Salm, aujourd’hui retenu par l’UAI, est dérivé de Salma, que note Johann Bayer dans son Uranometria (1603)[2]. On pourrait imaginer qu’il s’agit de l’arabe al-Salm, « le Seau de cuir », nom qui conviendrait pourtant à cet endroit dans le ciel arabe traditionnel dont où bien des objets sont liés au puits, mais ce serait pure reconstruction[3]. Le terme étant repris par Richard Allen (1899)[4], nous le trouvons raccourci en Salm chez avec Harley Barlow Rumrill[5]et chez Jack W. Rhoads[6], ce qu’a repris l’UAI.
Autres noms :
Markab n’a pas la même origine que Markab, nom donné à α Peg, qui vient lui de l’arabe الفرس منكب Mankib al-Faras, « l’Épaule du Cheval ». Il s’agit en fait ici de l’arabe الكرب al-Karab donné au couple τυ Peg dans le ciel arabe traditionnel dans une scène qui se passe autour d'un puits[7],[8]. Il apparaît sous cette forme pour τ Peg chez Hugo Grotius qui le fait dériver par erreur de l’arabe المركب al-Markab, « la Selle » dans le cadre de la figure du Pégase gréco-arabe Hugo Grotius (1600)[9]. Repris par Johann Bayer (1603)[10], il est encore noté par Richard Allen (1899)[11], et court toujours sur la toile.
El Kerb est, comme le nom précédent, l’arabe الكرب al-Karab donné au couple τυ Peg dans le ciel arabe traditionnel (voir « Markab », ci-dessus). Figurant chez al-Tizīnī (1533) pour τυ Peg[12], il est transcrit ‘AlKerb vel AlKereb’, dans sa traduction du زيجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg, par Thomas Hyde (1665)[13], et.
Puis, par l’intermédiaire du philologue Friedrich Wilhelm Lach (1796) qui retranscrit ’el-kerb’[14], nous lisons le nom El Kerb, toujours pour le couple τυ Peg dans l’Uranographia de Johann Elert Bode (1801)[15], nom donné cette fois comme Al Karab par Richard Allen (1899) qui le spécialise à τ Peg[4]. C’est sous ces deux formes avec de multiples variantes que le nom τ Peg figure dans les catalogues[16].
Sad al Naamah est aussi un nom porté par τ Peg. C'est, au départ, l’arabe نيّر سعد النعام Nayyir Saᶜd al-Naᶜām, « la Propice de la Poutrelle [du Puits] », dans le cadre du ciel arabe traditionnel, nom qu’al-Tīzīnī (1533) affecte à ζ Peg[17],[18]. Dans la traduction du زيجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg, par Thomas Hyde (1665), le nom est transcrit ‘Lucida τῦ Sa’d AlNaâm’[19].
Nous apprenons d'un autre côté par ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī que le couple formé par la 5e et la 6e étoile se nomme النعام al-Naᶜām[20],[21]. Or, en se référant à al-Ṣūfī, Richard Allen (1899) note ‘Sa’d AlNaâm’ en l’affectant par erreur au couple formé par la 15e et la 16e étoile ce qui donne τυ Peg au lieu de σζ Peg[4]. C’est ainsi que le nom Sad al Naamah se retrouve τ Peg dans les catalogues, notamment chez Christian Nitschelm (1989)[22],[23]
En Chine
τ Peg est '离宫五, soit « la 5e étoile » de l'astérisme 离宫(pinyin : Lígōng), « Partir (?) du Palais »[24].
↑ (la) Johann Elert Bode, Uranographia, sive astrorum descriptio viginti tabulis aeneis incisa ex recentissimis et absolutissimis astronomorum observationibus, Berlin : apud autorem, 1801, pl. X.
↑Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2001, p. 194.
↑(de) Paul Kunitzsch, Arabische Sternnamen in Europa, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1959, p. 102.
↑Roland Laffitte, Héritages arabes..., op. cit., p. 183.
↑(ar/fr) Hans Karl Frederik Christian Schjellerup, Description des étoiles fixes composée au milieu du Xe siècle de notre ère par l'astronome persan Abd-al-Rahman Al-Sûfi. Traduction littérale de deux manuscrits arabes de la Bibliothèque royale de Copenhague et de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg…, Saint-Pétersbourg : Eggers et Cie, 1874, repr. Fuat Sezgin, Islamic mathematics and Astronomy, vol. XXVI, Frankfurt am Main : Institut für Geschichte der arabisch-islamischen Wissenschaft an der Johann Wolfgang Goethe-Universität, 1997, p. 122 (fr.), 123(ar).
↑ (en/fr) Christian Nitschelm, Catalogue des étoiles nommées : noms et caractéristiques = Catalogue of named stars : names and characteristics, Geneva : Geneva Observatory, 1989, p. 45.
↑Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2001, p. 194, n.375.
↑ (en) Sun Xiachun Sun & Jacob Kistemarker, The Chinese Sky During the Han, Leiden / Köln : Brill, 1997, p. 105 et 219.