Son élevage remonterait à l'Égypte ancienne, il y a 4 000 ans. Son exploitation commerciale commence en Afrique du Sud, par les colons belges et anglais, en raison des pénuries de viande occasionnées par la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, l'usage intensif d'antibiotiques et d'hormones a permis d'obtenir des populations de poissons entièrement mâles, à la croissance deux fois plus rapide que celle des femelles. Sa facilité d'élevage fera qu'en 2004 il dépasse le saumon et la truite arc-en-ciel, jusque-là en tête des ventes[1].
Six espèces sont élevées, auxquelles s'ajoutent les hybrides, issus de leur croisement. Essentiellement, Tilapia du Nil (Oreochromis niloticus) et Tilapia du Mozambique (Oreochromis mossambicus) appelé aussi Tilapia de Java[1].
Certaines espèces sont considérées comme étant en cours de domestication, puisque le cycle de l'élevage est entièrement maîtrisé, qu'une sélection est appliquée à ces espèces et qu'elle a déjà permis d'améliorer leurs qualités du point de vue de l'élevage[6].
La présence de ces poissons prédateurs dans les cours d'eau est un moyen naturel de lutte contre les insectes vecteurs.
La polyculture des crevettes avec des tilapias est l'un des moyens de lutte contre le syndrome de Taura affectant ces crustacés[7].
Les tilapias ont été introduits dans de nombreux cours d'eau et rivières d'Afrique ou d'Asie, souvent pour occuper une niche vide ou bien pour l'alimentation des populations locales. C'est le cas de la Perche du Nil (Lates niloticus) mais aussi à moindre échelle du Tilapia du Mozambique (Oreochromis mossambicus) qui sont malheureusement devenues localement des espèces invasives, ayant contribué à la disparition d'espèces indigènes.
Dans certains pays comme le Brésil, la peau de tilapia est utilisée pour en faire des objets tels que des sacs, portefeuilles, ceintures, porte-documents…[1]
Usage alimentaire
Ce sont des poissons d'eau douce à chair blanche et ferme et pratiquement dépourvus d'arêtes. Le tilapia a un goût qui varie en fonction de la salinité de l'eau dans laquelle il vit. Sa saveur est plus forte chez les individus sauvages[8]. Il est riche en vitamine B, en vitamine D, en sélénium et en phosphore. C'est un poisson maigre qui contient néanmoins deux acides gras de la famille des oméga-3, de l'acide eicosapentaénoïque (AEP) et de l’acide docosahexaénoïque (ADH)[1].
Très bon marché, le tilapia est l'une des espèces de poissons les plus consommées aux États-Unis.
Valeurs nutritionnelles d'une portion de tilapia cuit au four ou grillé[9]
Pour 100 g
Énergie
129 kCal
Cholestérol
57 mg
Fibres alimentaires
0,0 g
Protéines
26,15 g
Glucides
0,0 g
Lipides totaux
2,65 g
Usage médical
La possibilité d'utiliser la peau de tilapia comme bandage pour les grands brûlés est étudiée chez les humains[10],[11],[12] et en médecine vétérinaire[13].
Écologie
Leur grande adaptabilité en fait des espèces volontiers invasives. Par exemple, dans le lac Victoria, au Yucatán ou dans l’archipel des îles Palaos, ils sont une menace pour la biodiversité locale et doivent être exterminés. Aux États-Unis, ils se sont multipliés également au Nevada ou en Arizona, et la réglementation limite à présent l'élevage, qui nécessite l'obtention d'un permis[1],[14].
Les tilapias dans la culture
Les poissons multipliés par Jésus-Christ pour nourrir les foules venues l’écouter seraient une espèce de tilapia[1].
↑Irène Irena Salas, « Peaux artificielles 'ex vivo' et 'in silico' », La Peaulogie - Revue de sciences sociales et humaines sur les peaux, no n°6, , p. 15 (lire en ligne, consulté le )
↑Van Boeckel, V., Miszewska, C., Vrancken, K., Nizet, C., Martin, F., « Les substituts cutanés: un progrès dans la régénération de la peau à l’aide de l’ingénierie tissulaire », Revue Médicale de Liège, Université de Liège. Revue Médicale de Liège, Liège, Belgium, vol. 79, no 1, , p. 34‑40 (lire en ligne)
↑Janssens, C. (2022). Le traitement des brûlures chez les mammifères par la peau de tilapia [Master en médecine vétérinaire - Mémoire de fin d’études, Université de Liège]. https://matheo.uliege.be/handle/2268.2/14961
↑(en) Richard Ogutu-Ohwayo, The decline of the native fishes of lakes Victoria and Kyoga (East Africa) and the impact of introduced species, especially the Nile perch, Lates niloticus, and the Nile tilapia, Oreochromis niloticus. Dans la revue Environmental Biology of Fishes, édition Springer Netherlands. Volume 27, Number 2 / février 1990. ISSN 0378-1909 (Print) 1573-5133 (Online). p. 81-96Lire le résumé en ligne