Si l'historicité de la crucifixion ne fait plus aucun doute pour la majorité des chercheurs[1], les détails de l'exécution et de l'ensevelissement de Jésus restent très débattus.
Les catholiques et les églises orthodoxes situent le tombeau de Jésus dans l'église du Saint-Sépulcre[4]. Cette dernière est construite sur les lieux présumés du Calvaire, le mont Golgotha, qui servait de carrière[5] de pierre « meleke » depuis le VIIIe siècle av. J.-C. et était une colline au nord-ouest de la ville de Jérusalem, à une altitude comprise entre 710 et 780 mètres.
Des analyses archéologiques ont été conduites dans l'édicule du Saint-Sépulcre par le professeur Antonia Moropoulou, en 2017, sur le mortier liant les pierres[6]. Elles ont permis de dater celui-ci d'au moins 1 700 ans[7], en cohérence avec le témoignage d'Eusèbe de Césarée décrivant les travaux originels initiés par l'empereur Constantin Ier à partir de l'an 330[8].
Galerie photo de différents types de tombes à l'époque de Jésus
Tombes au temps de Jésus
Cimetière du site archéologique de Qumrân. Si le corps de Jésus n'avait pas été placé dans la tombe de Joseph d'Arimathie, il aurait été inhumé dans une fosse recouverte de cailloux, comme c'était le cas pour la majorité des Juifs des classes populaires ou les condamnés dans la Palestine antique[13].
La tombe à meule, comme celle qui fermait l’entrée du tombeau de Jésus selon les évangiles synoptiques (Mt 27,57-60 ; Mc 16,3-4 ; Lc 24,2), était l’apanage de l'élite locale. On n'en a retrouvé que dans quatre sépultures, toutes royales, datant de l'époque du Second Temple de Jérusalem[14], en particulier celle d'Hérode Ier le Grand (ci-dessus). L'Évangile selon Matthieu pourrait donc chercher à marquer la royauté de Jésus de Nazareth par un motif puissant et évocateur pour les lecteurs de son temps : il fut enterré à la manière d'un roi.
Les Tombes du Sanhédrin sont constituées de 63 niches creusées dans le rocher dans lesquelles on déposait les ossuaires des défunts. Elles correspondent au type de sépulture privilégié à cette époque par la classe moyenne supérieure et la classe supérieure de la population de Jérusalem.
Légendes alternatives
Les explications des évangélistes sur l'inhumation de Jésus de Nazareth ont pu être réinterprétées au cours des siècles, ce qui a favorisé la naissance de légendes[15]. Par exemple, selon une théorie sans fondement scientifique, le tombeau de Jésus se trouverait dans le village de Rennes-le-Château en France[16].
Autre théorie, Jésus de Nazareth serait enterré au Japon dans le village de Shingō, dans la préfecture d'Aomori. Selon cette tradition locale, il aurait réalisé deux séjours dans le pays. La seconde fois, après avoir voyagé durant quatre années, il serait arrivé par bateau à Hachinohe, dans le nord-est du pays, avant de s'installer à Shingō. Il aurait alors pris le nom de Daitenku Taro Jurai, aurait vécu jusqu'à l’âge de 106 ans, se serait marié et aurait eu trois filles[17].
En Inde, le mouvement Ahmadiyya, qui rassemble plusieurs millions d'adeptes, affirme qu'après avoir salué ses disciples, Jésus de Nazareth aurait pris le chemin de Damas, puis du Cachemire où il serait mort à un âge canonique. Sa tombe, érigée à Srinagar, fait toujours l'objet de pèlerinages[18].
Notes et références
↑Jacques Giri, Les nouvelles hypothèses sur les origines du christianisme, éditions Karthala, , p. 182
↑(en) Raymond Edward Brown, The Death of the Messiah, from Gethsemane to the grave. A commentary on the Passion narratives of the four Gospels, éditions Doubleday, , p. 1224
↑William D. Crump, Encyclopedia of Easter Celebrations Worldwide, McFarland, USA, 2021, p. 251
↑Un cimetière dans une carrière de pierres désaffectée, à la sortie du village d'Aboud, offre un tableau ressemblant à ce cimetière du Golgotha. Cf. Marie-Armelle Beaulieu et Jean-Sylvain Caillou, « Se représenter le tombeau de Jésus », Terre Sainte Magazine, no 636, , p. 50.
↑(en) Amnon Rosenfeld, « The Authenticity of the James Ossuary », Open Journal of Geology, no 4, , p. 69-78 (lire en ligne [PDF])
↑(en) Aryeh E. Shimron, « The Geochemistry of Intrusive Sediment Sampled from the 1st Century CE Inscribed Ossuaries of James and the Talpiot Tomb, Jerusalem », Archaeological Discovery, no 8, , p. 92-115 (ISSN2331-1967 et 2331-1959, lire en ligne [PDF])
↑(en) Jodi Magness, « Ossuaries and the Burial of Jesus and James », Journal of Biblical Literature, vol. 124, no 1, , p. 122-123
↑Amos Kloner, « Did a Rolling Stone Close Jesus’ Tomb ? » in The Burial of Jesus, Biblical Archaeology Society, Kathleen E. Miller et al, ed., 2007, p. 10
↑Gérard Rochais et Chrystian Boyer, Le Jésus de l'histoire à travers le monde, Labor et Fides, , p. 112