Théophile Alajouanine

Théophile Antonin Joseph Alajouanine, né le à Verneix dans l'Allier et mort le à Paris, est un neurologue et écrivain français.

Biographie

Théophile Alajouanine est le fils d'Antoine Alajouanine, maréchal-ferrant à Verneix (Allier)[1], et de Marie Duprat.

Il fait ses études secondaires au collège des Maristes de Moulins et ses études médicales à Paris. Il est Interne des hôpitaux en 1913 et son internat, interrompu par la Première Guerre mondiale, durera six ans. C'est sous l'influence de maîtres comme Achille Souques et surtout Charles Foix qu'il s'oriente vers la neurologie. Il reçoit aussi une solide formation en psychiatrie, notamment avec Philippe Chaslin. Il sera ensuite successivement chef de clinique des maladies nerveuses (en 1923), médecin des hôpitaux (en 1926) et professeur agrégé de neurologie dans le service du professeur Georges Guillain, poste qu'il conserve jusqu'en 1936. En 1947, il succède à Georges Guillain à la chaire de clinique des maladies du système nerveux de la Salpêtrière (dont le premier titulaire avait été Charcot). Il conservera ce poste jusqu'en 1960. Élu membre de l'Académie de médecine en 1951, il était également grand officier de la Légion d'honneur et Docteur Honoris causa de plusieurs universités[2]. Il est membre du comité médical de la Résistance avec Gabriel Richet[réf. souhaitée].

Le professeur Alajouanine a consacré toute sa jeunesse à l'étude des problèmes de neuropathologie et individualisé des syndromes qui portent son nom. Il a publié plusieurs centaines d'articles dans la Revue neurologique. Il a contribué à l'essor de la neuropsychologie en s'intéressant à la sémiologie, aux mécanismes et à la rééducation des aphasies. Autour de lui se constitua dans les années 1950 un groupe de cliniciens dont les travaux se révélèrent particulièrement féconds et que l'on désigne sous le nom d'école sémiologique de la Salpêtrière.

Il a également été le directeur de la première présentation de malades par Jacques Lacan à la Société neurologique de Paris en 1926[3].

Théophile Alajouanine avait une double activité de neurologue et d'écrivain. Son livre sur Valery Larbaud, qu'il a soigné pendant vingt-deux ans, son amitié avec Paul Valéry et de nombreux poètes en témoignent. Il fit l'analyse sémiologique de la maladie neurologique dont souffrit Maurice Ravel à la fin de sa vie. Son ouvrage l'Aphasie et le langage pathologique a été couronné par l'Académie française en 1970.

Dessin humoristique au trait noir représentant trois personnages masculins, l'un à gauche parlant dans un micro, les deux autres assis à droite conversant en aparté.
Caricature de Théophile Alajouanine en conversation avec Charles Maurras dans La Dépêche de Brest du 3 mars 1938.

Quant à ses opinions politiques, il était royaliste, membre de l'Action française. Il aurait dû être l'un des orateurs d'un meeting en , interdit par les autorités[4]. Il a loué publiquement Charles Maurras lors du meeting organisé en 1937 à l'occasion de la sortie de prison du maître du "nationalisme intégral"[5] et encore à une réunion des étudiants d'Action française, qu'il préside, en 1938[6]. Il a participé aux banquets médicaux annuels d'Action française et a présidé celui de 1933[7]- et à ceux du Cercle Fustel de Coulanges[8]. Dans son discours de 1933, il déclare : « Parvenu maintenant aux situations officielles de notre profession, je n'ai en rien modifié l'expression de mes convictions politiques, estimant au contraire qu'il fallait d'autant plus les affirmer que leur proclamation risquerait d'être plus surprenante pour les uns, choquante pour les autres (...): la fidélité à un idéal politique (...) ne (peut) étonner que les lâches et les indécis ». Ses convictions se caractérisent par son hostilité à l'égard de l'« étatisme républicain », du « fonctionnarisme outrancier et monstrueux » qui menacerait sa profession, de la crainte d'une « fonctionnarisation totale des médecins », par son admiration pour Maurras, pour sa méthode qu'il compare à celle des médecins, par sa haine « d'un mal terrible : le mal démocratique », du « principe funeste de l'égalité », du « lamentable et stupide suffrage universel » qui lui fait préférer la monarchie[9].

On le trouve encore au banquet médical d'Action française en 1963 qui renoue avec la tradition des banquets interrompue depuis 1939[10].

Attaché à sa région d'origine, il achète vers 1935 le château de Chalouze à Lalizolle (Allier).

Il épouse Maud Jennings le 15 juin 1920[1] et le couple a un enfant, Ghislaine Alajouanine[11].

Distinctions

Éponymie

  • Manœuvre d'Alajouanine : « méthode qui permet d’étudier la motilité automaticoréflexe des globes oculaires : quand on modifie la position de la tête, les yeux effectuent un mouvement compensateur »[12].
  • Syndrome de Marie-Foix-Alajouanine[13] : atrophie cérébelleuse corticale tardive.
  • Maladie de Foix-Alajouanine[14] : myélite nécrotique subaigüe.

Œuvres et publications

  • « De l’atrophie cérébelleuse tardive à prédominance corticale » Revue neurologique, Paris, 1922;38:849-885, 1082-1111.(en collaboration avec Pierre Marie et Charles Foix)
  • « Le réflexe médiopubien » Comptes rendus des séances de la Société de biologie, Paris, 1923;89:874. (en collaboration avec Georges Guillain).
  • « La myélite nécrotique subaiguë (Myélite centrale angiohypertrophique à évolution progressive) » Revue neurologique, Paris, 1926;2:1-42. (en collaboration avec Charles Foix).
  • Titres et Travaux scientifiques du docteur Th. Alajouanine, Coulommiers, impr. Paul Brodard, Masson et Cie, éditeurs, 1927, Texte intégral.
  • Le syndrome de désintégration phonétique dans l’aphasie, Paris,  éd. Masson, 1939, 138 p. (en collaboration avec André Ombredane et Marguerite Durand)
  • L’aphasie et le langage pathologique. Paris, Ballière, 1968, prix Durchon-Louvet de l’Académie française en 1970.
  • L'aphasie et la désintégration du langage (en collaboration avec Paul Mozziconacci), L'Expansion scientifique française Éditeur, Collection Symposiums et monographies de la semaine des hôpitaux, 1948, 156 p.
  • Les grandes activités du lobe temporal, (sous la direction du Pr Th. Alajouanine), Paris, Masson, 1955.
  • Les grandes activités du lobe occipital, (sous la direction du Pr Th. Alajouanine), Paris, Masson, 1960.
  • La douleur et les douleurs, (sous la direction du Pr Th. Alajouanine), Paris, Masson, 1957.

Bibliographie

  • « Nécrologie de Théophile Alajouanine » Le Monde, .
  • Jean Métellus, L'œuvre d'Alajouanine. Inauguration du Centre Hospitalier Côte des Neiges, Montréal, .
  • Jean Métellus, Le parcours d'Alajouanine, La nouvelle revue française, 1978, 305
  • « Vie de Théophile Alajouanine, Neurologue 1890-1980 » Encyclopaedia Universalis. 1981. p. 521.
  • Boudin G, Nick J., « Théophile Alajouanine (1890-1980) » Bulletin de l’Académie Nationale de Médecine, ; 166(3):313-23.
  • (en) Lhermitte F, Lecours AR, Signoret JL. « Théophile Alajouanine (1890-1980) » Brain and Language, 1981 mai;13(1):191-6.
  • Marc Trillet, « Les écrivains d'Alajouanine », Histoire des sciences médicales, vol. 31 (2),‎ , p. 181-188 (lire en ligne)
  • (en) François Boller, « Modern neuropsychology in France: Théophile Alajouanine (1890-1980) » Cortex, 2006 Jan;42(1):3-4.
  • (en) James L. Franklin, « Revisiting a medical classic. Théophile Alajouanine », Hektoen International Journal, Spring 2012, Texte intégral en ligne.

Notes et références

  1. a et b François Lhermitte, AndréRoch Lecours et Jean-Louis Signoret, « Théophile Alajouanine (1890–1980) », Brain and Language, vol. 13, no 1,‎ , p. 191–196 (ISSN 0093-934X, DOI 10.1016/0093-934X(81)90139-5, lire en ligne, consulté le )
  2. Rohmer F. « Théophile Alajouanine (1890-1980) » Rev. Neurol. (Paris) 1980;136:885-91.
  3. Élisabeth Roudinesco, Jacques Lacan : Esquisse d'une vie, histoire d'un système de pensée, Paris, Fayard, coll. « La Pochothèque », (1re éd. 1993), 2118 p. (ISBN 978-2-253-08851-6), p. 1531
  4. L'Action française, 17 mai 1936
  5. L'Action française, 9 juillet 1937
  6. L'Action française, 25 février 1938, "La réunion de la Mutualité", L'Etudiant français,10 mars 1938, "Les leçons d'une réunion"
  7. Dès le premier en 1927: L'Action française, 24 mai 1927, "Le banquet des médecins d'Action française", L'Action française, 11 juin 1931, L'Action française, 16 juin 1932, L'Action française, 18 juin 1933, L'Action française, 8 juin 1934, L'Action française, 8 mai 1935, L'Action française, 17 mai 1935,L'Action française, 20 mars 1939, L'Étudiant français, mars 1939.
  8. Le Matin, 25 juin 1933, "Au cercle Fustel de Coulanges", L'Action française, 15 juin 1934, "Le banquet Fustel de Coulanges", Journal des débats, 25 juin 1935, "Le banquet du cercle Fustel de Coulanges", L'Action française, 29 mai 1937, "Le banquet du Cercle Fustel de Coulanges", Journal des débats, 18 juin 1938, "Le banquet du Cercle Fustel de Coulanges", Journal des débats, 27 mai 1939, "Le banquet du Cercle Fustel de Coulanges" (il y prit la parole pour faire l'éloge du Cercle)
  9. L'Action française, 19 juin 1933 (discours d'Alajouanine)
  10. Aspects de la France, 13 juin 1963, n° 770
  11. « Quels sont les fondateurs ? », sur Académie Francophone de la Télémédecine & e-Santé (consulté le )
  12. « Alajouanine (manœuvre d’) », sur le dictionnaire de l’Académie nationale de médecine
  13. (en) Marie-Foix-Alajouanine syndrome
  14. (en) Foix-Alajouanine disease

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes