Le terme « tachisme » a d'abord été employé vers 1880 pour définir une variante du pointillisme[1]. Il court alors les journaux avec tous les —ismes par lesquels se désignent les courants artistiques de l'époque[2]. Le critique Félix Fénéon l'emploie en 1889 pour décrire la technique qui, en 1862, valut leur nom aux macchiaioli italiens, dont une toile de Giovanni Fattori fut exposée en 1867 à Florence sous le titre Le macchiaiole (« Les petites taches »).
L'expression sera également utilisée en 1954[4], par le critique Charles Estienne, pour définir notamment le travail de Hartung, Riopelle et Soulages, puis dans son ouvrage L'Art à Paris 1945-1966.
Ce style de peinture, qui est une réaction au cubisme et à l'abstraction géométrique, se caractérise par l'exécution de taches de couleur résultant de projections, d'éclaboussures au pinceau ou de jets spontanés de peinture sur la toile posée verticalement ou horizontalement, par des coulures, réalisées éventuellement à l'aide de récipients troués selon la technique employée par Jackson Pollock ou directement à partir du tube comme chez Georges Mathieu, parfois avec quelques réminiscences de la calligraphie, notamment dans le dessin.
Le tachisme prétend s'exprimer par la matière picturale seule et s'oppose ainsi également à la peinture abstraite européenne des années 1940-50 qui, tout en répudiant le contenu figuratif, reste fidèle en général à des valeurs classiques de composition.
On en retrouve également des prémices chez les surréalistes qui expérimentèrent diverses techniques et formes d'automatismes (Picabia, La Sainte Vierge, 1920, MNAM, Paris). Les giclées de peinture utilisées par Max Ernst et par André Masson vers 1940, purement surréalistes par le rôle qu'y joue le hasard, sont « tachistes » avant la lettre et purent même exercer une influence directe sur le dripping de Pollock lors du séjour de Masson et d'Ernst aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale.