La fabrication de l'instrument est terminée en dans les ateliers Steinway & Sons de New York[1].
Le pianiste Glenn Gould a commandé plusieurs modifications du CD-318 afin notamment d'adapter la sonorité du piano à certains répertoires[2],[3]. Les mécanismes de l'instrument ont par exemple été modifiés afin de rapprocher les marteaux des cordes du piano[4]. Selon le musicologueMichael Stegemann, cette transformation engendre davantage de clarté dans le son produit par l'instrument[4]. Toutefois, Glenn Gould indique que si les transformations ont affecté la sonorité de l'instrument, elles ne l'ont pas radicalement modifiées[2]. Les caractéristiques fondamentales de cet exemplaire sont donc restées les mêmes[2].
Une chute en a occasionné des dégâts au CD-318, notamment quatre fissures au niveau du cadre et des cassures dans la table d'harmonie. Malgré des réparations[Note 1], le piano ne retrouve pas parfaitement sa sonorité antérieure ni la réactivité de ses mécanismes[5],[6],[7],[8].
Sonorité
Pour Glenn Gould, le CD-318 présente un son particulièrement brillant. Le soliste rapproche d'ailleurs ce piano d'un clavecin[2],[5],[7],[3].
Techniciens
Franz Mohr, le technicien responsable des pianos de concert chez Steinway & Sons, a été en chargé de l'instrument. Il devait notamment s'en occuper lorsque le piano était envoyé à New York pour des révisions ou des réparations plus conséquentes. C'est notamment sous la direction de Franz Mohr que l'atelier Steinway & Sons s'est occupé de remettre l'instrument en état après sa chute en [9],[6].
Durant la période d'utilisation du CD-318 par Glenn Gould, c'est à l'accordeur Verne Edquist qu'est confié le réglage de l’instrument lorsqu'il se trouve à Toronto[10],[7],[3]. Après la chute et la remise en état du piano, Verne Edquist tentera avec Glenn Gould de retrouver le son antérieur du CD-318, mais les deux hommes ne parviendront pas à découvrir ce réglage[5],[7].
Histoire
Après sa fabrication en à New York, le CD-318 est envoyé au vendeur spécialisé de Toronto Paul Hahn & Co. en [Note 2]. Il est exposé au magasin Eaton de Toronto, dans la galerie dévolue aux pianos. Il est vraisemblable que l'instrument y soit resté jusqu'en [1].
En , la CBC acquiert le CD-318[Note 3]. Le média canadien utilise alors le piano pour les performances artistiques retransmises en direct à la radio. Durant cette période, l'instrument est régulièrement déplacé selon les besoins d'enregistrement de la CBC. Entre deux déplacements, il est entreposé dans les locaux de l'entreprise, à la bibliothèque musicale située dans les coulisses de l'auditorium Eaton, et accessible pour des répétitions[1].
Le jeune Glenn Gould a l'occasion de jouer sur le piano en avec l'orchestre symphonique de Toronto. Toutefois, les années suivantes, le CD-318 ne sert que rarement pour des enregistrements ou des répétitions[5],[7].
C'est en , Glenn Gould retrouve l'instrument entreposé dans les coulisses de l'auditorium Eaton. Fasciné par le son de l’instrument et sa réactivité, le pianiste canadien en fait son instrument principal[Note 4],[11]. Il joue presque exclusivement sur celui-ci jusqu'à la chute du CD-318 en [2],[5],[7],[12].
En , l'instrument tombe lors d'un transport[Note 5],[6],[7]. Cette chute occasionne plusieurs dégâts, notamment une fissure du cadre en fonte de l'instrument[6],[7]. Le CD-318 nécessite plusieurs mois de travail par l'atelier Steinway & Sons sous la direction de Franz Mohr pour revenir dans un état satisfaisant[9]. Toutefois, l'instrument ne retrouve pas complètement la sonorité attendue par Glenn Gould, malgré les tentatives de réglage de l'accordeur Verne Edquist[6],[1],[7],[8]. Ainsi, le soliste canadien délaissera le CD-318 pour son dernier enregistrement des variations Goldberg en [Note 6],[6],[1],[7].
En , Glenn Gould achète le CD-318 à Steinway & Sons qui souhaitait résilier le contrat de location. Malgré cette acquisition, le pianiste joue de moins en moins sur l'instrument qui n'offre plus la même sonorité qu'avant la chute[8].
↑Le pianiste canadien préfère jouer sur un grand piano de concert Yamaha CFII. Cet instrument est aujourd'hui utilisé au Roy Thomson Hall de Toronto[1].
↑L'exposition du piano est inauguré par un concert du jeune pianiste canadien Jan Lisiecki[14].
↑Lors des travaux de 2016, le CD-318 est entreposé provisoirement dans les réserves du Musée canadien de la nature (cet espace offre des conditions de préservation - température, hygrométrie, volume de stockage, etc. - adéquates pour le piano). Pour commémorer le déplacement de l'instrument, Jan Lisiecki donne un récital sur le CD-318[6].
Références
↑ abcdefgh et i(en) Ron Skinner et Frank Lockyer Palmer, « The story of the Glenn Gould Steinway piano in studio Q », CBC, (lire en ligne)
↑ ab et c(en) The Canadian Press, « Glenn Gould’s Steinway CD 318 to join National Arts Centre's permanent collection », National Post, (lire en ligne)
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Georges Leroux, « La recherche de l’instrument idéal. Les pianos de Glenn Gould. : À propos d’un essai de Katie Hafner » [« The Search for the Ideal Instrument. The Pianos of Glenn Gould. On a book by Katie Hafner »] (Compte rendu de Katie Hafner, A Romance on Three Legs. Glenn Gould’s Obsessive Quest for the Perfect Piano, New York, Bloomsbury, 2008, 259 p.), Circuit - Musiques contemporaines, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, vol. 22, no 2 « Glenn Gould et la création », , p. 37-41 (ISSN1183-1693 et 1488-9692, DOI10.7202/1012791ar, lire en ligne).
Keyboard Magazine et Glenn Gould (trad. de l'anglais, Interview accordée par Glenn Gould au magazine Keyboard Magazine en ), « Glenn Gould et le piano », dans Bruno Monsaingeon, Glenn Gould : Contrepoint à la ligne et autres écrits, Paris, Éditions Robert Laffont, , 955 p. (ISBN978-2-221-20017-9), p. 296-312.