Stéphane Maitre

Stéphane Maitre
Stéphane Maitre (2020)
Biographie
Naissance
(56 ans)
Rennes
Nationalité
Française
Formation
Activité

Stéphane Maitre, né le 24 juillet 1968 à Rennes, est avocat au barreau de Paris. Ancien 1er secrétaire de la Conférence des avocats du barreau de Paris, il exerce en droit du travail mais intervient aussi régulièrement dans des affaires pénales, plaidant parfois comme avocat de la défense, mais surtout comme avocat de la partie civile aux côtés des victimes. En 2005, le garde des Sceaux le nomme membre de la commission ministérielle dite « Commission d’analyse et de suivi de la récidive »[1].

Études et prestation de serment

Titulaire d'un diplôme de 3e cycle de l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il effectue son service militaire en qualité de sous-lieutenant au 9e régiment de chasseurs parachutistes, puis intègre l’École de formation professionnelle des barreaux de la Cour d'appel de Paris (EFB) en 1994, avant de prêter serment le 8 février 1995.

Premier secrétaire de la Conférence des avocats du barreau de Paris

En 1996, Stéphane Maitre est élu 1er Secrétaire de la « Conférence des avocats du barreau de Paris » (alors appelée « Conférence du stage des avocats à la cour d’appel de Paris »). Lors de la rentrée solennelle du barreau de Paris de 1996, Stéphane Maitre prononce un discours en forme d'hommage à Jacques Isorni, lui-même ancien 1er Secrétaire en 1935[2],[3].

Après cinq années de collaboration au sein des cabinets Étienne Wedrychowski puis Gide Loyrette Nouel, il crée son propre cabinet en 2000 et développe une activité tournée vers le droit du travail et le droit pénal. Plusieurs affaires criminelles importantes le feront connaître, notamment à la suite de débats publics provoqués par son activisme en faveur des droits des victimes.

Affaires judiciaires

Procès d'un réseau de 35 islamistes

En 1996, devant le tribunal correctionnel de Paris, plaidant notamment aux côtés de ses confrères Arnaud Montebourg et Francis Terquem, Stéphane Maitre défend l’un des membres du réseau des 35 islamistes accusés d’avoir préparé en France un attentat terroriste au Maroc dans les années 1990. Tous sont poursuivis du chef d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, au cours d'un procès de masse offrant l'occasion de comprendre leur recrutement, leur formation et leur embrigadement[4],[5].

Procès de Philippe Naigeon, polytechnicien meurtrier de sa famille

En 1997, il est désigné d’office par le bâtonnier, en sa qualité de 1er secrétaire de la Conférence, pour assurer devant la cour d'assises de Paris et dans des conditions difficiles en raison de la personnalité de son client[6], pour assurer la défense de Philippe Naigeon, un polytechnicien accusé d'avoir tué sa femme et deux de ses trois jeunes enfants à coups de marteau le 19 mai 1994. Le mobile du crime aurait résidé dans le refus d'une procédure de divorce susceptible de priver le père de ses enfants[7],[8],[9].

Cas du tueur en série Didier Tallineau

En 2002, Stéphane Maitre intervient comme avocat de la partie civile pour les parents de Carole Le Yondre, jeune élève infirmière de 20 ans dont le cadavre est découvert le 25 juillet 1999 à proximité de Châteaubriant. L’accusé est Didier Tallineau, un tueur en série déjà condamné pour le meurtre et la tentative de meurtre de deux autres jeunes femmes. Condamné définitivement en 2003 à la peine de 30 ans de réclusion criminelle dont 20 ans de peine de sûreté pour le meurtre de Carole Le Yondre, Didier Tallineau est libéré l'année suivante en 2004 pour motif médical, libération suscitant une vive polémique dans l'opinion[10]. Invoquant un risque grave de récidive, Stéphane Maitre interpelle publiquement les gardes des Sceaux successifs[11], Dominique Perben puis Pascal Clément, pour provoquer un réexamen de la situation du condamné, lequel sera finalement réincarcéré en septembre 2005[12],[13],[14],[15],[16],[17],[18]. À la suite de cette affaire, la loi Clément du 9 décembre 2005 apportera une restriction à la loi Kouchner sur la suspension de peine médicale en cas de risque grave de récidive, et accordera une place plus active aux victimes dans les procédures d’application des peines, autorisant notamment l’avocat de la partie civile à intervenir dorénavant devant les juridictions de l’application des peines[19].

Affaire du tueur et violeur récidiviste Alain Penin

En 2011, il intervient aux côtés de la belle-famille de Natacha Mougel, la joggeuse de Marcq-en-Barœul tuée en septembre 2010 par Alain Penin, violeur récidiviste alors en libération conditionnelle[20]. Lors du procès devant la cour d’assises de Douai, en janvier 2014, il prend l'initiative inhabituelle de faire citer comme témoin le juge de l’application des peines qui avait accordé à l’accusé une libération conditionnelle un an avant le meurtre, lequel juge regretta d'avoir accordé cette libération anticipée[21],[22],[23],[24],[25],[26],[27],[28]. Cette affaire a donné lieu à de vifs débats publics sur la libération conditionnelle, l’évaluation de la dangerosité et la prévention de la récidive des criminels[29],[30],[31].

Agression d'un proviseur de lycée à l'acide sulfurique

Durant toute l'instruction pénale puis devant la cour d'assises, il intervient encore aux côtés de Pascal Meyer, proviseur au lycée français de Lagos au Nigéria, victime d’une agression à l’acide sulfurique. Très profondément brûlé sur la moitié du visage, l'homme aussitôt rapatrié en France perd l'usage d'un œil et reste gravement défiguré. Slimane Salhi, professeur de français dans le même établissement, est poursuivi comme commanditaire de l’agression. Plaidant pour la victime d'abord face à Frank Berton, avocat de l'accusé devant la cour d'assises de l'Yonne en 2013, Stéphane Maitre plaide ensuite contre le nouveau défenseur choisi par Slimane Salhi en la personne d'Éric Dupond-Moretti, lequel espère l'acquittement en appel devant la cour d'assises de Seine-et-Marne en 2016. L'accusé est déclaré coupable et définitivement condamné[32],[33],[34],[35],[36],[37].

Affaire du Docteur Dieter Krombach

En 2019, toujours aux côtés de la partie civile, il est l'avocat d'André Bamberski, père de la jeune Kalinka, tuée en 1982 par son beau-père le docteur Dieter Krombach. Kidnappé en Allemagne pour être livré à la justice française, Dieter Krombach est condamné à 15 ans de réclusion criminelle en 2012. André Bamberski fait alors appel aux services de Stéphane Maitre pour défendre ses intérêts de victime dans la phase de l’application de la peine, à la suite des demandes de libération anticipée formées par le condamné en 2019[38].

Défense de manifestants de la "Manif pour tous“

En 2013 et 2014, devant le tribunal correctionnel de Paris, il défend plusieurs manifestants de la « Manif pour tous »[39],[40],[41] interpellés en marge des manifestations organisées contre le projet de loi visant à légaliser le mariage entre personnes du même sexe, et en particulier « l’Hommen » qui avait investi le cours central de Roland-Garros le 9 juin 2013 lors de la finale opposant Rafael Nadal à David Ferrer[42],[43].

Membre de la commission ministérielle de suivi et d'analyse de la récidive

En 2005, Stéphane Maitre est nommé par le garde des Sceaux Pascal Clément membre de la « Commission d’analyse et de suivi de la récidive »[1], commission chargée d’explorer de nouvelles pistes pour enrayer le risque de récidive. Présidée par le Professeur d’université Jacques-Henri Robert, cette commission ministérielle est composée de magistrats, avocats, médecins psychiatres, criminologues, policiers et représentants de l’administration pénitentiaire. Son rapport est déposé le 10 juillet 2007[44].

Notes et références

  1. a et b « Ministère de la Justice - Installation de la commission d’analyse et de suivi de la récidive », sur www.presse.justice.gouv.fr,
  2. « 1996 – La Conférence » (consulté le )
  3. « Discours de M. Stéphane Maitre, Premier Secrétaire de la Conférence, Hommage à Jacques Isorni, Gazette du Palais, 12-13 mars 1997 » (consulté le )
  4. Dominique Simonnot, « Un réseau de 35 islamistes en procès à Paris. Une dérive laissée sans réponse. Les avocats ont déploré le peu de temps accordé à chaque prévenu. », sur Libération.fr, (consulté le )
  5. Collectif, « « Le procès d’un réseau islamiste », Albin Michel »,
  6. « Le difficile procès de Philippe Naigeon devant la cour d’assises de Paris », Le Monde, 11 septembre 1997 -Extrait : «(…) Pendant ce temps, Me Stéphane Maitre, son avocat commis d’office, celui qu’il a récusé, s’est battu pour le défendre de façon admirable. La veille, devant un box vide, il avait demandé à la cour de soumettre M. Naigeon à une expertise psychiatrique, afin de savoir s’il était en état de comprendre son procès (…)», sur le monde.fr,
  7. « Le brillant polytechnicien refuse son procès. Accusé du meurtre de sa femme et de ses deux fils en 1994, Naigeon qualifie l’audience de parodie de justice », sur liberation.fr,
  8. Philippe Bilger, Éditions du Seuil, collection “L'épreuve des faits“ - Paris, 2003 (page 39), « Un avocat général s'est échappé »
  9. « L’heure du crime, les grandes affaires de Philippe Bilger, RTL, 16 décembre 2014 »
  10. « Polémique après la libération d’un meurtrier récidiviste », Le Figaro,‎
  11. « Le garde des sceaux remet en cause le bien-fondé de la libération d’un condamné atteint d’un cancer », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  12. « Le détenu cancéreux Didier Tallineau remis en prison », Le Figaro,‎
  13. « Libéré parce qu’il souffrait d’un cancer, un condamné retourne en prison », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  14. « Didier Tallineau reste en prison », L'Obs,‎ (lire en ligne)
  15. « Didier Tallineau, quand un meurtre en cache un autre », RTL, 9 mars 2015, L’heure du crime, Jacques Pradel »
  16. « Faites entrer l’accusé (France 2, 6 juin 2010) »
  17. « France 3, Journal 19-20 Édition nationale »,
  18. « France 3, Journal 19-20 Édition nationale »,
  19. « Loi du 12 décembre 2005 relative au traitement de la récidive des infractions pénales, publiée au Journal Officiel du 13 décembre 2005 (voir notamment l'article 10 modifiant l’article 720-1-1 du code de procédure pénale, et l'article 29 modifiant les articles 712-7 et 712-13 du code de procédure pénale) »
  20. « Joggeuse/Marcq, des auditions annulées », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  21. « Les regrets du juge qui a libéré le violeur de la joggeuse », Le Parisien,‎ (lire en ligne)
  22. « Procès Penin, un juge « regrette » d’avoir libéré le violeur récidiviste », Le Point,‎ (lire en ligne)
  23. « Procès Penin, les acteurs de l’accompagnement social n’ont rien vu », BFM-TV,‎ (lire en ligne)
  24. « Vidéo Interview Stéphane Maitre pour La Voix du Nord »,
  25. « La prison à vie requise pour Alin Penin pour le meurtre de Natacha Mougel », 20 Minutes,‎ (lire en ligne)
  26. « Affaire Penin : « je ne pensais qu’à moi » », Libération,‎ (lire en ligne)
  27. « RTL, L’heure du crime »,
  28. « Alain Penin condamné à la perpétuité pour le meurtre de Natacha Mougel », L'Express,‎ (lire en ligne)
  29. « Affaire Penin, le procès de la récidive », France Inter,‎ (lire en ligne)
  30. « Affaire Natacha Mougel, le procès d’Alain Penin en direct (1er jour), France 3 Hauts de France », sur francetvinfo.fr,
  31. « Il est facile de duper les experts (interview de Stéphane Maitre) », Le Parisien,‎ (lire en ligne)
  32. « Un professeur jugé pour agression à l’acide d’un proviseur au Nigéria », Le Point,‎ (lire en ligne)
  33. « Vengeance à l’acide au lycée », Le Parisien,‎ (lire en ligne)
  34. « Agression d’un proviseur Français au Nigéria, 10 ans de prison ferme », Libération,‎ (lire en ligne)
  35. « France 3 Régions »,
  36. « France 3 Régions »,
  37. « Dans les yeux d’Olivier (France 2) », sur youtube.com,
  38. « Hondelatte raconte – L'affaire Bamberski », sur europe1.fr,
  39. « Manif pour tous : simple amende ou relaxe pour 8 manifestants jugés en correctionnelle », L'Express,‎ (lire en ligne)
  40. « Manif pour tous : simple amende ou relaxe pour 8 manifestants », Le Monde,‎
  41. « Une nuit de garde à vue pour 67 campeurs anti-mariage gay », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  42. « Les Hommen de Roland-Garros échappent, à leur surprise, à leur procès », 20 Minutes,‎ (lire en ligne)
  43. « Pas de condamnations au procès des Hommen », Libération,‎ (lire en ligne)
  44. « Rapport de la commission d’analyse et de suivi de la récidive », sur www.vie-publique.fr,