Au tout début du XXe siècle, la communauté israélite se réunit dans l'immeuble Jean-Jacques Mercier de la rue du Grand-Chêne à Lausanne. Bientôt, toutefois, l'assemblée devenant trop nombreuse, la communauté souhaite pouvoir disposer de son propre lieu de culte[1].
À la mort en 1907 de Daniel Iffla, dit Osiris, riche marchand d'origine bordelaise mort à Paris, la Ville de Lausanne reçoit un legs de 50 000 francs. Ce don est destiné à la construction à Lausanne d'une synagogue, étant précisé que celle-ci devrait s'inspirer de celle de la rue Buffault à Paris[2].
Ce lieu de culte lausannois est édifié en 1909-1910[1] grâce à l'engagement de la communauté ashkénaze locale fondée en 1848, qui finance en partie cette réalisation[3], tandis que la Ville de Lausanne s'engage elle aussi pour un montant de 300 000 francs[4]. Le bâtiment, œuvre des architectes lausannois Charles Bonjour, Adrien van Dorsser et Oscar Oulevey, est inauguré le [5]. La décoration intérieure est due au peintre Otto Alfred Briffod[6].
Les coûts de construction s'élèvent à 48 000 francs pour le gros œuvre et 28 000 francs pour la décoration et le mobilier. Avec l'achat du terrain, le total est d'environ 280 000 CHF[1].
Après la Seconde Guerre mondiale, la communauté s'élargit et accueille des Séfarades. Ceci nécessite un certain consensus dans les rites ainsi que dans l'utilisation de la synagogue[7].
En 2010, les 100 ans de l'édifice sont célébrés par la communauté israélite de Lausanne et du canton de Vaud (CILV) par l'organisation de plusieurs événements destinés à « créer
des passerelles avec les Lausannois et les Vaudois »[8], notamment une exposition retraçant l'histoire de la synagogue[9].
Aujourd'hui, le bâtiment est inscrit comme bien culturel suisse d'importance nationale[10]. S'il est utilisé pour célébrer les offices de Shabbat et les grandes fêtes, les responsables lui préfèrent une salle plus petite et située au sous-sol pour les offices quotidiens[5]. En 1995, un concert de musique liturgique juive donné à la synagogue de Lausanne a été enregistré sous forme de CD[11].
Architecture
De style romano-byzantin, la synagogue est composée d'une grande nef accessible depuis un vestibule. Trois côtés de la nef sont bordés par des galeries comportant 160 places réservées aux femmes. Le parterre, quant à lui, avec 230 places, est réservé aux hommes[1]. L'Almemohr comporte un tabernacle enfermant les Sifrei Torah ainsi qu'une chaire utilisée par le rabbin qui officie. Les peintures sont dues à Otto Alfred Briffod, tandis que les vitraux sortent de l'atelier de Guignard & Schmid[1].
À côté se trouve une sacristie. Le sous-sol de la synagogue comporte divers locaux utilitaires.
Bibliographie
Ronald Lévy et Eran Shamgar, La Synagogue de Lausanne : 100 ans de présence en Belle Fontaine, Communauté israélite de Lausanne et du Canton de Vaud, .
Ron Epstein-Mil et Michael Richter, Les synagogues de Suisse : construire entre émancipation, assimilation et acculturation, Neuchâtel, Alphil, .
Dave Lüthi (dir.), Lausanne. Les lieux du sacré, vol. 3, Berne, Société d’histoire de l’art en Suisse, coll. « Architecture de poche », (ISBN978-3-03797-277-9), p. 176-177.
↑ abcde et f« La Synagogue de Lausanne », Bulletin technique de la Suisse romande, vol. 38, no 2, , p. 19-23 (DOI10.5169/seals-29467)
↑Dave Lüthi (dir.), Lausanne. Les lieux du sacré, vol. 3, Berne, Société d’histoire de l’art en Suisse, coll. « Architecture de poche », (ISBN978-3-03797-277-9), p. 176-177.
↑Catherine Schmutz Nicod, Elena Quintela Mimet et Veritsa Vuchkova, « Sur les traces d’Otto Alfred Briffod, peintre décorateur », Monuments vaudois, vol. 12, , p. 84-87.