
Syllabes avec une finale occlusive non nasale
Autres syllabes
Ton
Exemple
Ton
Exemple
1 (˥ / ˥˧)
7
色 sik7
1
詩 si1
2 (˧˥)
NC
NC
2
史 si2
3 (˧)
8
鍚 sek8
3
試 si3
4 (˨˩ / ˩)
NC
NC
4
時 si4
5 (˩˧)
NC
NC
5
市 si5
6 (˨)
9
食 sik9
6
是 si6
En réalité ce système de neuf tons n'est pas suffisant pour représenter toutes les possibilités dans la langue parlée. Par exemple, le contour de ton 2 avec une finale non nasale est très commun ; le contour de ton 4 avec une finale non nasale existe aussi dans plusieurs onomatopées. Pour réfléter cette réalité, on peut réviser le tableau ci-dessus ainsi :
Contrairement au cas du mandarin, où on généralement ignore tous les tons, les tons de cantonais exercent un important effet sur l'écriture de paroles, particulièrement sur celles de chansons populaires.
Si le parolier ne tient compte de la tonalité inhérente du texte, la vraie mélodie peut perturber le sens du texte[8]. Dans ce cas, on dit que le texte du parole ne s'accorde pas à la mélodie (唔啱音, cantonais Jyutping : m4 aam1 jam1)[9]. Cette question de l'accord (叶音, cantonais Jyutping : hip6 jam1) résulte du fait que la tonalité du texte en cantonais constitue une mélodie prévue, avec qui la vraie mélodie du chanson interagit toujours.
Les tons montants (c'est-à-dire la catégorie de shăng) sont les plus difficiles[8].
Les tons rù présentent les difficultés particulières aussi. En raison de ses brièvetés inhérentes, il est inapproprié de mettre un mot rù sur un note avec une longue durée. Ce dernier peut provoquer aussi une perturbation de sens perçu[10].
Notes
↑Parfois traduit « égal », qui peut considéré fautif en raison que 仄, l'opposé de son homologue dans les supercatégories, signifie « oblique ».
↑En ce sens, l'appellation de rù peut être considéré comme un non-sens en raison que cette catégorie n'existe pas en mandarin.
Références
↑ ab et c(zh-HK) Richard Man Wui Ho et Chu Kwok Fan, ˍjyt ˈjɐm ˉdziŋ ˍduk ˍdzi ˍwɐi [« 粵音正讀字彙 »] [« Glossaire de prononciations cantonaises justes »] (dictionnaire), Hong Kong, Hong Kong Educational Publishing, , 2e éd., ① [i]
↑ a et b(zh) Cao Zhiyun et Wang Lining, « 澳門粵語的語音特點 » [« Particularités de la phonologie de la langue cantonaise de Macao »], Revista da Universidade Politécnica de Macau, no 4, , p. 173 (lire en ligne)
↑(zh-hk) Tak Sum Wong « 廣州話中入調與元音長短之規律再探 » [« Nouvelle enquête sur le lien entre la catégorie tonale de rù et le longeur de voyelle dans la langue cantonaise »] (lire en ligne, consulté le ) [PDF] —第十四屆粵方言國際學術研討會暨第五屆平話國際學術研討會 (Guilin, )
↑(zh-HK) 新雅中文字典 [« Dictionnaire Sun Ya de la langue chinoise »] (dictionnaire), Hong Kong, Sun Ya Publications, , 四 [iv]
↑(zh-HK) Thomas Yu Ping Chiu, 同音字彙 [« Glossaire en rimes »], Hong Kong, 光華圖書, (lire en ligne)
↑Numéro non officiel. Voir (zh) « 《香港語言學學會粵語拼音方案》──一個簡單又專業的粵語羅馬拼音方案 » [« Le Jyutping : un système de romanisation simple et professionnel »], (consulté le ).
↑ a et b(zh-HK) Rupert Chan, « 弒君義 » [« Macbeth »], Kung Kao Po, no 3712, (lire en ligne, consulté le )
↑(zh-HK) Wong Chi-wah, « 用「零二四三」可填任何歌?當真? » [« "0243" suffisant pour écrire n'importe quelle parole, c'est vrai ? »], (consulté le )
↑(zh-HK) Wong Chi-wah, « 粵語歌曲的入聲字、入聲韻 » [« Les mots rù et les rimes rù dans les paroles en cantonais »], Music Companion, Hong Kong Music Institute, no 96, , p. 27 (lire en ligne, consulté le )