Le professeur Alajouanine a consacré toute sa jeunesse à l'étude des problèmes de neuropathologie et individualisé des syndromes qui portent son nom. Il a publié plusieurs centaines d'articles dans la Revue neurologique. Il a contribué à l'essor de la neuropsychologie en s'intéressant à la sémiologie, aux mécanismes et à la rééducation des aphasies. Autour de lui se constitua dans les années 1950 un groupe de cliniciens dont les travaux se révélèrent particulièrement féconds et que l'on désigne sous le nom d'école sémiologique de la Salpêtrière.
Théophile Alajouanine avait une double activité de neurologue et d'écrivain. Son livre sur Valery Larbaud, qu'il a soigné pendant vingt-deux ans, son amitié avec Paul Valéry et de nombreux poètes en témoignent. Il fit l'analyse sémiologique de la maladie neurologique dont souffrit Maurice Ravel à la fin de sa vie. Son ouvrage l'Aphasie et le langage pathologique a été couronné par l'Académie française en 1970.
Quant à ses opinions politiques, il était royaliste, membre de l'Action française. Il aurait dû être l'un des orateurs d'un meeting en , interdit par les autorités[4]. Il a loué publiquement Charles Maurras lors du meeting organisé en 1937 à l'occasion de la sortie de prison du maître du "nationalisme intégral"[5] et encore à une réunion des étudiants d'Action française, qu'il préside, en 1938[6]. Il a participé aux banquets médicaux annuels d'Action française et a présidé celui de 1933[7]- et à ceux du Cercle Fustel de Coulanges[8]. Dans son discours de 1933, il déclare : « Parvenu maintenant aux situations officielles de notre profession, je n'ai en rien modifié l'expression de mes convictions politiques, estimant au contraire qu'il fallait d'autant plus les affirmer que leur proclamation risquerait d'être plus surprenante pour les uns, choquante pour les autres (...): la fidélité à un idéal politique (...) ne (peut) étonner que les lâches et les indécis ». Ses convictions se caractérisent par son hostilité à l'égard de l'« étatisme républicain », du « fonctionnarisme outrancier et monstrueux » qui menacerait sa profession, de la crainte d'une « fonctionnarisation totale des médecins », par son admiration pour Maurras, pour sa méthode qu'il compare à celle des médecins, par sa haine « d'un mal terrible : le mal démocratique », du « principe funeste de l'égalité », du « lamentable et stupide suffrage universel » qui lui fait préférer la monarchie[9].
On le trouve encore au banquet médical d'Action française en 1963 qui renoue avec la tradition des banquets interrompue depuis 1939[10].
Attaché à sa région d'origine, il achète vers 1935 le château de Chalouze à Lalizolle (Allier).
Manœuvre d'Alajouanine : « méthode qui permet d’étudier la motilité automaticoréflexe des globes oculaires : quand on modifie la position de la tête, les yeux effectuent un mouvement compensateur »[12].
Syndrome de Marie-Foix-Alajouanine[13] : atrophie cérébelleuse corticale tardive.
Maladie de Foix-Alajouanine[14] : myélite nécrotique subaigüe.
Œuvres et publications
« De l’atrophie cérébelleuse tardive à prédominance corticale » Revue neurologique, Paris, 1922;38:849-885, 1082-1111.(en collaboration avec Pierre Marie et Charles Foix)
« Le réflexe médiopubien » Comptes rendus des séances de la Société de biologie, Paris, 1923;89:874. (en collaboration avec Georges Guillain).
« La myélite nécrotique subaiguë (Myélite centrale angiohypertrophique à évolution progressive) » Revue neurologique, Paris, 1926;2:1-42. (en collaboration avec Charles Foix).
Titres et Travaux scientifiques du docteur Th. Alajouanine, Coulommiers, impr. Paul Brodard, Masson et Cie, éditeurs, 1927, Texte intégral.
Le syndrome de désintégration phonétique dans l’aphasie, Paris, éd. Masson, 1939, 138 p. (en collaboration avec André Ombredane et Marguerite Durand)
L'aphasie et la désintégration du langage (en collaboration avec Paul Mozziconacci), L'Expansion scientifique française Éditeur, Collection Symposiums et monographies de la semaine des hôpitaux, 1948, 156 p.
Les grandes activités du lobe temporal, (sous la direction du Pr Th. Alajouanine), Paris, Masson, 1955.
Les grandes activités du lobe occipital, (sous la direction du Pr Th. Alajouanine), Paris, Masson, 1960.
La douleur et les douleurs, (sous la direction du Pr Th. Alajouanine), Paris, Masson, 1957.
Bibliographie
« Nécrologie de Théophile Alajouanine » Le Monde, .
Jean Métellus, L'œuvre d'Alajouanine. Inauguration du Centre Hospitalier Côte des Neiges, Montréal, .
Jean Métellus, Le parcours d'Alajouanine, La nouvelle revue française, 1978, 305
« Vie de Théophile Alajouanine, Neurologue 1890-1980 » Encyclopaedia Universalis. 1981. p. 521.
Boudin G, Nick J., « Théophile Alajouanine (1890-1980) » Bulletin de l’Académie Nationale de Médecine, ; 166(3):313-23.