À l’heure actuelle, a été décrit de façon détaillée 10 familles avec AES ; 23 hommes et au moins 6 femmes y ont été caractérisés comme présentant des symptômes de cette maladie[1],[4].
Causes
La cause principale de l'AES n’est pas tout à fait claire, mais on a établi l’implication dans son étiologie de mutations génétiques héréditaires, autosomiques et dominantes affectant le gène CYP19A1 qui encode l'aromatase[1],[3],[4].
Parmi les anomalies physiologiques de la maladie que l’on a observées on trouve une surexpression spectaculaire de l'aromatase entrainant des niveaux excessifs d’œstrogènes, estradiol et estrone compris[5], ainsi qu’un taux très élevé de conversion périphérique des androgènes en œstrogènes. Une étude a constaté une expression de l'ARNm de l'aromatase cellulaire au moins 10 fois plus élevée chez une patiente par rapport à la norme, et le rapport estradiol/testostérone après une injection de testostérone chez un patient masculin se trouvait 100 fois supérieur aux valeurs de contrôle[1]. Par ailleurs, dans une autre étude, l'androstènedione, la testostérone et la dihydrotestostérone (DHT) ont été jugées soit basses soit normales chez les hommes, tandis que les niveaux de l'hormone folliculo-stimulante (FSH plasmatique) étaient très faibles (probablement en raison de sa suppression par l'œstrogène, qui a des effets antigonadotropes comme une forme de rétroinhibition négative sur la production de stéroïdes sexuels en quantités suffisantes)[6], alors que les niveaux d'hormone lutéinisante (LH) étaient normaux[4].
Les individus atteints d'AES peuvent courir davantage de risques de développer des cancers sensibles aux œstrogènes, comme le cancer du sein et celui de l'endomètre[8],[9]. Au moins chez un patient masculin atteint de cette maladie on a rapporté un cas de carcinome du sein[1].
Traitement
On a découvert que plusieurs traitements sont efficaces chez les deux sexes dans la gestion des AES, y compris les inhibiteurs de l'aromatase et les analogues de l'hormone de libération des gonadotrophines hypophysaires, le traitement androgénique substitutif où l'on remplace les androgènes par d'autres non-aromatisables comme DHT chez les garçons, et les progestatifs (qui, en raison de leurs propriétés antigonadotropes à des doses élevées, réduisent les niveaux d'œstrogène chez les femmes). En outre, les patients masculins recherchent souvent une mastectomie bilatérale, alors que les femmes peuvent opter pour une (en) réduction mammaire en cas de besoin[1],[2],[3]. Un traitement médical de l'AES n'est pas absolument nécessaire, mais il est recommandé car cette maladie, si elle n'est pas traitée, peut conduire à des seins trop volumineux (ce qui peut rendre nécessaire une réduction chirurgicale), des problèmes de fécondité, et peut-être un risque d'accroissement des cancers liés à des œstrogènes plus tard au cours de la vie[1].
Notes et références
↑ abcdefg et hMartin RM, Lin CJ, Nishi MY, et al., « Familial hyperestrogenism in both sexes: clinical, hormonal, and molecular studies of two siblings », The Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism, vol. 88, no 7, , p. 3027–34 (PMID12843139, DOI10.1210/jc.2002-021780, lire en ligne)
↑ ab et cStratakis CA, Vottero A, Brodie A, et al., « The aromatase excess syndrome is associated with feminization of both sexes and autosomal dominant transmission of aberrant P450 aromatase gene transcription », The Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism, vol. 83, no 4, , p. 1348–57 (PMID9543166, DOI10.1210/jc.83.4.1348, lire en ligne)
↑ ab et cFukami M, Shozu M, Ogata T, « Molecular bases and phenotypic determinants of aromatase excess syndrome », International Journal of Endocrinology, vol. 2012pages = 584807, (PMID22319526, PMCID3272822, DOI10.1155/2012/584807)
↑Binder G, Iliev DI, Dufke A, et al., « Dominant transmission of prepubertal gynecomastia due to serum estrone excess: hormonal, biochemical, and genetic analysis in a large kindred », The Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism, vol. 90, no 1, , p. 484–92 (PMID15483104, DOI10.1210/jc.2004-1566, lire en ligne)
↑Meinhardt U, Mullis PE, « The aromatase cytochrome P-450 and its clinical impact », Hormone Research, vol. 57, nos 5-6, , p. 145–52 (PMID12053085, DOI10.1159/000058374)
↑Czajka-Oraniec I, Simpson ER, « Aromatase research and its clinical significance », Endokrynologia Polska, vol. 61, no 1, , p. 126–34 (PMID20205115, lire en ligne)
↑Persson I, « Estrogens in the causation of breast, endometrial and ovarian cancers - evidence and hypotheses from epidemiological findings », The Journal of Steroid Biochemistry and Molecular Biology, vol. 74, no 5, , p. 357–64 (PMID11162945, DOI10.1016/S0960-0760(00)00113-8, lire en ligne)