Terje Vigen est un film suédois muet de Victor Sjöström sorti en 1917. Il s'inspire d'un poème épique homonyme écrit par Henrik Ibsen et publié en 1862.
Synopsis
Début du XIXe siècle. En Norvège, durant les Guerres napoléoniennes. Un courageux pêcheur, Terje Vigen, brave le blocus de la marine de guerre anglaise afin d'acheminer des provisions pour sa famille affamée. Après une longue poursuite, il est capturé puis jeté en prison. La guerre terminée, il retourne vers son village et découvre que sa femme et ses enfants n'ont pas survécu à la famine. Des années plus tard, au cours d'une tempête, il part secourir un vaisseau en détresse. Il s'aperçoit, par la suite, que l'homme qu'il est en train de sauver n'est autre que le capitaine qui le prit, jadis, en otage. Animé d'un désir de vengeance, Terje cherche à le noyer... Mais, lorsqu'il voit un enfant dans les bras de l'épouse du capitaine, il se remémore celui qu'il a lui-même perdu et se laisse attendrir... Victor Sjöström utilise certaines strophes du poème d'Ibsen comme intertitres.
Fiche technique
Distribution
Entre Ingeborg Holm (1913) et Terje Vigen (1917), Victor Sjöström modifia sa vision. Autrefois, très réservé sur les possibilités d'adapter à l'écran les œuvres d'Henrik Ibsen, « il ne voyait pas comment le style de l'auteur norvégien pouvait être concilié avec la mode prédominante des comédies et des films à suspense. »[1] Par conséquent, il n'accéda pas, tout de suite, aux souhaits exprimés par Charles Magnusson (1878-1948), directeur fondateur de la Svenska Biograph.
Mais, plus tard, au cours d'un voyage sentimental dans la région du Varmland, où il passa son enfance, il revit sa nourrice qui lui parla du courage de sa mère. En poursuivant son périple à vélo, il arriva à Grimstad, sur la côte norvégienne, à l'endroit où Ibsen avait eu l'idée d'écrire son poème Terje Vigen. C'est là qu'il adopta des conceptions panthéistes. Lorsqu'il rentra à Stockholm, en août 1916[2], il était, dès lors, prêt à tourner le film dont rêvait Magnusson. « Selon les critères de l'époque, cela aurait pu être La Porte du paradis de Michael Cimino de la Svenska Bio. »[3] Le budget atteignait effectivement 60 000 couronnes - trois fois la somme courante d'un film de cette période - et le tournage dura trois mois. À la sortie du film, l'accueil public et critique fut exceptionnel, 43 copies du film furent exportés. Victor Sjöström fut présenté comme le plus grand réalisateur de son temps. Lorsque Terje Vigen fut distribué aux États-Unis, en 1920, un journaliste écrivit : « Seastrom - c'était son nom outre-Atlantique - devrait venir en Amérique pour apprendre à ses concurrents comment l'on fait des films. »[4]
René Jeanne et Charles Ford décrivent ce chef-d'œuvre comme une « sorte de Chanson de Roland intime qui célèbre la mer et les hommes qui vivent avec elle, qui dénonce la cruauté de la guerre et les ambitions des dictateurs et qui plaint tous les hommes que la guerre a éloignés de tout ce qu'ils avaient de plus cher au monde et qui se retrouvent seuls. »[5]
Terje Vigen est un jalon fondamental dans l'œuvre du cinéaste. « Il inaugure la grande période de Sjöström. L'auteur a définitivement trouvé son rythme lent, sa démarche lourde, solennelle qui enveloppe de mysticisme le monde naturel. »[6]
Références
- ↑ Peter Cowie : Le Cinéma des pays nordiques, Éditions du Centre Georges-Pompidou, Paris, 1990.
- ↑ Au cours de cet été, Sjöström fit également la connaissance d'Edith Erastoff, la Dame anglaise du film, qui fut son épouse durant presque trente années.
- ↑ in : P. Cowie : op. cité.
- ↑ cité par P. Cowie : op. cité.
- ↑ R. Jeanne/Ch. Ford : Histoire encyclopédique du cinéma, 5 vol. Robert Laffont, Paris, 1947.
- ↑ in : Dictionnaire mondial du cinéma, Éditions Larousse, 1986 première édition.
Liens externes