Tell Tamer[2] (en arabe : تل تمر, en kurde : Girê Xurma[3] ou Til Temir[4], et en syriaque : ܬܠ ܬܡܪ[5],[6]), est une petite ville du nord-est de la Syrie, proche de la frontière avec la Turquie.
La localité est le centre administratif du sous-district du même nom (comprenant 13 localités), et est située dans le district ainsi que dans le gouvernorat de Hassaké, comptant 7 285 habitants en 2004.
Localisation
La ville est située dans la vallée du Khabur en Haute Mésopotamie, à l'est de la rivière Khabur, et le paysage monte à environ 3km à l'est vers le plateau de basalte volcanique d'Ard al Shaykh.
Tell Tamer se trouve directement sur la route qui relie les villes de Ras al-Aïn (à 35km au nord-ouest) et de la capitale provinciale d'Hassaké (à 40km au sud-est). L'intersection avec l'autoroute M4 (Alep-Mossoul) et la traversée de la rivière font de Tell Tamer une plaque tournante du transport dans la région.
Toponymie
Le nom de la ville, « Tell Tamer », est dérivé du mot arabe et araméen "tell/tella", qui signifie "colline", tandis que "tamer/tamra" signifie la "datte". Le nom de la ville signifie donc la « Colline de dattes ».
Histoire
Années 1930
La ville est fondée par des Assyriens de la tribu de Tyari à la fin des années 1930[7],[8] (ayant fui l'Irak après le massacre de Simelé pour partir s'installer en Syrie, alors contrôlée par les Français), mais est aujourd'hui majoritairement peuplée par des populations kurdes et arabes (les Assyriens restant néanmoins environ 20% de la population).
Tal Tamer (1939)
Homme assyrien à Tal Tamer (1939)
Femme assyrienne cuisinant (1939)
Femme assyrienne filant la laine (1939)
Moulin à eau de Tal Tamer (1939)
Guerre civile syrienne
Un exode de la population assyrienne de la ville commence à partir de , lorsque l'Armée syrienne libre (ASL) menace d'envahir la ville. L'exode se poursuit ensuite lorsque l'État islamique (EI) prend le contrôle des routes voisines juste à l'extérieur de la ville.
En , quatre Assyriens sont arrêtés et kidnappés alors qu'ils étaient en voiture par l'EI.
En , après l'attaque d'un village assyrien voisin par l'EI, selon l'Agence de presse internationale syriaque, les Assyriens de la ville appellent finalement les soldats kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) pour les aider à les protéger[9].
Après la prise de la ville de Raqqa par l'EI, certains Assyriens de la ville ainsi que d'Al-Thawrah fuient vers Tell Tamer, tandis que 500 familles assyriennes quittent la ville à la même période (beaucoup d'entre eux émigrent vers les États-Unis, l'Europe ou le Canada).
En , la ville est attaquée et prise par les miliciens de l'EI[10], qui kidnappent environ 90 assyriens de la ville[11]. Durant la bataille de Tall Hamis[12], plusieurs milliers d'habitants fuient la ville pour aller se réfugier vers Hassaké.
Le , l'EI kidnappe environ 220 Assyriens des villages environnants, le nombre montant à 350 le 26 février. Le , 19 prisonniers sont relâchés[13], puis 5 à nouveau le 24 mars[14].
Les premiers habitants sont des assyriens de la tribu de Tyari, venus du Hakkiari[8]. À la fin des années 1960, les assyriens constituent encore la quasi-totalité de la population de la ville. La majorité de la population moderne de la ville est composée d'Arabes et de Kurdes, tandis que les assyriens locaux ne représentaient plus que 20% de la ville dans les années 1990.
Évolution de la population
Année
Habitants
1936
1 244
1960
1 250
1981
2 994
1993
5 030
1994
5 216
1995
5 405
2004
7 285
Religion
L' « Église Notre-Dame » (appartenant à l'Église apostolique assyrienne de l'Orient), située dans la vieille ville près de l'actuelle Tell (colline), sert de centre pour la communauté assyrienne. Au début des années 1980, l'église d'origine construite en briques de boue dans les années 1930 a été démolie et remplacée par un nouveau bâtiment de style italianisant.
Une grande mosquée en briques au dôme vert construite dans les années 1970 dessert la communauté sunnite en pleine croissance juste au sud du centre-ville.
Personnalités liées à la ville
Ivana Hoffmann (1995-2015), communiste féministe afro-allemande, est morte à Tell Tamer.
↑Bayard Dodge, « The settlement of the Assyrians on the Khabbur », Journal of the Royal Central Asian Society, vol. 27, no 3, , p. 314 (ISSN0035-8789, DOI10.1080/03068374008730969).