Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ».
En 1828, après avoir maîtrisé la synthèse de l'acide cyanique, Wöhler, élève de Berzelius, réalise celle de l'urée. En traitant l’acide cyanique par l'ammoniaque, il obtient du cyanate d'ammonium qui s'isomérise en urée :
La découverte
Cette réaction chimique a été découverte en 1828 par Friedrich Wöhler lors d'un essai de synthèse du cyanure d'ammonium[2]. Dans la synthèse de Wöhler, qui ne porte que sur la réaction du cyanate d'ammonium, ce sel apparaît comme un intermédiaire instable. Dans sa publication d'origine, Wöhler mentionne différents types de produits apparus lors de la réaction : divers mélanges d'acide cyanique et d'ammoniac, de cyanate d'argent et de chlorure d'ammonium, de cyanate de plomb et d'ammoniac et, pour finir, de cyanate de mercure et de cyanate d'ammoniac (qui n'est autre que de l'acide cyanique avec de l'ammoniaque).
Cette réaction peut aussi se produire par l'action du cyanate de plomb sur l'ammoniaque. Elle résulte en fait d'un double déplacement pour former du cyanate d'ammonium :
La synthèse de Wöhler revêt une grande importance historique. Elle est en effet considérée comme le point de départ de la chimie organique moderne. C’est la première fois qu'un composé organique est produit à partir d'un composé inorganique. À l’époque, on considère comme infranchissable la barrière entre matière vivante et matière inerte, or cette expérience contredit la théorie du vitalisme qui attribue à la matière vivante une « force vitale » nécessaire à la formation des substances organiques.
Cependant, des discussions portent actuellement sur le fait de savoir si les débuts de la chimie organique se situent en 1828 ou bien remontent, quatre ans plus tôt, à la synthèse de l'acide oxalique effectuée en 1824, par Wöhler également.
Le vitalisme est d’ailleurs resté crédible après 1828, et les contemporains de Wöhler, Liebig et Pasteur, ne l’ont abandonné qu'en 1845, date de la transformation, par Kolbe, d’un composé inorganique, le disulfure de carbone, en composé organique, l’acide acétique.
Bibliographie
La principale source de cet article est :
J. D. Batchelor, E. E. Carpenter, G. N. Holder, C. T. Eagle, J. Fielder et J. Cummings, « Recreation of Wöhler’s Synthesis of Urea : An Undergraduate Organic Laboratory Exercise », The Chemical Educator , vol. 3, n° 6, Springer Verlag, New York, 1998 (ISSN1430-4171)
Voir aussi :
F. Wöhler, Éléments de chimie inorganique et organique, traduits de l’allemand sur les éditions 11e et 5e par Louis Grandeau ; Émile Mellier, Paris, 1858 et Grimblot, Raybois et compagnie, Nancy, 1858.
Aaron J. Ihde., The development of modern chemistry, Harper and Row, 1964, réédition Dover Publications, 1984, pp. 163-165
Examens des réactions contemporaines à la découverte :
W. H. Warren, J. Chem. Educ., 5, 1539 (1928)
Douglas McKie, Nature, 153, 608 (1944)
Ernest Campaigne, J. Chem. Educ., 32, 403 (1955)
Note et référence
↑Wöhler a plaisanté à propos de la façon dont il se procurait de l'urée : « I cannot, so to say, hold my chemical water and must tell you that I can make urea without thereby needing to have kidneys, or anyhow, an animal, be it human or dog. » : « Je ne puis, pour ainsi dire, retenir mes chimiques eaux et doit vous conter que je peux faire de l'urée sans avoir dès lors à recourir aux reins, ou à de toute façon, un animal, soit-il humain ou 'chien' » (Lettre de F. Wöhler à J. J. Berzelius, fév. 1828, dans Briefwechsel swischen J. Berzelius und F. Wöhler, vol. 1, édition d’O. Wallach, Engemann, Leipzig, 1901, p. 206 ; cité par Arthur Greenberg dans From Alchemy to Chemistry in Picture and Story, Wiley, 2006.)
↑« Ueber künstliche Bildung des Harnstoffs », Ann. Phys. Chem., 12 (2), 253 (1828). Traduction anglaise par H. M. Leicester et H. S. Klickstein, Source Book in Chemistry, McGraw-Hill, New-York, 1952, p. 309