Tilapia

Tilapia
Nom vulgaire ou nom vernaculaire ambigu :
l'appellation « Tilapia » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
Description de cette image, également commentée ci-après
Pêche de tilapias.

Taxons concernés

Dans la famille des Cichlidae :

Tilapia est un nom vernaculaire ambigu désignant en français certains poissons de la famille des Cichlidae. Cette appellation commerciale vient de la forme latine - latinisation scientifique - de thiape, un mot qui signifie « poisson » en tswana, une langue d'Afrique[1]. Elle regroupe trois genres au sein des cichlidés : Oreochromis, Tilapia et Sarotherodon. Ils sont originaires d'Afrique ainsi que du Proche ou du Moyen-Orient et leur taille varie entre 5 et 50 centimètres. Ces poissons d'eau douce ou d'eau saumâtre sont des sortes de carpes exotiques, abondamment élevées et consommées dans le monde. S'il existe près d'une centaine d'espèces de tilapias, seules quelques-unes se prêtent à la pisciculture.

Noms en français et noms scientifiques correspondants

Note : Certaines espèces ont plusieurs noms.

Le tilapia est aussi appelé berri rouge, par exemple à l'île Maurice[5].

Utilisation par l'Homme

Élevage

Les tilapias sont exploités par la pêche, la pisciculture ou l'aquariophilie.

Son élevage remonterait à l'Égypte ancienne, il y a 4 000 ans. Son exploitation commerciale commence en Afrique du Sud, par les colons belges et anglais, en raison des pénuries de viande occasionnées par la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, l'usage intensif d'antibiotiques et d'hormones a permis d'obtenir des populations de poissons entièrement mâles, à la croissance deux fois plus rapide que celle des femelles. Sa facilité d'élevage fera qu'en 2004 il dépasse le saumon et la truite arc-en-ciel, jusque-là en tête des ventes[1].

En 2009 le tilapia est produit dans plus de 75 pays, les plus grands producteurs étant la Chine, la Thaïlande, les Philippines, l'Indonésie, Taïwan, l'Égypte, la Colombie, Cuba, le Mexique et Israël[1].

Six espèces sont élevées, auxquelles s'ajoutent les hybrides, issus de leur croisement. Essentiellement, Tilapia du Nil (Oreochromis niloticus) et Tilapia du Mozambique (Oreochromis mossambicus) appelé aussi Tilapia de Java[1].

Certaines espèces sont considérées comme étant en cours de domestication, puisque le cycle de l'élevage est entièrement maîtrisé, qu'une sélection est appliquée à ces espèces et qu'elle a déjà permis d'améliorer leurs qualités du point de vue de l'élevage[6].

La présence de ces poissons prédateurs dans les cours d'eau est un moyen naturel de lutte contre les insectes vecteurs.

La polyculture des crevettes avec des tilapias est l'un des moyens de lutte contre le syndrome de Taura affectant ces crustacés[7].

Heterotilapia buttikoferi en aquarium.

Les tilapias ont été introduits dans de nombreux cours d'eau et rivières d'Afrique ou d'Asie, souvent pour occuper une niche vide ou bien pour l'alimentation des populations locales. C'est le cas de la Perche du Nil (Lates niloticus) mais aussi à moindre échelle du Tilapia du Mozambique (Oreochromis mossambicus) qui sont malheureusement devenues localement des espèces invasives, ayant contribué à la disparition d'espèces indigènes.

Des espèces comme Heterotilapia buttikoferi ou Oreochromis mossambicus sont des poissons d'aquarium d'eau douce appréciés.

Dans certains pays comme le Brésil, la peau de tilapia est utilisée pour en faire des objets tels que des sacs, portefeuilles, ceintures, porte-documents…[1]

Usage alimentaire

Ce sont des poissons d'eau douce à chair blanche et ferme et pratiquement dépourvus d'arêtes. Le tilapia a un goût qui varie en fonction de la salinité de l'eau dans laquelle il vit. Sa saveur est plus forte chez les individus sauvages[8]. Il est riche en vitamine B, en vitamine D, en sélénium et en phosphore. C'est un poisson maigre qui contient néanmoins deux acides gras de la famille des oméga-3, de l'acide eicosapentaénoïque (AEP) et de l’acide docosahexaénoïque (ADH)[1].

Très bon marché, le tilapia est l'une des espèces de poissons les plus consommées aux États-Unis.

Valeurs nutritionnelles d'une portion de tilapia cuit au four ou grillé[9]
Pour 100 g
Énergie 129 kCal
Cholestérol 57 mg
Fibres alimentaires 0,0 g
Protéines 26,15 g
Glucides 0,0 g
Lipides totaux 2,65 g

Usage médical

La possibilité d'utiliser la peau de tilapia comme bandage pour les grands brûlés est étudiée chez les humains[10],[11],[12] et en médecine vétérinaire[13].

Écologie

Leur grande adaptabilité en fait des espèces volontiers invasives. Par exemple, dans le lac Victoria, au Yucatán ou dans l’archipel des îles Palaos, ils sont une menace pour la biodiversité locale et doivent être exterminés. Aux États-Unis, ils se sont multipliés également au Nevada ou en Arizona, et la réglementation limite à présent l'élevage, qui nécessite l'obtention d'un permis[1],[14].

Les tilapias dans la culture

Les poissons multipliés par Jésus-Christ pour nourrir les foules venues l’écouter seraient une espèce de tilapia[1].

Nombre d'apôtres, comme l'apôtre Pierre auraient vécu de la pêche de ce poisson dans le lac de Tibériade. Jésus invite Pierre à payer l'impôt du Temple en pêchant un poisson ; d’où le nom de « poisson de saint Pierre » donné par les anglophones[1].

  • La Cruche et le Tilapia, une lecture africaine de l’Égypte ancienne de Alain Anselin, Revue TYANABA, éd. de l'UNIRAG, 1995.
  • Tilapia, un morceau de musique du groupe anglais Autechre sur l'album EP Cichlisuite.
  • Le Tilapia, un sketch de l'humoriste Ben.

Notes et références

  1. a b c d e f g h et i Tilapia sur passeportsante.net
  2. a b c d e f g h i et j Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
  3. Nom vernaculaire en français d’après Termium plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada
  4. a et b Nom vernaculaire français d'après Dictionary of Common (Vernacular) Names sur Nomen.at
  5. « LE SECTEUR DES PRODUITS DE LA MER A L’ILE MAURICE »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?). Étude du potentiel aquacolepublié par le Développement de l’aquaculture à L’Ile Maurice. Rapport final novembre 2007. Page 60-62, consultées en novembre 2010.
  6. Productions animales, Revue éditée par l’INRA Volume 17 - Numéro 3 - juillet 2004 - Numéro spécial Domestication des poissons
  7. Gulf States Marine Fisheries Commission : « Non-Native Species Summaries: Taura Syndrome Virus (TSV) »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), 2003. Accessed June 30, 2005.
  8. Savoureux tilapia sur le site Coup de pouce, consulté en mai 2013
  9. « Tilapia, au four ou grillé », sur hc-sc.gc.ca, Fichier canadien sur les éléments nutritifs (consulté le )
  10. de la peau de poisson pour soigner les grands brûlés sur le site sante.lefigaro.fr
  11. Irène Irena Salas, « Peaux artificielles 'ex vivo' et 'in silico' », La Peaulogie - Revue de sciences sociales et humaines sur les peaux, no n°6,‎ , p. 15 (lire en ligne, consulté le )
  12. Van Boeckel, V., Miszewska, C., Vrancken, K., Nizet, C., Martin, F., « Les substituts cutanés: un progrès dans la régénération de la peau à l’aide de l’ingénierie tissulaire », Revue Médicale de Liège, Université de Liège. Revue Médicale de Liège, Liège, Belgium, vol. 79, no 1,‎ , p. 34‑40 (lire en ligne)
  13. Janssens, C. (2022). Le traitement des brûlures chez les mammifères par la peau de tilapia [Master en médecine vétérinaire - Mémoire de fin d’études, Université de Liège]. https://matheo.uliege.be/handle/2268.2/14961
  14. (en) Richard Ogutu-Ohwayo, The decline of the native fishes of lakes Victoria and Kyoga (East Africa) and the impact of introduced species, especially the Nile perch, Lates niloticus, and the Nile tilapia, Oreochromis niloticus. Dans la revue Environmental Biology of Fishes, édition Springer Netherlands. Volume 27, Number 2 / février 1990. ISSN 0378-1909 (Print) 1573-5133 (Online). p. 81-96 Lire le résumé en ligne

Bibliographie

Liens externes

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