L'œuvre représente la mise au tombeau du Christ. Treize personnages sont représentés légèrement plus grands que nature.
L'ensemble a été réalisé dans trois blocs de pierre de Saint-Mihiel, si bien agencés que jusqu'au XIXe siècle les Lorrains l'ont cru sculpté dans un seul bloc[5].
Au centre et au premier plan, le Christ porté par Joseph d'Arimathie (à la tête) et Nicodème (à ses pieds), tous deux avec des habits de style Grand prêtre d'Israël et le visage tourné vers la figure du Sauveur. Aux pieds du Christ, Marie Madeleine, baisant les pieds du Christ, lui confère ses adieux. Elle est ornée de bouffants, de crevés qui montrent une mode Renaissance, elle a aussi une ceinture avec des chaînons ciselés. Juste derrière, Marie, en pâmoison, est soutenue par Jean et Marie Cléophée, elles sont habillées à la mode de l'époque de Ligier Richier par les coiffures et ses vêtements. Marie est ici la figure de la Mater Dolorosa. Un ange tient la croix et les instruments de la Passion du Christ.
Complètement à gauche, Marie Salomé prépare un linceul qu'elle dispose dans le tombeau ; ce sont les objets qui étaient à l'origine destinés à Joseph d'Arimathie.
À l'arrière-plan, à droite, deux comparses jouent aux dés la tunique du Christ sous le regard d'un centurion. Ici, tout est en opposition avec l'atmosphère de la scène présentée, ils sont habillés en Romains, jouent, ont une physionomie grossière, des rictus aux lèvres. Leur chef plus pensif tenait une lance aujourd'hui disparue. Tandis qu'une femme, en avant-plan, (Véronique ou Jeanne la Myrophore selon les sources) présente la couronne d'épines sur un linge, elle l'observe avec révérence et est en habit plus simple que son pendant Marie Madeleine.
Premier groupe du sépulcre
Madeleine aux pieds du Christ.
Joseph d'Arimathie, un genou à terre, l'autre soutenant le Christ.
Christ vers qui convergent tous les personnages.
Nicomède supportant le torse du Christ.
Deuxième groupe du sépulcre
Cléophée, à gauche de la Vierge.
Au centre, La Vierge en pâmoison.
À droite, Saint Jean supportant la Vierge.
Les Saintes femmes
Sainte Véronique, entre Nicomède et le centurion, porte la couronne d'épines.
Marie Salomé dépose le linceul.
Personnages secondaires
L'ange portant la croix.
Le centurion chef des gardes.
Les joueurs jouent la tunique du Christ.
Historique
Il s'agit de la dernière œuvre du sculpteur avant son départ pour Genève.
Pendant la Révolution française, le groupe de statues avait été caché sous du foin.
Lors de leur réapparition en 1797, l'humidité avait endommagé l'ensemble et surtout les barres de fer qui soutenaient le Christ, ce fut M. Mangeot, artiste sammiellois, qui en 1810 fit une première restauration.
Le Sépulcre étant classé en 1839 comme objet d'art, le Christ étant brisé, l'État finança une réfection par Joseph-Silvestre Brun qui remplaça alors les barres par de la pierre qu'il dissimula en un linge tombant des reins du Christ. En 1865, une polémique enfla, les uns voulant remanier les positions des personnages, mais le conseil de la fabrique s'y opposa.
En 1914, un obus frappa l'église et plusieurs éclats endommagèrent des statues, il fut décidé de protéger le tout sous des sacs de terre au lieu de porter le tout à Metz.
En 1996, le ministère de la Culture répond favorablement à la demande de restauration du sépulcre, et après dix ans de restauration il est à nouveau visible dans son ensemble[7].
Son intérêt artistique est tel qu'il est proposé au classement sur la toute première liste des monuments historiques de 1840 établie par Prosper Mérimée[3] ; il est finalement classé au titre immeuble en 1907[4] avec l'église. Le sépulcre est remarqué depuis sa création par les visiteurs et amis de l'art. En 1757 Dom J. de L'Ilsle écrit: "travaillée avec tant d'art et de délicatesse qu'elle est regardée par les habilles connaisseurs comme une merveille du monde"[9]. Dans ses Voyages en Alsace et en Lorraine, Alexandre Müller note : "Ligier Richier ne savait pas seulement animer le marbre mais il possédait au degré suprême l'art des poses et apportait à tous les détails le fini le plus minutieux"[10]. L'abbé Souhaut relate dans Les Richier et leurs œuvres : "La grandeur et la simplicité de l'ensemble absorbent le regard, et il semble qu'on ait tout vu, tout compris, tout admiré d'un seul coup d’œil"[11].
↑Charles Cournault, « Ligier Richier : statuaire lorrain du XVIe siècle », sur archive.org (consulté le ), p. 30 - « Ce n'est pas impunément qu'on eût déplacé toutes ces statues, si intimement liées entre elles, qu'on a longtemps cru qu'elles avaient été taillées dans un seul bloc de pierre. »
↑Exposition d'oeuvres d'art mutilées ou provenant des régions dévastées par l'ennemi / organisée [en 1916] ... par la ville de Paris..., impr. de D. Niestlé, (lire en ligne).
↑Jean-Pierre Leloup, « Renaissanced’un chef-d'œuvre », L'Est Républicain, (lire en ligne, consulté le ).
Léon Germain citant P. Lambinet, « Une lettre de 1809 sur le « Sépulcre » de Saint-Mihiel », Bulletin mensuel de la Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc, no 12, , dans Mémoires, 4e série, t. 4, p. CXXXVII–CXLII