Émanation du Parti communiste des États-Unis d'Amérique, le Syndicat des métayers avance pour les petits cultivateurs du coton qu'il défend des revendications essentiellement socio-économiques mais qui comprennent aussi, entre autres éléments, la libération des Scottsboro Boys, neuf jeunes Noirs accusés de viol alors détenus dans le nord de l'État.
Il fait rapidement l'objet d'une violente répression marquée, en juillet 1931, avec l'interruption par la police d'une réunionclandestine à Camp Hill, par une fusillade et des lynchages qui font plusieurs morts, parmi lesquels Ralph Gray, l'un de ses leaders. Décapité par ces incidents, le syndicat se développe néanmoins au cours des années 1930 : il s'étend dans la Black Belt et voit son audience culminer à 10 000, voire 12 000 membres en 1936, avant de disparaître en fusionnant dans l'Alabama Farmers Union en 1937.
Fondation et objectifs
Contexte d'émergence
Fondation
Fondé en 1931 dans le comté de Tallapoosa, en Alabama, le Sharecroppers' Union tire ses origines du Croppers' and Farm Workers' Union (CFWU). Il a été fondé avec le soutien du parti communiste américain et, bien que théoriquement ouvert à toutes les races, ses membres en 1933 étaient uniquement afro-américains[1],[2]. Parmi ses premiers membres figure Ned Cobb(en), dont l'histoire a été racontée dans l'ouvrage de Theodore Rosengarten(en), All God's Dangers : The Life of Nate Shaw[3].
Objectifs
Les revendications initiales de l'ASU comprenaient la poursuite des avances alimentaires, qui avaient été suspendues par les propriétaires terriens dans le but de faire baisser les salaires ; l'ASU a également demandé le droit de vendre les récoltes excédentaires directement sur le marché plutôt que de devoir compter sur le courtage des propriétaires terriens. Elle a ont aussi demandé le droit de cultiver de petites parcelles de jardin afin de minimiser la dépendance alimentaire vis-à-vis des propriétaires terriens. En plus de la demande de paiements en espèces plutôt qu'en marchandises, les membres de l'UCG ont également exigé des écoles primaires publiques de neuf mois pour leurs enfants[4].
Incidents
Incidents de Camp Hill
Incidents de Reeltown
Développement
En 1935, la SCU s'est tournée vers le gouvernement fédéral. Les subventions accordées par la loi d'ajustement agricole (Agricultural Adjustment Act AAA) de 1933 du New Deal ne profitaient qu'aux propriétaires terriens et le SCU a poursuivi le gouvernement fédéral pour qu'il paie directement les métayers. L'AAA a été déclarée inconstitutionnelle en 1936 et l'affaire a été abandonnée par la suite[4].
En 1935, le nombre de membres avait atteint 5 000[5]; en 1936, il avait presque doublé pour atteindre 10 000 membres[6].
Disparition et postérité
Cependant, en octobre de cette année-là, le parti communiste, désireux de promouvoir un bloc plus populaire avec les démocrates dans le Sud, a retiré son soutien au SCU, ce qui a entraîné la dissolution du SCU qui a fusionné d'abord avec le Farmers' Union of Alabama, puis avec l'Alabama Agricultural Workers' Union[6].
Notes et références
↑(en) Al Murphy, « Achievements and tasks of the Sharecroppers Union (Party Speech) », dans Albert Fried, Communism in America: A History in Documents, Columbia University Press, , 435 p. (ISBN9780231102353, lire en ligne), p. 142.
↑Interracial coordinated political activity was a dangerous notion in the South of the 1930s: a white tenant farmer was lynched for his sympathy with the SCU. see Kelley, Robin D. G. (1990). Hammer and Hoe: Alabama Communists during the Great Depression. Chapel Hill : University of North Carolina Press. (ISBN9780807842881). Page 48.
(en) Robin D. G. Kelley, « Share Croppers Union », dans Mari Jo Buhle, Paul Buhle et Dan Georgakas, Encyclopedia of the American Left, Routledge, (lire en ligne).
(en) Robin D. G. Kelley, Hammer and Hoe : Alabama Communists During the Great Depression, Chapel Hill, University of North Carolina Press, coll. « Fred W. Morrison Series in Southern Studies », , 369 p. (ISBN0-8078-4288-5).
(en) David Purcell, « Share Croppers' Union (1930s) », dans Eric Arnesen, Encyclopedia of U.S. Labor and Working-Class History, Routledge, (ISBN9780415968263), p. 1235-1237.
(en) Timothy V Johnson, « “We Are Illegal Here”: The Communist Party, Self-Determination and the Alabama Share Croppers Union », Science & Society, vol. 75, no 4, , p. 454-479.
(en) Robin D. G. Kelley, « En fouillant dans les poubelles de l'Histoire », dans Lin Shi Khan et Tony Perez, Scottsboro Alabama : De l'esclavage à la révolution, Montreuil, L'Échappée, coll. « Action graphique », , 192 p. (ISBN97829158308-5-9, lire en ligne), p. 9-20.