Dès sa sortie de charge, en , il est mis en accusation par les tribuns de la plèbe Quintus Considius et Titus Genucius[5]. Les tribuns lui reprochent sa conduite des opérations militaires pour l'année 477, notamment d'avoir laissé les Fabiens se faire massacrer et d'avoir laissé l'ennemi prendre ensuite le fort de Crémère alors que son camp était proche[a 6],[a 7],[6]. Néanmoins, les auteurs antiques soulignent que l'accusation est peut-être plus motivée par son opposition à la loi agraire que les plébéiens réclament depuis la mort de Spurius Cassius Vecellinus en 486[7],[8].
L'affaire est portée devant les comices tributes[9],[a 8] et l'ancien consul encourt la peine de mort mais le Sénat le défend avec autant d'ardeur que pour Coriolan quelques années auparavant et la popularité de son père Agrippa Menenius Lanatus, qui avait réconcilié plèbe et patriciat à la suite de la première sécession de la plèbe, empêche les tribuns de la plèbe de le condamner à mort ou à l'exil. Ils réduisent finalement la peine à une amende de 2 000 as[a 1],[a 9]. Selon Tite-Live, c'est tout de même un arrêt de mort car Lanatus ne peut supporter d'avoir été condamné et une maladie l'emporte dans l'année[a 10].
Le déroulement du procès et les accusations portées contre Lanatus paraissent aujourd'hui douteux et peu réalistes tels qu'ils sont rapportés par les auteurs antiques. En effet selon Denys d'Halicarnasse et Tite-Live, au départ, le procès contre l'ancien consul suit une procédure qui peut mener à la peine capitale, pourtant, l'affaire s'achève sur une amende, certes considérée comme l'amende la plus importante jamais demandée[10], mais à l'époque, les amendes publiques sont établies en bétail et ne sont converties en as que plus tard[11]. Dion Cassius rapporte une version différente de celle rapportée par Denys d'Halicarnasse et Tite-Live, s'appuyant vraisemblablement sur des sources anciennes qui utilisent encore le terme de « préteur » pour désigner un consul[12]. Selon lui, Lanatus est bien condamné à mort à l'issue de son procès[a 11]. Ce procès et la condamnation d'un ancien consul remettent en cause l'hégémonie patricienne et marquent le début d'une série d'évènements qui aboutit à la promulgation de la Lex Publilia en , entraînant le retour au pouvoir de l'élite plébéienne[13].
(en) T. Robert S. Broughton, The Magistrates of the Roman Republic : Volume I, 509 B.C. - 100 B.C., New York, The American Philological Association, coll. « Philological Monographs, number XV, volume I », , 578 p.
(fr) Janine Cels-Saint-Hilaire, La République des tribus : Du droit de vote et de ses enjeux aux débuts de la République romaine (495-300 av. J.-C.), Toulouse, Presses universitaires du Mirail, coll. « Tempus », , 381 p. (ISBN2-85816-262-X, lire en ligne)
(fr) Giles Constable et Michel Rouche, Auctoritas, Presses universitaires de Paris Sorbonne, , 807 p. (ISBN978-2-84050-407-8, lire en ligne)